Les élections sénatoriales sont finalisées et, sans le suivi et le compte-rendu délivrés par la presse, elles seraient complètement passées inaperçues pour la grande majorité des Algériens.
Banales et strictement réservées à la routine des appareils partisans et à la loi d’un marché bien spécifique, au point de faire partie des «constantes» qui en ont fait des marchandises s’échangeant et s’achetant au marché politique algérien.
Leurs résultats, en l’occurrence les modes électifs, incitent à une profonde réforme.
La déferlante islamiste n’existe plus, du moins dans son versant électoral, qui justifiait une Chambre coûteuse et aujourd’hui sans aucun impact dans les institutions pour le contrôle et éventuellement la sanction du gouvernement.
Tenir à distance les courants religieux archaïques des centres névralgiques de la décision économique et politique est chose faite. Les équilibres d’appareils qui faisaient une place, au XXe siècle, au cœur de la Méditerranée, à l’islamisme ont été rompus par le gros de ces mêmes appareils, la pression extérieure et la résistance de la société.
Faire avaler en douceur, au plan institutionnel, la disparition de l’ex-FIS et tenir au chaud ses troupes idéologiques ne sont plus de mise. La débâcle progressive des partis islamistes en Algérie et la suspicion, souvent justifiée, qu’entretiennent à leur égard les grandes démocraties modernes au plan international sont concrétisées sur le terrain.
Si des élections veulent dire quelque chose, dans le terroir national, il ne reste plus que trois formations politiques de tailles différentes et avec des parcours historiques fortement contrastés : le FLN, le RND et le FFS n’ont plus rien en commun avec le dernier survivant de l’avatar islamiste.
Que veut dire aujourd’hui le MSP dans les appareils et pour les pays étrangers et pour ce qui est des APC, APW et le Parlement ? Sans le MSP, la majorité présidentielle et M. Bouteflika lui-même seraient-ils pour autant handicapés ou gênés sur les plans intérieur et extérieur ? Rien n’est moins sûr.
A cheval entre la périphérie du pouvoir et la lointaine banlieue de l’opposition, le MSP ne peut être maintenu sans perfusion que par une posture et pour entretenir l’illusion d’un islamisme soft sans couleur ni odeur. Le parti au pouvoir en Turquie frappe à la porte de l’UE, l’Arabie saoudite est un soutien permanent des Etats-Unis avec le pétrole comme bonus, la Libye ne veut plus être qu’africaine mais adoubée par les grands de ce monde, etc. Et les islamistes locaux ?
Avec le passif islamiste en moins au niveau des institutions, il reste la jeunesse et la société qui sont travaillées au corps par un islamiste rampant, des prédicateurs officiels et d’autres non agréés qui ne laissent aucune parcelle dans l’espace public, dans l’enseignement, dans les mosquées, dans l’écriture de l’histoire pour tirer l’Algérie vers le bas, vers les régressions et des pratiques religieuses et sociétales exclusivement importées, loin de l’islam éclairé, tolérant, qui appartient à toute l’humanité et non à une communauté, une ethnie ou une dynastie médiévale.
Peut-être que l’année 2010 sera un bon cru pour des réformes profondes, un personnel politique jeune et ouvert sur le monde, des compétences nationales dans l’économie, les sports, les industries culturelles pour renvoyer au passé les tics et les modes de gouvernance parfaitement illustrées, encore une fois par la comédie bien humaine des dernières sénatoriales oblitérées par les scandales liés aux marchés publics et à la corruption. 2010, peut-être sera-t-elle la bonne !
Par Abdou B.