2016L’année de l’élection présidentielle en france Hollande, et la nuit de cristal musulmane

2016L’année de l’élection présidentielle en france Hollande, et la nuit de cristal musulmane

Tout indique que le duel, tant redouté à gauche, entre Sarkozy et Marine Le Pen risque fort d’aboutir à un résultat épouvantable pour la France.

Dans les états-majors des principaux partis, l’heure est à la mobilisation. Fiévreusement, on «prépare» l’élection présidentielle de 2017 en inventoriant les différents scénarii possibles et imaginables. Dans un contexte marqué par le dérapage du débat sur la déchéance de nationalité que Hollande et Valls veulent introduire coûte que coûte dans la Constitution, créant ainsi deux catégories de citoyens, un vent mauvais a commencé à balayer la France avec le réveil de vieux démons appâtés par les incantations jubilatoires du Front national.

Certes, l’élection présidentielle 2017 est encore loin, mais chez les Républicains, on s’active pour le retour de Nicolas Sarkozy, la primaire étant considérée comme une formalité même si les tensions sont graves chez les autres prétendants. La pré-campagne a été lancée dès la rentrée 2014, près de deux ans et demi avant l’échéance.

Dans un climat extrêmement tendu et un contexte économique et social délétère où la légitimité des dirigeants de tous bords devient sujette à caution, la chronique des stratégies est faite de slogans péremptoires, de basses manoeuvres, de petites phrases assassines et de coups de Jarnac plus ou moins fatals.

Dans ses cauchemars les plus dantesques, jamais Nicolas Sarkozy n’aurait imaginé une atmosphère aussi glauque et pourtant il y aura puissamment contribué. Avec ses mauvais choix, ses dérives verbales et ses obsessions xénophobes, sinon racistes, il a accrédité la thèse qu’au final il vaut mieux voter pour le FN qui porte haut son idéologie fascisante que pour une pâle copie condamnée à une danse du ventre pathétique, tantôt foulant de l’Arabe avec extase et tantôt broutant dans le pré qatari avec le même entrain. Sans foi ni loi, dit-on dans ces contrées.

Ballottés dans les sondages, ses rivaux ont de quoi espérer une possible revanche. Mais à quoi servirait-elle si l’opprobre qui accompagne l’ancien président doit peser sur la formation tout entière? Tout indique que le duel tant redouté à gauche entre Sarkozy et Marine Le Pen risque fort d’aboutir à un résultat épouvantable pour la France.

Et c’est pourquoi nombre d’électeurs disent d’ores et déjà leur détermination à voter dans l’ordre pour Dominique de Villepin, pour peu qu’il veuille bien être candidat, sinon pour François Bayrou et, faute de quoi, un peu la mort dans l’âme pour Alain Juppé dont ils pensent qu’il incarne à peine l’héritage chiraquien mais en garantissant le minimum vital. Et François Hollande dans tout cela, direz-vous? Dans un scrutin dramatiquement tendu, il a lié son sort à une embellie des statistiques de l’emploi et à la relance économique. Sauf qu’en même temps, il a accumulé les messages paradoxaux au point de cristalliser la rancoeur de la gauche de la gauche et une méfiance absolue des binationaux qui voient dans sa démarche la marque de fabrique d’un Dr Jekyll et Mister Hyde.

Les mesures qu’il a prises, avec un entêtement surprenant, ont alourdi un climat déjà flétri par les attentats de janvier puis de novembre 2015 et surtout, elles ont attisé le feu de la haine et de l’islamophobie. Les communautés musulmanes et arabes, et d’autres également, observent avec une angoisse croissante la montée des discours racistes qui ne s’embarrassent plus d’aucune précaution à tel point qu’en Corse on se livre ouvertement à une chasse aux Maghrébins que ne désavoueraient pas les dirigeants du FN.

Relents des nuits de cristal que le nazisme a gravées dans les mémoires, ces «échauffourées» corses illustrent à merveille l’ambiance que Hollande et Valls ont instaurée de sorte qu’il ne se passe pas un seul jour sans que des invectives soient prononcées à l’encontre des musulmans ou des Arabes, n’importe où dans l’Hexagone. Ne parlons pas des dérives de l’état d’urgence qui fait que la chasse au faciès n’a plus rien à envier à la triste époque de Giscard d’Estaing et de son homme à tout faire Lionel Stoleru, fils d’immigré juif roumain et néanmoins fier de son appartenance judéo-chrétienne.

Les contrôles au faciès n’ont pas d’ailleurs épargné des «autochtones» B.C.B.G. puisque des militants écologistes fouillés et malmenés au plus fort de la COP 21. Dominique de Villepin, le dernier des chiraquiens, a emboîté le pas à beaucoup d’autres responsables politiques de droite et de gauche pour manifester sa vive inquiétude face à ce climat malsain qui prépare un triomphe sans pareil au parti d’extrême droite et à Marine Le Pen qui n’en espérait pas tant!Si Hollande compte toujours sur le «sursaut républicain», en 2017, il risque fort d’avoir un autre sursaut que ses errements actuels rendent inévitable, nombreux étant les Français binationaux – un tiers de la population – à chercher déjà une autre figure plus fidèle à ses engagements.