Un matelas financier conséquent
Comment ceux qui auront en charge la gestion des affaires du pays après le scrutin du 10 mai 2012 comptent-ils gérer cette fabuleuse manne financière?
Islamiste, démocrate ou conservateur, quelle que soit la couleur politique du parti qui sortira vainqueur des prochaines élections législatives il ne pourra pas se dérober à prendre en considération les problèmes sociaux, économiques et existentiels qui minent la société algérienne. Crise du logement, chômage, transport, flambée des prix, harga, mal-vie…On dit que le nerf de la guerre c’est l’argent. L’Algérie dispose de ce pouvoir économique qui, paradoxalement, ne l’a pas, encore propulsée au rang de nation développée auquel elle aspire. Sera-t-il suffisant pour juguler tous ces phénomènes en porte-à-faux avec l’insolente aisance financière (plus de 176 milliards de dollars de réserves de change en 2011) affichée par l’économie nationale portée à bout de bras par ses exportations d’hydrocarbures? Une problématique qui n’a pas encore trouvé de réponse.
Si l’on en juge par les sorties médiatiques des leaders des principaux partis politiques en lice pour les législatives qui se tiendront dans moins de quatre-vingt-dix jours, cette question est mise en sourdine. A moins qu’elle ne figure carrément pas dans leur programme. On jugera sur pièce le moment venu. Avec un baril de pétrole qui vient de franchir, lundi, la barre symbolique des 100 dollars et probablement son maintien autour de ce niveau pendant au moins cette période de grand froid mais aussi à cause des problèmes géopolitiques qui peuvent rendre le marché pétrolier très nerveux à l’instar du dossier du nucléaire iranien ou de la menace d’attaque militaire d’Israël contre le territoire de la République islamique d’Iran, les réserves algériennes de change devraient dépasser les 200 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2012. Les réserves de change de l’Algérie étaient de 162,2 mds USD fin 2010 contre 148,9 mds USD à la fin 2009, selon un rapport de la Banque d’Algérie qui date de 2010. En 2011, elles ont atteint 176 milliards de dollars. Soit une progression annuelle de quelque 14 milliards de dollars. A ce rythme, cette estimation devrait, donc, largement se concrétiser. Les placements de ces réserves à l’étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010, contre un rendement de 4,74 milliards de dollars en 2009. Comment ceux qui auront en charge la gestion des affaires du pays après le scrutin du 10 mai 2012 comptent-ils gérer cette fabuleuse manne financière? Une question légitime qui doit être posée. Pourquoi? Pour la simple raison que si les gouvernements qui se sont succédé depuis pratiquement une décennie peuvent se targuer d’avoir à leur actif le redressement de la situation financière du pays à travers le remboursement de la dette extérieure et d’une balance commerciale qui demeure régulièrement excédentaire, il est par contre important de signaler qu’ils ont été impuissants quant à la maîtrise de la flambée des prix des produits de consommation de large consommation (huile, sucre, légumes secs, café…), celle des fruits et légumes qui défie tout entendement (les haricots verts ont atteint les 350 dinars le kilo alors que la pomme de terre se négociait au bas mot à 70 dinars malgré le déstockage annoncé de centaines de tonnes) particulièrement en cette période de froid sibérien qui a paralysé la majeure partie du territoire national puisque les wilayas du Sud et de l’Extrême Sud dépendent étroitement des villes du Nord, particulièrement en ce qui concerne leur approvisionnement en produits alimentaires (céréales, sucre, huile, café, fruits et légumes…).Leur acheminement par voie terrestre a été contrarié par les principaux réseaux routiers devenus impraticables suite aux récentes intempéries. Elles ont mis en exergue les défaillances des pouvoirs publics dans des situations de catastrophes provoquées par les éléments naturels. Certaines wilayas ne sont plus approvisionnées en lait, les coupures d’électricité et l’isolement des villages ajoutent plus de détresse à des familles aux revenus modestes, déjà assez pénalisées par un quotidien de plus en plus difficile à supporter. La crise du gaz butane illustre à elle seule ce type de situation. La bonbonne a atteint des prix exorbitants (elle s’est négociée à plus de 2000 dinars par endroits, soit 10 fois son prix officiel) et a fait la part belle aux spéculateurs qui profitent du désarroi des populations pour s’en mettre plein les poches. Un phénomène récurrent qui se manifeste à chaque occasion, (Ramadhan, Aïd, rentrée scolaire…) contre lequel les services concernés (commerce, contrôle des prix…) n’ont rien pu faire. La campagne des législatives qui bat son plein aura comme caractéristique de se dérouler sur fond de protestations et de contestations. Le malaise social s’est accru avec cette vague de grand froid et neige qui s’est abattu sur le pays. Les partis ont moins de 90 jours pour convaincre des électeurs qui ont la tête