2010, année faste, année noire, elle a été marquée par la corruption

2010, année faste, année noire, elle a été marquée par la corruption

« Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre ! » Si l’on venait à appliquer cette prédication, cela risquerait sûrement de donner un désert de pierrailles tant le nombre de pierres jetées et tant le phénomène de la corruption s’est largement et profondément ancré au sein de la société.

Phénomène atypique, phénomène du siècle, il est en tout cas devenu un langage universel à voir le nombre d’affaires relevant de la corruption.

Métro d’Alger, ports d’Oran et d’Alger, Tassili Airlines, pêche affectée par l’odeur nauséabonde du thon pourri, l’hydraulique, les chemins de fer, Algérie Télécom et autoroute Est-Ouest, pour clore ce tableau déjà si bien garni. Autant d’affaires de corruption et de malversations dont la plus marquante en cette année 2010 reste l’affaire Sonatrach. Si dans les années 2000 l’Algérie a connu son plus grand scandale économique grâce à l’affaire Khalifa, une décennie plus tard, ce sont des dizaines de milliards de dinars qui ont fluctué, depuis, dans l’informel sous forme de bakchich.

La vie politique et économique en a été lourdement affectée, semant doute et panique au sein des sphères managériales du pays. La chronologie des affaires. En janvier 2010, une enquête du DRS avait percé la plus grosse affaire en mettant à jour le scandale de corruption de la Sonatrach. Son P-DG, Mohamed Meziane et treize cadres dirigeants dont trois vice-présidents, ont été inculpés par la justice pour divers affaires de corruption. Deux des vice-présidents, un ancien P-DG de la banque publique, le Crédit populaire d’Algérie (CPA), et son fils, dirigeant un bureau d’études, ainsi que les deux enfants du P-DG de Sonatrach et la toute récente mise sous mandat de dépôt de l’ancien P-DG par intérim Abdelhafid Feghouli. L’affaire de l’autoroute Est-Ouest a mis en cause quatre personnes, dont le secrétaire général du ministère des Travaux publics, arrêtées car soupçonnées d’avoir touché des pots-de-vin dans des contrats liés à ce méga-projet.

Le président-directeur général de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) est, à son tour, rattrapé par le même scandale lié à la corruption. Ce dernier relève du ministère des Transports. Il est soupçonné d’avoir passé un ou plusieurs marchés dans le cadre des nombreux projets placés sous la responsabilité de l’Entreprise du métro d’Alger. Cela a mené à la mise en détention provisoire du directeur de la planification du même ministère. Celui-ci, aurait été également poursuivi pour corruption dans le cadre du marché d’équipement du projet du métro d’Alger, estimé à 380 millions d’euros. Dans le même contexte de la corruption, la lutte engagée a permis de se pencher sur le cas de Tassili Airlines où une vingtaine de marchés avaient été octroyés de gré à gré par des responsables de la compagnie aérienne dont les actions sont détenues par le groupe Sonatrach. Le domaine agricole a fait, lui aussi, parler de lui.

Le département de M. Benaïssa a connu, de son côté, détournement, dilapidation et autres gabegies. Les services de sécurité ont avancé un nombre de 4000 dossiers relatifs aux exploitations agricoles collectives et individuelles (EAC et EAI) remis entre les mains de la justice. Ainsi, les investigations menées par les services de la Gendarmerie nationale depuis novembre 2005, dans le cadre de l’enquête sur le foncier agricole, se sont soldées par la remise de milliers de procès-verbaux aux juridictions des parquets généraux.

Les multiples efforts consentis dans la lutte contre la corruption n’ont pas été à la hauteur du crime économique. La création d’un office central de la répression de la corruption, tout comme la redynamisation de la Cour des comptes et les supplémentaires prérogatives données à l’IGF ainsi que la révision du code des marches publics, la déclaration du patrimoine « familial » et tout récemment l’implication des assurances et des impôts ainsi que la prise en compte des signes apparent de richesse, démontrent l’ampleur de ce fléau.

Azzedine Belferag