Les deux officiers ont rendu l’âme alors qu’ils traquaient deux terroristes en fuite depuis mardi. L’un de ces derniers, avant de mourir, a réussi à faire exposer un engin qu’il portait sur lui.
Deux officiers supérieurs de l’Armée nationale populaire (ANP), le commandant du secteur opérationnel de la wilaya de Béjaïa et un colonel de la Direction des services de renseignement relevant du secteur militaire de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, ont été assassinés mercredi dernier, vers 19 heures, dans un accrochage avec deux terroristes cachés dans un poulailler, situé dans la ferme Aït-El-Hadj, près d’Allaghane, dans la commune de Tazmalt (90 km au sud-ouest de Béjaïa), tandis que trois autres militaires, dont un officier de la gendarmerie, s’en sont sortis avec des blessures plus ou moins graves, au terme de cet échange de coup de feu qui aura duré une quarantaine de minutes.
Selon notre source, l’un des deux terroristes, acculé à l’intérieur de cette bâtisse de fortune, a réussi à faire exploser un engin qu’il portait sur lui, avant de rendre l’âme, entraînant la mort des deux colonels de l’ANP, au moment où ces derniers se sont approchés des corps inertes des terroristes agonisants.
Il faut préciser que ces deux sanguinaires de l’ex-GSPC étaient jusque-là en fuite, après avoir échappé, dans la soirée de mardi passé, à un coup de filet des services de sécurité qui ont réussi à éliminer trois autres terroristes roulant à bord d’une Clio, à l’intersection de Bouaziz, près du village Aftis, dans la commune de Boudjellil.
Pris en filature depuis la région de Bordj Bou-Arréridj, le véhicule transportant les cinq terroristes sera poursuivi et pris pour cible par des éléments de l’armée qui réussiront à mettre hors d’état de nuire trois terroristes, alors que les deux autres ont pris la fuite, avant de s’évaporer dans la nature en cette nuit brumeuse.
Traqués par les forces combinées de l’armée, ils seront localisés le lendemain à la ferme agricole des Aït-El-Hadj, où ils se sont réfugiés dans un poulailler. Ainsi, les services de sécurité auront déjà réussi à éliminer cinq dangereux terroristes et à récupérer quatre armes automatiques de marque Kalachnikov, à l’issue de cette nouvelle offensive antiterroriste. Quant aux trois militaires blessés, ils ont été transférés à l’hôpital Aïn Naâdja, à Alger, après avoir reçu les premiers soins au niveau de l’établissement public hospitalier de la ville d’Akbou.
À noter qu’après l’attentat de mercredi soir, de nombreux convois militaires ont été dépêchés en renfort dans cette région qui connaît ces derniers mois un regain de violence islamiste. Tout porte à croire que les forces de l’armée, appuyées par les gardes communaux et les Patriotes de la région, sont en passe de déclencher une vaste opération de ratissage dans cette zone située à la lisière des wilayas de Béjaïa, Bouira, Bordj Bou-Arréridj et M’sila, en vue de venir à bout de leur mission qui consiste à éradiquer définitivement les dernières poches de l’ex-GSPC, écumant les monts des Bibans.
Il s’agit vraisemblablement du même groupe terroriste qui était derrière l’attentat sanglant du 17 juin 2009, ayant coûté la vie à 18 gendarmes et 2 civils à Mansourah, à Bordj Bou-Arréridj. Selon des observateurs de la scène sécuritaire, ce groupe appartient à katibat El-Mouhadjirine d’Al-Qaïda au Maghreb. C’est cette phalange terroriste qui active sur l’axe M’sila-BBA-Béjaïa-Bouira, dont le forfait le plus sanguinaire est l’assassinat de 18 gendarmes à Mansourah dans la wilaya de BBA en juin dernier, avant qu’une dizaine de terroristes ne soit éliminée par les services de sécurité à Slim (M’sila) dans des conditions similaires à celles de mercredi dernier à Allaghane (Béjaïa).
La semaine dernière, trois casemates ont été détruites dans les maquis de Moka, commune d’Ighil-Ali, et un lot d’armes de guerre a été récupéré lors d’une opération de ratissage. Pour les observateurs de la scène sécuritaire, ce périmètre constitue la base arrière des groupes terroristes qui activent dans la Basse et la Haute-Kabylie.
À la lumière des forfaits et des déroutes de ces terroristes, les mêmes observateurs laissent entendre que le QG des terroristes serait sur les monts des Bibans, particulièrement dans le cercle des monts dits les Portes de fer (El-Hammam El-Bibans), Bouketane et Bounaâya. Par sa situation géographique stratégique, la région est reliée à l’ensemble des maquis des wilayas limitrophes par de nombreuses pistes et oueds.
KAMEL OUHNIA/L. OUBIRA