20 ans après leur assassinat Hommages aux moines de Tibhirine

20 ans après leur assassinat Hommages aux moines de Tibhirine

Les moines cisterciens ont été enlevés et retenus en otage pendant de longues semaines par les GIA, avant d’être décapités.

Une série d’hommages est programmée pour commémorer l’assassinat, il y a vingt ans, le 21 mai 1996 plus précisément, des sept moines trappistes du monastère de Notre Dame de l’Atlas, à Tibhirine, près de Médéa. Pour marquer ce triste anniversaire, la communauté chrétienne de France s’est mobilisée. Dans plusieurs églises, des messes seront organisées aujourd’hui afin d’honorer la mémoire des religieux. Dans le département du Lot, une conférence sera, par ailleurs, animée par l’Association des amis de l’église Saint-Michel de Bannières autour du testament spirituel du père Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine. Son parcours sera retracé à travers un regard croisé de deux écrivains, un chrétien, Christian Ray qui a rédigé une biographie de ce moine ayant voué sa vie “pour Dieu et pour l’Algérie” et une musulmane, Karima Berger, présidente de l’association Écritures et spiritualité. Comme ses frères du monastère, Christian de Chergé a connu une fin tragique.

Les moines cisterciens ont été enlevés et retenus en otage pendant de longues semaines par les GIA, avant d’être décapités. Dans un petit village drômois, dans le sud de la France, une petite église a été transformée en mémorial pour célébrer le sacrifice des religieux et approfondir selon les autorités ecclésiastiques locales “le message d’amour de ceux qui furent assassinés en 1996, de l’autre côté de la Méditerranée”.

Paris a également pris l’initiative d’honorer la mémoire des moines de Tibhirine. Le 30 mai prochain, la municipalité organisera une cérémonie pour rebaptiser le square Saint-Ambroise situé devant l’église du même nom, dans le 10e arrondissement. Le lieu sera appelé “Le Jardin des moines de Tibhirine”. La maire de Paris Anne Hidalgo sera présente à cette cérémonie qui sera précédée d’une messe.

En juillet prochain, l’église accueillera une exposition “Les moines de Tibhirine, témoins de l’espérance”.

La délivrance de leur message spirituel fait, par ailleurs, l’objet d’un ouvrage collectif qui vient de paraître aux éditions Bayard, coordonné par le journaliste Christophe Henning et préfacé par le pape Francois Ier.  Dix personnalités ont pris part à la réalisation de ce livre. Ayant déjà consacré plusieurs écrits à cet épisode tragique, M. Henning a rappelé le contexte très douloureux pour toute l’Algérie de ce drame effroyable. “Ce qu’il faut voir, c’est qu’ils sont sept morts au milieu de 19 religieux morts dans ces années noires en Algérie et au milieu de 150 000 Algériens tués dans cette guerre fratricide.” De son côté, Mgr Jean-Paul Vesco, religieux dominicain, évêque d’Oran, a affirmé que les “moines de Tibhirine (…) sont allés à l’extrême de leur vie donnée, un jour, par amour. Pouvaient-ils rêver de pousser aussi loin leur témoignage lorsque les heures s’égrenaient dans l’aridité de leur vie de trappistes, dans l’austère monastère de Tibhirine ? Cette vie pourtant valait autant que leur mort. C’est tout un”. Le juge Marc est également partie prenante de ce recueil.

Selon lui : “La mort des moines a bouleversé beaucoup de monde. Ce n’est pas seulement une affaire criminelle, et pour beaucoup, l’héritage n’est plus du ressort de la justice. Et pourtant, vigie dans la société, le juge se doit d’être le grain de sable qui lutte contre le mal, au risque de déranger. Un peu comme les moines de Tibhirine…”

Le magistrat, qui était en charge du dossier d’instruction, a dû s’en dessaisir à la suite d’un changement de poste en juin 2015.