200 pharmacies ont baissé rideau à Oran

200 pharmacies ont baissé rideau à Oran

La pénurie de médicaments fait réagir l’aspo qui révèle

La responsable de l’Association de la Solidarité des Pharmaciens d’Oran (ASPO), Mme Nour El Houda Meziz, a révélé que l’épineux problème dû à la pénurie de médicaments à Oran, se complique de jour en jour et n’a pas manqué de peser le fonctionnement du secteur, affirmant à ce propos que 200 officines ont dû baisser rideau, depuis la crise en 2009.

Selon notre interlocutrice, dans le cas où le problème ne serait pas sérieusement pris en charge, ce chiffre risque encore d’augmenter, vu que plusieurs pharmacies, parmi les 380 restantes, sont menacées de faillite. A noter que le porte-parole de l’ASPO a déjà annoncé que 320 médicaments étaient indisponibles sur le marché et ce, après avoir été interdits d’importation par le ministère de tutelle.

A savoir qu’initialement ces médicaments devaient être produits localement et la pénurie de la molécule mère n’a pas manqué de se répercuter sur la santé des malades. En effet, le patient algérien qui est pris en otage par cette pénurie de médicaments se voit, assez souvent, obligé de faire des kilomètres pour se procurer les remèdes prescrits par le médecin ou bien de les commander carrément de l’étranger et à des prix très coûteux.

La pénurie touche essentiellement les médicaments pour le traitement des maladies chroniques dont le diabète, la tension artérielle et l’insuffisance rénale, laissant ainsi les malades et les pharmaciens dans une grande colère.

Même les pharmacies au niveau des hôpitaux enregistrent plusieurs produits manquants et sur ce même registre, le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (Snapo) avait indiqué qu’«à l’échelle nationale, 1.000 pharmacies ont déclaré faillite, avant de rendre publique la liste des molécules manquantes sur le marché, à savoir “les corticoïdes, les antibiotiques injectables, les hormones injectables ou orales, les médicaments destinés aux personnes souffrant d’arthrite ou d’angine à répétition».

Pour ce même responsable, «Il n’y a pas que les médicaments de confort qui manquent, mais aussi ceux essentiels, comme l’Extencilline et la liste est encore bien longue.» Puis il ajoutera encore qu’“il faut savoir que le pharmacien d’officine n’est pas approvisionné par la PCH et ce, en dépit d’une récente décision qui le prévoyait”.

Sur ce plan, le représentant du Snapo évoque les pratiques de quota imposées par certains grossistes et importateurs, les monopoles, les ententes et la discrimination vis-à-vis des pharmaciens. Face à de telles situations, certains pharmaciens d’officine reconnaissent en aparté aller “se fournir en France” par leurs propres moyens et cela pour répondre à la demande de leurs clients, notamment lorsque ceux-là sont dans des situations d’urgence et critique.

Cette pratique est récusée par le président du Snapo. “Nous dénonçons ce type de pratique et le recours à de tels procédés, même si l’argument de la pénurie est avancée”. Pour notre interlocuteur, ceci est grave et répréhensible par la loi et surtout cela peut être une porte d’entrée à la contrefaçon du médicament. Ce dernier évoquera aussi ce phénomène, rappelant que tout récemment les douanes ont pu intercepter des cargaisons de médicaments contrefaits.

Par ailleurs, le département de Ould Abbès qui, au lieu de trouver des solutions concrètes et urgentes à ce problème, continue d’accuser ce qu’il qualifie «de lobbys des médicaments d’être à l’origine de cette situation fort désolante et que les pénuries des médicaments sont souvent provoquées et profitent à une certaine catégorie de gens».

En attendant que cette guerre de lobbying soit réglée et l’ordre rétabli, les malades continuent eux à payer chèrement la facture d’une mauvaise gestion et l’anarchie qui caractérise le secteur des médicaments.

F. Sifi