Les enjeux liés à une réhabilitation de la sphère du commerce en tant que levier de la performance économique et facteur de stabilité sociale, processus complexe qui appelle à libérer ce secteur des griffes des spéculateurs et agents parasites ne peuvent être ignorés. Le citoyen-consommateur doit être protégé dans son pouvoir d’achat mais aussi dans sa santé et sa sécurité alors que prolifèrent les produits dangereux de la contrefaçon. L’opérateur économique a le droit d’évoluer dans un environnement sain où ne doit pas sévir la concurrence déloyale et doit compter sur les facilités et mesures d’encouragement à l’exportation.
L’Etat, lui-même, se préoccupe de relever le défi de la diversification de nos exportations pour dépasser le statut de pays mono-exportateur se limitant aux hy-drocarbures en même temps qu’il est tenu à bien gérer la balance devises et doit par conséquent avoir l’œil sur les importations de sorte à ne pas laisser entrer sur le marché national n’importe quoi, d’où la fameuse liste grise évoquée par le ministre du Commerce, M. Mustapha Ben-bada, lors du point de presse en marge des travaux en plénière à l’occasion de ces assises nationales du commerce, ouvertes, hier, au Palais des nations.
L’objectif de ces assises est d’ouvrir un large débat pour sortir avec des propositions pertinentes qui auront recueilli le plus de consensus, a souligné M. Benbada qui précise qu’un dispositif de suivi des recommandations issues des travaux des quatre ateliers sera mis en place. L’état des lieux qui ressort des interventions met en évidence les faiblesses et dysfonctionnements qui se posent en autant de défis qu’il y a lieu de relever. “Il est regrettable de constater que les exportations hors hydrocarbures soient toujours aussi faibles et peu diversifiées avec seulement 2,86 % du volume global des exportations. Certes, la balance commerciale de l’Algérie a réalisé un excédent de 16,6 milliards de dollars en 2010, contre seulement 6 milliards de dollars en 2009, et durant les quatre premiers mois de 2011, elle a atteint 8,6 milliards de dollars, mais il faut noter que cette évolution est conjoncturelle, puisqu’elle est tirée essentiellement par des dérivés des hydrocarbures, car à l’exception des combustibles, la balance commerciale de l’Algérie présente systématiquement des soldes négatifs pour toutes les autres catégories de produits”, note le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohamed Benmeradi.
Le ministre observe que malgré les efforts consentis par l’Etat depuis plus d’une décennie, et les facilitations mises en place pour encourager l’exportation, il reste que les hydrocarbures représentent toujours et encore à elles seules, 77 % des recettes fiscales et 97 % des exportations. On constate de surcroît, ajoute le ministre, que malheureusement, il y a de moins en moins d’entreprises qui s’intéressent aujourd’hui à l’exportation, leur nombre est passé de 280 entreprises algériennes exportatrices dans les années 1980 à 40 seulement en 2010.
Pour M. Hedir, expert, le système de subvention systématique aux produits d’importation décourage la production nationale. L’orateur pointe du doigt le non-respect de la loi et les lenteurs dans la promulgation des textes d’application. Pour sa part M. Réda Hamiani, président du F.C.E. (Forum des chefs d’entreprises) déplore l’échec dans le domaine de la régulation. Il y a des réaménagements qui se succèdent, mais sans résultat probant, dira M. Hamiani qui suggère qu’en matière d’incitation à l’utilisation de la carte de paiement électronique, on fasse usage de la fiscalité. En matière de délivrance de chèques au niveau des banques, de la poste, il y a régression, 4 mois d’attente alors qu’avant, on l’avait en un quart d’heure. Nos autorités, nos administrations doivent être en symbiose avec l’environnement des affaires, a recommandé M. Hamiani.
M. Benkhalfa, délégué de l’ABEF, a lancé un appel aux opérateurs pour l’utilisation du chèque au lieu du recours systématique au cash. Il mettra en évidence un problème plutôt inquiétant à savoir que les flux des affaires, des importations ne se retrouvent pas dans les flux réels dans le commerce intérieur. Il y a un problème de traçabilité qui renseigne sur l’ampleur de l’informel, dira M. Benkhalfa.
M. Mustapha Mekidèche, vice-président du CNES, estime qu’il y a lieu de prendre des distances par rapport à l’approche occidentalo-centriste et qu’il importe de s’inspirer d’autres expériences comme celle de la Chine qui a démonté l’efficacité du rôle de l’Etat ou de l’Etat arabo-islamique dans le contexte de l’époque. Certes, il convient que l’Etat algérien continue d’être tendanciellement un Etat régulateur, mais nous n’avons pas mis en place les instruments de fonctionnement de l’économie de marché au sens moderne, a relevé M. Mekidèche. Pour le responsable des douanes, l’administration des douanes fait des efforts pour vulgariser le régime douanier économique tout en s’efforçant d’être à l’écoute. Il soulignera la difficulté à concilier contrôle et facilité au profit des opérateurs exportateurs. Il faut faire un contrôle intelligent, dira-t-il, ce qui nécessite de disposer de l’information en amont. Dans ses réponses aux questions des journalistes lors du point de presse, M. Benbada a reconnu les retards en matière d’investissements dans les infrastructures commerciales.
Aujourd’hui des efforts sont faits dans ce domaine aussi bien au niveau central qu’au niveau local (les communes) pour rattraper ce retard, une commission chargée de l’urbanisme commercial a été créée. S’agissant de l’informel, on essaye progressivement d’absorber les jeunes de l’informel. Un dispositif a été mis en place à la faveur d’une instruction interministérielle commerce-ministère de l’Intérieur.
A propos de la non-répercussion des baisses des prix sur le marché international sur les prix au niveau du marché interne, M. Benbada dira que la non-répercussion est passible de sanctions, comme c’est dit dans le dernier amendement sur la loi sur la concurrence. Sur la question de la promotion des exportations hors hydrocarbures, le ministre note qu’il s’agit d’abord d’encourager l’investissement productif dans l’objectif de reconquérir des parts de marché, d’abord sur le marché intérieur pour envisager ensuite la conquête des marchés extérieurs. Il faut une capacité à exporter et pouvoir respecter les critères de qualité, les normes. A propos du Conseil de la concurrence, organe essentiel pour surveiller et contrôler les abus (position dominante, monopolistique, infractions aux règles…) on a franchi un pas important, dira le ministre avec l’adoption du texte régissant son organisation et son fonctionnement.
M. Brahim
Benmeradi l’a affirmé hier : “Un accord avec Renault pourrait être conclu avant la fin 2011”
Les négociations avec le constructeur automobile français Renault avancent normalement, un accord pourait être conclu avant la fin de l’année en cours, a indiqué samedi à Alger, le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi.
« Nous avons tenu récemment une réunion de négociations et je pense qu’on aura un accord avant la fin de l’année », a-t-il déclaré à des journalistes en marge des travaux des assises nationales du commerce. Comme annoncé auparavant, les négociations tournent autour du volet commercial du projet, le volet technique étant complètement réglé, selon M. Benmeradi qui a précisé qu’il restait encore « deux ou trois réunions » avec le constructeur français. « Si nous parvenons à un accord avant la fin de l’année, nous espérons avoir la première voiture fabriquée en Algérie en 2015 », dira le ministre. Interrogé sur la part qui sera allouée à l’exportation dans le projet, il a indiqué : « Avec Renault, nous nous sommes mis d’accord sur 10% des voitures fabriquées qui iront à l’exportation, notamment vers l’Afrique et l’Europe de l’Est ».
Quant à la qualité des partenaires algériens du projet, M. Benmeradi a répondu: « Cela peut être une institution financière, une entreprise industrielle, et peut-être des privés ». Evoquant les négociations avec d’autres constructeurs automobiles, tels les Allemands et les Sud-Coréens, le ministre a indiqué qu’une délégation de son ministère « est entrée ce matin d’Allemagne après avoir visité le site de production de Volkswagen ».
« Si Renault veut faire un partenariat en Algérie, Volkswagen préfère investir seul, alors que les Coréens optent plutôt pour le montage », a-t-il précisé, ajoutant : « Nous sommes en train d’étudier toutes les propositions ». Pour M. Benmeradi, l’Algérie est un marché qui absorbe 300.000 nouvelles voitures/an et peut, par conséquent, « s’engager dans deux ou trois projets à la fois ».
D’une valeur d’un milliard d’euros, le projet de Renault vise à produire en Algérie quelque 150.000 voitures par an.
Point de vue d’un expert M. Abdelmalek Seraï : Booster les consciences
“Il convient d’abord de noter un aspect positif, c’est l’éclosion en Algérie de zones industrielles de valeur à Annaba, Sétif, Béjaïa, Oran, Bordj Bou Arréridj… où se fabriquent de nombreux produits de valeur. Malheureusement, et c’est là l’aspect négatif, il y a de nombreuses places qui ont pour noms El Eulma, Tajenanet, Mohammadia, El Hamiz, Nedroma, etc., qui sont devenues des zones de non-droit. Le consommateur tombe dans le piège en acquérant des produits périmés, des biens qui représentent un danger pour sa santé et sa sécurité, des produits qui menacent aussi l’entreprise qui les incorpore dans sa production. Nous avons pour mission tous ensemble de nettoyer la sphère commerciale sur le plan des lois, la discipline, et lui donner une meilleure orientation, afin que le commerce puisse s’intégrer plus amplement comme un appui à la production. Le ministère du Commerce ne peut pas agir tout seul. Tous les acteurs, les opérateurs, les associations de la société civile (organisations des commerçants, organisations de protection du consommateur…) doivent apporter leur contribution pour atteindre de meilleurs taux de croissance, booster la création d’emplois et de richesses.
Nous avons besoin de sensibiliser, éduquer, informer, débattre et se concerter pour améliorer les choses. Beaucoup d’opérateurs n’ont pas ce réflexe de ramener le meilleur produit, quand il est importé à défaut de le produire sur place, ceci pour satisfaire le citoyen.
S’agissant de la lutte contre l’informel, tout le monde doit s’y mettre. Des importateurs importent des produits mal faits, des banques acceptent de payer, des douaniers laissent faire, et, au final, c’est le consommateur qui est arnaqué. Remettre de l’ordre dans tout cela, s’impose par conséquent. Concernant votre question sur la formule de la franchise et des franchisés, celle-ci commence timidement dans notre pays. Les candidats doivent être conscients que la franchise ne doit pas être seulement bonne pour eux mais doit être utile, et par conséquent, on ne doit pas accepter n’importe quelle marque mais celle qui est utile sur le plan commercial, économique et pour le citoyen, l’objectif final à ne pas perdre de vue étant la satisfaction du consommateur”.