A l’entame de la nouvelle année, Karim Djoudi, notre ministre des Finances, a auguré de bonnes perspectives en 2010 pour la situation économico-financière de l’Algérie. Selon lui, les Algériens n’ont pas à craindre de mauvaises surprises en ce domaine puisque celle-ci est bonne et ira en se consolidant.
A l’appui de son optimisme, notre grand argentier a avancé qu’avec 146 milliards de dollars de réserves de change, le pays peut assurer à l’économie nationale trois années d’importations. L’autre élément sur lequel il s’est basé pour rassurer, ce sont les performances que, à l’en croire, va réaliser cette économie nationale en 2010. Un taux de croissance, par exemple, de pas moins de 10% hors hydrocarbures qui fera que la croissance globale de cette économie sera supérieure à celle de 3% enregistrée en 2009.
Crise économique mondiale ou pas, l’Algérie va être donc à l’abri, du moins à moyen terme. Et le ministre a même auguré que son aisance financière aura un impact sur la population.
Est-ce à dire que l’Algérie de 2010 va enfin commencer à mettre fin au scandale qui fait d’elle un pays riche dont la population vit dans la pauvreté et la précarité ? 2010 ne sera certainement pas l’année catastrophe, financièrement parlant, pour l’Algérie, ne serait-ce que parce que les cours pétroliers à l’international ont opéré un redressement dont les spécialistes confirment qu’il sera durable. Elle sera l’an I d’un plan quinquennal dont l’enveloppe est faramineuse (150 milliards de dollars). De ce point de vue, elle sera peut-être le point de départ d’un véritable redressement et de la relance de l’économie nationale.
Faut-il pour autant que les ressources financières dont dispose l’Etat et qu’il va consacrer à cet objectif soient mises au service d’une stratégie globale de développement. D’où la question de savoir si cet Etat a finalement opté pour cette stratégie ou s’il va persister dans un interventionnisme sans cohérence et impact sur les véritables causes qui plombent l’Algérie dans le sous-développement et la dépendance en tous ses besoins. Karim Djoudi n’a soufflé mot sur cette problématique.
Des correctifs, voire des ruptures ont été opérés en 2009, annonçant que les autorités ont pris conscience que la politique économique qu’elles ont suivie ces dernières années menait le «pays au mur». Il n’est plus question maintenant dans ces sphères que de «patriotisme économique», de protection et de promotion de l’économie nationale. Il ne suffit pas pour autant d’énoncer le principe, ni surtout qu’il serve de justification au retour de la politique économique des années 70.
La façon dont s’opère la révision économique montre malheureusement que c’est cette option qui prévaut. L’Etat ne semble pas en effet disposé à comprendre qu’entre le laisser-aller de l’ultra libéralisme qu’il s’est donné comme doctrine économique pendant plus d’une décennie, et l’interventionnisme bureaucratique et centralisé des années 70, il existe la voie médiane du partenariat gagnant-gagnant entre tous les acteurs économiques nationaux. Sinon, il se serait pris autrement pour concevoir le nécessaire changement de cap économique qu’il veut engager. Ne serait-ce qu’en mettant à contribution toutes les compétences nationales pour un travail de réflexion sur la nouvelle stratégie de développement dont a besoin le pays.
Kharroubi Habib