2017 : pays stable, exécutif instable

2017 : pays stable, exécutif instable
Algérie-et-la-situation-géopolitique-internationale

L’année 2017 qui en est à son crépuscule, s’en va, sans fait particulièrement majeur à signaler, au plan national s’entend. Au triple plan politique, économique et social, 2017 aura ainsi été une année relativement calme, et ce, malgré d’objectives appréhensions l’ayant précédée. Des appréhensions bien sûr liées à la grave et persistante crise qui frappe les marchés pétroliers depuis juin 2014 ainsi que la situation explosive nous entourant de tous les côtés de nos vastes frontières. La situation régionale au Maghreb et au Sahel est, en effet, le paramètre le plus déterminant pour la stabilité en Algérie depuis l’éclatement de la crise au Mali et l’effondrement de la Libye. Concrètement, aucune de nos bandes frontalières n’est mutuellement sécurisée avec le voisin concerné. Si, au sud, le Mali et le Niger, à un degré moindre, ne peuvent faire mieux faute de moyens, l’Algérie devait assumer, à l’est, seule, la situation de «non-Etat» en Libye et compenser la modestie de l’armée et des services de sécurité tunisiens. A l’ouest, c’est carrément à un voisin hostile et pernicieux auquel il faut constamment faire face. Autant de défis à la fois qui mettent l’armée algérienne sur la brèche, en permanence, ce qui exige des moyens colossaux, matériels et humains. Mais le résultat est incontestable : la situation sécuritaire est parfaitement maîtrisée, intra et extra-muros. Aucun attentat d’envergure n’est à signaler et les groupes terroristes sont réduits à d’insignifiants groupuscules qui essaiment certaines régions montagneuses ou désertiques. Ce n’est pas un hasard qu’aucun attentat terroriste n’a touché Alger depuis une décennie. Sur ce plan de la maîtrise de la situation sécuritaire, l’Algérie aura indéniablement réussi son pari, cette année encore et pouvait, dès lors, se charger d’autres préoccupations majeures. Comme toujours, il y a d’abord le front social que le pouvoir surveille comme le lait sur le feu. Malgré une situation financière très critique, aucun risque n’est pris sur ce terrain que Abdelaziz Bouteflika redoute plus que tout ! La preuve ? Rappelons-nous la surprenante décision de l’été dernier relative à l’organisation d’une seconde session pour les examens du bac ? Aussi, et comme c’est devenu la tradition, le montant réservé aux transferts sociaux aura également augmenté dans le budget prévu pour la loi de finances pour 2018. Globalement, l’année qui s’estompe n’aura été marquée par aucun grand mouvement social du genre qui agitait habituellement les secteurs de l’éducation ou de la santé. Même les élections organisées cette année n’auront pas réussi à «perturber » ce climat général marqué par la détente. Les élections législatives du 4 mai ainsi que le double scrutin du 23 novembre dernier ont consacré une nette domination du parti majoritaire, le FLN, en même temps que la déroute sans précédent du courant islamiste. A tel point que Abdellah Djaballah annonce son retrait de la vie politique, dans l’indifférence générale ! Ce triple rendez-vous électoral pour les législatives, les communales et les wilayales n’ont, en tout cas, débouché sur aucun mouvement de contestation de fraude. Paradoxalement, la seule séquence d’agitation notable de l’année, concerne le… gouvernement ! Incontestablement, l’affaire Tebboune aura ainsi constitué le seul fait politique marquant de l’année 2017. Arrivé contre toute attente à la tête du gouvernement le 24 mai 2017, Abdelmadjid Tebboune sera limogé moins de trois mois plus tard, le 15 août précisément. Entretemps, il aura marqué l’été 2017 par sa «croisade» contre le patron des patrons, Ali Haddad. La suite, tout le monde la connaît ! Au chapitre des grandes déceptions de l’année, c’est, sans doute, la sélection nationale du football qui éclipsera tout le reste ! Difficile de faire pire, en effet, que les Verts qui entamaient l’année par une peu glorieuse élimination au premier tour de la Coupe d’Afrique des nations, organisée en janvier 2017 au Gabon, et qui bouclent l’année par une humiliante autre élimination, pointant en bons derniers, de leur groupe pour les qualifications au Mondial de Russie en 2018.

Kamel Amarni