2011: Les relations algéro-américaines marquées par une percée qualitative

2011: Les relations algéro-américaines marquées par une percée qualitative

Les relations entre l’Algérie et les Etats-Unis se sont distinguées, durant l’année 2011, par une grande avancée qualitative attestant d’un excellent équilibre dans les rapports entre les deux pays.

Cette dynamique de rapprochement et de renforcement de plus en plus  actif des liens bilatéraux, qui se développent d’une année à une autre, s’est confirmée par des visites devenues plus fréquentes et plus régulières des hauts responsables américains en Algérie.

« Les relations sont de plus en plus étroites et fortes non seulement sur le plan bilatéral pour les questions politique, économique, militaire et sécuritaire, mais se sont étendues également à la concertation sur les questions régionales et internationales », souligne à l’APS l’ambassadeur d’Algérie à Washington, M. Abdallah Baali.

En recevant en mai dernier dans la capitale fédérale le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, la secrétaire d’Etat américaine, Mme Hillary Clinton, a affiché clairement ce grand élan dans les rapports en déclarant que la visite du chef de la diplomatie algérienne s’inscrit « au nom d’une relation très importante que les Etats-Unis entretiennent avec l’Algérie ». A cette occasion, elle a tenu à attester de la gratitude de la première puissance mondiale vis-à-vis de l’Algérie: « Les Etats-Unis sont très reconnaissants pour l’excellente coopération de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme ».

D’ailleurs, dans le prolongement des relations profondes entre les deux pays, notamment en matière de coopération sécuritaire, le président américain Barack Obama a dépêché en janvier son conseiller principal pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste, John Brennan, pour passer en revue l’état des relations bilatérales et étudier les voies et les moyens de les consolider davantage.

A travers son conseiller à la Maison-Blanche, le président Obama a fait part au Président Abdelaziz Bouteflika non seulement de son engagement à « édifier de fortes relations entre les deux pays », mais aussi de « sa gratitude pour les efforts et la coopération de l’Algérie » dans la lutte contre le terrorisme, qui est perçue comme un partenaire incontournable dans la région de l’Afrique du Nord.

La venue de M. Brennan en Algérie a été suivie successivement de celles du secrétaire d’Etat adjoint, William Burns, du chef du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM), Carter Ham, du secrétaire d’Etat-adjoint pour les Affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, Jeffrey Feltman, du sous-secrétaire d’Etat adjoint pour le Maghreb, Raymond Maxwell, du haut conseiller au Bureau des affaires politiques et militaires auprès du département d’Etat, Mark Adams, et du Coordonnateur pour le contre-terrorisme au département d’Etat, Daniel Benjamin qui s’est déplacé à Alger, durant l’année, à deux reprises pour la première réunion du groupe de contact de coopération algéro-américaine de la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes, et pour le Forum Global de la lutte antiterroriste.

Dans chacune de ses interventions devant les Think tank américains et lors de ses auditions devant le Congrès pour s’exprimer sur la lutte contre le terrorisme, M. Benjamin cite, à chaque fois, comme référence le rôle actif et la contribution précieuse de l’Algérie dans la lutte contre ce fléau international.

Afin d’imprimer davantage la cohésion dans le partenariat antiterroriste, la conférence d’Alger sur la lutte contre le terrorisme dans les pays du champ (Algérie, Mauritanie, Niger et Mali) a été suivie par des discussions plurilatérales qui avaient réuni à Washington les représentants des 4 pays et des officiels américains de haut rang tant de la Maison Blanche que du département d’Etat et du Pentagone.

Cette rencontre de Washington a constitué, tel que l’a souligné le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, une étape qualitative nouvelle dans la mise en place du partenariat tel que conçu à Alger puisqu’il s’agissait de discussions plus ciblées et plus concrètes sur les créneaux de coopération tout en respectant le principe de l’appropriation des questions de la sécurité par les pays de la région du Sahel.

La contribution de l’Algérie dans la lutte mondiale contre le terrorisme a été, par ailleurs, consacrée à travers sa participation active dans le lancement, en septembre à New York, du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF) initié par les Etats-Unis et dont l’Algérie est l’un des membres fondateurs.

En reconnaissance de son expérience acquise non seulement sur le plan national dans la lutte contre le terrorisme mais aussi sur le plan de la mobilisation régionale notamment pour la région du Sahel, l’Algérie a été choisie par ce Forum mondial pour présider durant deux années avec le Canada l’un des 5 groupes de travail, qui est consacré au renforcement des capacités dans la région du Sahel. ( Dans le domaine économique, les Etats-Unis continuent à occuper le rang de premier client de l’Algérie qui est classée, selon le département américain du Commerce, parmi les 20 premiers pays ayant une balance commerciale excédentaire avec les Etats-Unis.

Cependant, le partenariat économique reste quasiment confiné au secteur des hydrocarbures malgré les potentialités existantes et les avantages comparatifs de l’Algérie. Pour insuffler un nouvel élan dans le partenariat, les visites de délégations d’hommes d’affaires américains se sont poursuivies cette année.

Dans ce contexte, une rencontre algéro-américaine sur l’industrie pharmaceutique a été organisée à Alger, à l’issue de laquelle un protocole d’accord dans le domaine de la biotechnologie et de la production de médicaments a été signé. Le souhait des laboratoires américains signataires de ce document, qui sont leaders dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, est que l’Algérie devienne le pôle d’excellence et la destination pour la région Afrique et Moyen-orient en ce qui concerne la recherche dans la pharmaceutique et la bio pharmaceutique. Ce méga projet devrait classer l’Algérie en troisième position après celui du Singapour pour l’Asie et l’Irlande pour l’Europe.

Dans le but de renforcer la coopération dans ce secteur, le ministre de la Santé, M. Djamel Ould Abbès, a même effectué une visite respectivement à Washington où il a rencontré, notamment, la secrétaire américaine à la Santé, Mme Kathleen Sebelius, et à Boston où il a visité plusieurs firmes pharmaceutiques.

Deux autres missions économiques américaines en Algérie sont d’ores et déjà prévues pour 2012 dont l’une sera composée essentiellement de compagnies activant dans les secteurs de l’agriculture, de l’hydraulique et de la construction.

Dans un contexte de bouleversements politiques propagés violemment à travers plusieurs pays arabes, les vastes réformes politiques et économiques engagées pacifiquement en Algérie ont été favorablement accueillies par les Etats-Unis qui ont été les premiers à saluer les efforts continus du pays pour assurer un meilleur ancrage de la démocratie. Dès l’annonce de la levée de l’état d’urgence en février, le président Obama a salué cette mesure en réitérant que « les Etats-Unis sont résolus à poursuivre leur coopération avec le gouvernement algérien qui œuvre à répondre aux besoins de tous les Algériens ». Dans son analyse, le Congrès américain a vite relevé la distinction entre la nature des mouvements de revendications qui se sont exprimés en Algérie au début de l’année et ceux des autres pays arabes qui ont connu des soulèvements populaires consacrant une totale rupture avec les régimes en place.

Lors d’une audition consacrée à l’Algérie au Sénat américain, le président de la sous-commission du Moyen-Orient de la Chambre haute du Congrès, M. Robert Casey, a clairement observé que le mouvement des manifestations en Algérie « a été, de loin, limité par rapport à celui des autres pays de la région » du fait, selon lui, que « les revendications sont davantage d’ordre économique et social que politique ».

Réagissant aux vastes réformes annoncées par le président Bouteflika dans son discours du 15 avril, le département d’Etat a qualifié cette démarche de « progrès important » et « de grande envergure ».