«Le public ! On ne voudrait pas que ce qui s’est passé à Annaba se reproduise à Constantine. Et puis, il y a des enfants dans la salle.» Voilà comment l’agent qui a été chargé de noircir l’écran et de laisser le son a justifié son intrusion. Si le sort des enfants comptait autant pour les organisateurs, pourquoi les a-t-on laissés assister à une séance cinéma qui ne leur était pas destinée et qui plus est programmée après 18h ? Et puis il s’est passé quoi au juste à Annaba pour en faire référence à Constantine ou ailleurs ? A Annaba, pendant les journées du film méditerranéen, le public (les jeunes filles essentiellement) au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi, a quitté la salle à chaque scène d’amour ou de baisers échangés entre les acteurs. Voilà ce qui s’est produit à Annaba. Pourtant ce qui aurait dû choquer les promoteurs de ces manifestations autant à Annaba qu’à Constantine, ce sont les comportements insultants, les téléphones qui sonnaient dans la salle, les aboiements, la violence du propos de certains spectateurs et toute la cohue cacophonique qui a régné pendant les projections.
Cette ambiance n’a apparemment pas ébranlé la morale des organisateurs puisque rien n’a été fait pour sanctionner les quelques voyous qui ont perturbé les projections des jours durant. Ce qui s’est passé pour le film de Leila Bouzid a marqué de façon négative la première édition des Journées du film arabe primé. Le travail d’un réalisateur, comme celui d’un peintre, d’un sculpteur, d’un écrivain,… devrait relever du fait sacré. Personne ne devrait en triturer le contenu. Nul ne devrait toucher au fondamental de la création si ce n’est son auteur mais toujours dans l’esprit d’en améliorer le contenu et non pas de le livrer aux mains de l’ignorance et de l’obscurantisme.
Constantine 2015, capitale mort-née !
Retour sur une manifestation qui a révélé l’étendu du mal qui ronge le cinéma algérien et celui du secteur de la culture. Constantine, capitale de la culture arabe 2015, qui s’en souvient encore ? Certainement pas les habitants de cette cité dont tous les ponts de communication ont été rompus pour mauvaise gestion. Les Constantinois en ont marre et ils le disent sans détour. «Depuis le début de cette manifestation, ils ont écarté les Constantinois. Même les travaux qui asphyxient la ville depuis pus d’une année, ce sont des entreprises de Skikda qui les gèrent», a confié Ali, vendeur dans un magasin d’informatique.
Son souci est que ses ventes ont baissé depuis que les travaux engagés devant son magasin ont été lancés. «Non seulement ils n’ont pas mis en avant les commerces constantinois, mais en plus, ils bloquent l’accès à nos anciens clients», a déclaré le commerçant. Et il n’est pas le seul à s’en plaindre. Les Constantinois méprisent l’événement qui aurait dû faire la lumière sur la ville qui a vu naître Ben Badis, Malek Haddad… Pourtant, il n’en est rien. En une dizaine de jours, après l’aléatoire programmation des projections des JFAP, rien ne s’est produit à Constantine. Absolument rien, si ce n’est qu’un camion avec un écran a été installé sur l’esplanade qui fait face au palais de la culture El Khalifa. C’était l’après-midi de la célébration du Mawlid Ennabaoui, les riverains et les jeunes ont pu écouter un mélange de musique française et américaine.
Cheb Hindou, la lubie tendance
Contre toute attente, Cheb Hindou est devenu le bouffon de son roi. D’Annaba à Constantine, Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, semble ne plus pouvoir se passer des services du comique et pseudo chanteur de raï. En ouverture des JFAP, sur le tapis rouge et au Marriott de Constantine, il était là. Chapeau blanc, veste couleur crème et motif richelieu, Cheb Hindou a fait son show aux frais de la princesse. Pendant le dîner d’ouverture au Mariott, il a interprété des reprises de Cheb Abdou avec bien sûr, le rituel de la «Tebriha» (surenchère) à l’attention de…