1re réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au sahel

1re réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de lutte antiterroriste au sahel

M. Abdelkader Messahel a appelé pour des « discussions riches, substantielles et orientées vers l’action».

“Pour qu’elle soit complète et efficace, la lutte contre le terrorisme doit porter sur les leviers sur lesquels ce dernier s’appuie et dont il se nourrit », a déclaré hier au Palais des Nations, M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, lors de l’ouverture des travaux de la 1re réunion du groupe de travail sur le renforcement des capacités de la lutte antiterroriste.

Dans une allocution lue en son nom par son chef de cabinet M. Abdelaziz Sbaâ, il appelle à « une lutte féconde » et explique que par « leviers », il fait référence notamment « aux connexions avérées avec le crime transnational organisé, et qui servent (…) de source de financement principale des groupes terroristes dans notre région.»

Ce forum, que l’Algérie co-préside avec le Canada, est significatif « de la prise de conscience des menaces qui pèsent sur notre région et qui consistent en la menace terroriste, le crime transnational organisé et la pauvreté », a-t-il également indiqué

Aussi, cette rencontre est la seconde qu’abrite Alger en l’espace de deux mois, après celle de septembre consacrée au partenariat, à la sécurité et au développement entre les pays du Champ.

Et pour mettre les experts dans le vif du sujet, l’orateur les invite à faire de ce forum « une dynamique et un élan qu’il s’agira de maintenir et de renforcer ». Explicite, il précise que les discussions doivent « être riches, substantielles et orientées vers l’action ».

Dans ce même contexte, le ministre a souligné que l’un des créneaux les plus importants est le renforcement des capacités « que nous considérons comme un agrégat important de la mobilisation et l’amélioration des capacités nationales et régionales dans la lutte contre le terrorisme.»

S’adressant aux étrangers qui assurent la coopération extrarégionale, M. Messahel rappelle que les pays du Sahel, les plus concernés par la menace terroriste, « ont mis en place une stratégie régionale cohérente.»

Pour sa part, le coordonnateur pour le contre-terrorisme auprès du Département d’Etat américain, Daniel Benjamin, a appelé à bâtir une coopération des plus solides. « Nous savons que ce qui peut être adapté à un pays ne peut pas l’être à un autre.

Mais nous pouvons apprendre beaucoup des uns et des autres alors que nous travaillons ensemble à bâtir une coopération et la capacité de faire face à la menace terroriste dans la région», a-t-il déclaré.

Comme le ministre algérien, il souligne que « la menace terroriste est devenue plus complexes avec certains des changements survenant dans la région, en particulier en Libye ». A travers ce groupe du travail, il «espère avoir une vision plus claire des challenges de renforcement des capacités et des priorités dans la région ainsi que mobiliser l’expertise, les ressources, et la volonté politique pour y faire face».

Sur au autre volet, le diplomate US, a rappelé que le Forum lancé par la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et le ministre turc des Affaires étrangères, le 22 septembres à New York, constitue une nouvelle plateforme informelle, de lutte antiterroriste multilatérale. Le but de cette lutte, quant à lui, est l’identification des besoins civils critiques en termes de lutte antiterroriste, mobiliser l’expertise et les ressources nécessaires pour faire face à ce genre de besoins et développer la coopération globale.

Sur sa lancée, il souligne que les Etats- Unis escomptent débourser quelque 100 millions de dollars pour lutter contre ce phénomène transnational. Aussi, les Emirats arabes unis, soutient le conférencier, comptent soutenir et accueillir un Centre international d’excellence pour contrer l’extrémisme violent.

Quant à Mme Sabine Nolke, directrice générale du bureau principal du programme de sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères canadien, elle a tenu à mettre en exergue le fait que « reconnaître ce problème ne suffit pas. Il est temps de passer aujourd’hui à une coopération technique efficace et fiable.»

Elle juge aussi important de compléter les initiatives précédentes et de « parler ouvertement de tous les défis en utilisant un langage qui doit préciser cette coopération. » Aux responsables des pays du Sahel, elle a demandé à ce qu’ils « fassent part de leurs menaces spécifiques afin de déterminer les lacunes de la coopération internationale.»

Fouad Irnatène

Le général major Robin Searby, conseiller du PM britannique pour la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et au Sahel

“La Grande-Bretagne soutient la position de l’Algérie en faveur de la criminalisation du paiement de rançon”

La Grande-Bretagne soutient la position de l’Algérie qui appelle à criminaliser le paiement de rançon aux terroristes, a affirmé à Alger le général major Robin Searby, conseiller du Premier Ministre britannique pour la lutte antiterroriste en Afrique du Nord et au Sahel. « Le Grande-Bretagne soutient fermement l’initiative algérienne dans le cadre des Nations unies pour faire en sorte que le paiement de rançon soit illégal. Nous travaillons pour convaincre d’autres pays d’adhérer à cette position », a déclaré le général major Searby à la presse en marge de la réunion du groupe de travail sur le Sahel du Forum global de la lutte contre le terrorisme (FGCT). Interrogé sur cette réunion, il a précisé que son pays y prend part pour analyser la menace du terrorisme à laquelle fait face le monde et discuter d’aspects spécifiques tels que la sécurité aux frontières et l’aspect financier du terrorisme.

« Nous avons une très bonne expertise sur la question du financement du terrorisme et nous coopérons avec le gouvernement algérien dans ce domaine », a-t-il ajouté. A propos des armes volées des arsenaux libyens par des terroristes, le général major Searby a indiqué que la quantité d’armes qui circule n’a pas encore été déterminée. « Il y a prolifération d’armes mais nous ne connaissons pas leur quantité. Tout le monde en parle (…) la réalité est que nous ne savons pas combien d’armes et de missiles sol-air sont en circulation », a-t-il poursuivi.

« Ceci, a-t-il cependant précisé, ne veut nullement dire que nous n’avons pas de bons renseignements mais, plutôt, qu’il faut du temps pour que les choses deviennent claires », faisant remarquer à ce sujet que des armes avaient été achetées par le régime du colonel El Gueddafi de manière « illégale », d’où la difficulté, a-t-il noté, d’inventorier toutes les armes qui ont été dérobées.

A propos de la prolifération des armes qui circulent dans la région du sahel

M. Francisco Caetano José Madeira, directeur du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme : «Il y a toutes les raisons de s’inquiéter»

«On ne peut pas combattre le terrorisme sans un partage de l’information sincère, un échange opérationnel et actuel ». C’est ce qu’a indiqué hier, le directeur du Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale.

M. Francisco Caetano José Madeira qui était l’invité de l’émission « l’invité de la rédaction », a expliqué que cet échange était la condition sine qua non, « pour qu’on puisse combattre le terrorisme là où il se trouve. Nous savons qu’il s’agit d’une guerre contre le terrorisme là où il se trouve et qui est malheureusement transfrontalier et partout » a-t-il dit, soulignant ainsi la nécessité de coopérer. « C’est pourquoi il devient de plus en plus important que les pays mettent en place une structure comme celle que nous avons ici, entre les pays du Champ, comme le CEMOC, pour qu’ils puissent se rencontrer ; et échanger des informations, les partager ».

Pour l’expert, la question lancinante qui doit être à la base de cette coopération, est de cerner la situation « il faut qu’on sache où ces gens se trouvent, et comment les avoir. On ne peut pas combattre les terroristes sans le partage d’informations et un partage d’informations opérationnel actuel. »

Dans ce contexte, il expliquera que la situation est assez peu maîtrisable, notamment dans des régions comme l’Afrique de l’Ouest « où il y a pas mal de conflits, et nous sommes au courant qu’il y a des armes qui sont arrivées au Sahel ».

Evoquant la question de la prolifération des armes, du fait du conflit libyen, l’expert a expliqué que le problème est loin d’être banal. « Nous avons un autre problème avec la Libye où des armes sont arrivées entre les mains de l’AQMI. »

A la question de savoir si on peut aujourd’hui quantifier le nombres d’armes qui circulent dans cette région, M. Medeira a mis en exergue le fait que « les Américains parlent de 20 missiles courte portée qui ont été détruit par les forces de l’OTAN, mais il reste les autres que nous n’arrivons pas encore à identifier »

Une identification qui n’est pas aussi aisée que cela, selon lui. « C’est un grand défi parce que ce n’est pas facile de trouver le nombre exact des armes en circulation, mais les Etats-Unis, qui nous ont promis leur aide, ont des moyens plus sophistiqué pour les identifier ».

Néanmoins, l’expert signalera que l’Afrique « reste le maillon le plus faible en matière de résistance au phénomène du terrorisme », de par les faibles moyens de plusieurs pays et « les millions de km2 qu’on ne peut maîtriser ».

Après avoir salué les différentes initiatives diplomatiques de l’Algérie pour amorcer une coopération commune et régionale dans le domaine, M. Medeira, évoquera la question du paiement des rançons, « qui est en totale contradiction avec la volonté de combattre ce fléau », tout en concédant, comprendre les pays qui sont encore réticents à ratifier la loi. Enfin, il n’omettra pas de signaler le fait que le danger est le même pour tout le monde : « La menace est partout, et aucun pays n’est à l’abri. D’où la nécessité d’une stratégie commune. »

Amel Zemouri

Rencontre régionale des magistrats du pôle spécialisé de Ouargla

Le crime organisé en débat

La lutte contre le crime organisé a été au centre d’une rencontre régionale du pôle pénal spécialisé de Ouargla, tenue hier au siège de la cour de justice de Ouargla. La rencontre regroupe les magistrats du parquet et de la police judiciaire des six cours de justice relevant du pôle pénal spécialisé de Ouargla, à savoir celles de Ouargla, Illizi, Tamanrasset, Adrar, Ghardaïa et Bechar, a indiqué le procureur général de Ouargla. Quatre communications traitant de thèmes divers liés à la prévention et la lutte contre le crime organisé sont présentées lors de cette rencontre d’une journée. Elles abordent notamment la cybercriminalité à la lumière de la loi 04-05 portant sur les règles de prévention et la lutte contre les crimes liés aux technologies de l’information et de la communication, les divers aspects de criminalité liée au terrorisme, l’enquête sur le blanchiment d’argent et le tribunal pénal aux compétences élargies, a précisé le même responsable. Cette rencontre périodique des magistrats du pôle pénal spécialisé se tient une fois tous les trois mois sur différents thèmes, a-t-il fait savoir.

Deux questions à Maiga Baba Hamane, conseiller technique au ministère malien de l’Administration territoriale :

“On vaincra le terrorisme en assurant le développement”

M. Baba, lors de l’ouverture du forum global consacré à la lutte contre le terrorisme au Sahel, les différents intervenants se sont focalisés sur «la coopération technique». Etes-vous du même avis ?

En fait, je vous dirai que tous les éléments sont autour de cette question technique. En matière de coopération militaire, l’état-major, à titre d’exemple, est installé à Tamanrasset. Aussi, c’est l’Algérie qui assure le leadership pour avoir héberger ces différentes structures.

Sur le plan régional, le CAERT est basé, lui aussi, à Alger. Nous, représentant du Mali qui est un pays du Sahel, on adhère à ces différentes structures et à cette volonté affichée depuis plusieurs années par l’Algérie pour combattre le terrorisme et rétablir la paix interne, régionale et internationale.

Qu’attendez-vous au juste de ce forum ?

Il s’agit d’abord d’exposer nos différentes expériences, sachant que chaque pays a ses spécificités. Le Mali va se pencher, particulièrement, sur les domaines communautaires, l’implication de la société civile. Nous avons un programme spécial qui va montrer comment vaincre le terrorisme à partir du développement. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne, le sous-développement a permis à deux phénomènes dangereux, le terrorisme et l’insécurité, de s’implanter.

Propos recueillis par F.I.

Salem Ali Othmane, chargé des Affaires par intérim, à l’ambassade de Libye à Alger

«L’aide de l’Algérie nous permet d’asseoir la stabilité en Libye»

«On attend beaucoup de cette rencontre pour nous aider à récupérer les armes distribuées par les katibat d’El Gueddafi éparpillées en Libye et au niveau des frontières. Je dois signaler que ces katibat sont demandées par la cour internationale et par la justice libyenne. Aujourd’hui, on veut cette aide des pays du Sahel et notamment l’Algérie afin d’asseoir la stabilité en Libye ».

F. I.

Rezzag-Bara, conseiller auprès du président de la République :

“Le Sahel doit être une région d’intérêt central pour toute la communauté”

«Il s’agit aujourd’hui de mettre en place des programmes concrets visant à développer les capacités des pays concernés par la lutte antiterroriste, et de la nécessité pour la communauté internationale de prendre conscience de l’ampleur de cette menace transnationale », a déclaré hier en marge du forum global sur la lutte antiterroriste tenu à Alger, M. Rezzag-Bara, conseiller auprès du Président de la République. Devant un parterre de journalistes, il s’est dit, de prime abord, favorable pour la nécessité des partenaires extrarégionaux à même d’aider les pays du Sahel à faire face à la menace terroriste.

Evoquant le Sahel, région hautement concernée, il souligne qu’il « doit être aujourd’hui une région d’intérêt central pour toute la communauté internationale lorsqu’il s’agit de la lutte contre le terrorisme transnational ». Interrogé sur l’objectif des pays présents à ce forum, il répond : « Il s’agit de mobiliser l’ensemble des services concernés par la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans cette action, d’autant que le volet de la coopération militaire et sécuritaire n’est qu’un élément, certes le plus important, parmi tant d’autres comme le développement, la gouvernance et le renforcement des capacités des Etats à répondre à cette menace et à son évolution.» Enchaînant, M. Bara fait savoir qu’au Sahel, « cette évolution est de plus en plus préoccupante, notamment à la lumière de la prolifération des armes suite à la crise en Libye et le recours à la prise d’otages d’humanitaires ou de ressortissants étrangers par des groupes terroristes». Plus loin encore, il cite «l’importante question de la coopération et de l’entraide judiciaire et la lutte contre le financement du terrorisme et toutes les formes par lesquelles ce financement se transmet, y compris la question de la prohibition et de la criminalisation des rançons».

F. I.

M. Manuel Lopez Blanco, coordinateur de la stratégie de l’UE pour le Sahel

“Nécessité de renforcer les capacités des pays du Champ dans la lutte antiterroriste”

Les partenaires extra-régionaux sont plus que jamais appelés à prêter main forte aux pays du Champ (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger) pour les aider à renforcer leurs capacités en matière de lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, a indiqué hier à Alger M. Manuel Lopez Blanco, coordinateur de la stratégie de l’Union européenne (UE) pour le Sahel. Interrogé sur le rôle que peuvent jouer les partenaires extra-régionaux, M. Blanco a estimé, dans une déclaration à la presse, que l’ensemble des acteurs internationaux, à leur tête l’UE, sont appelés à contribuer de façon « effective » au renforcement des capacités des Etats de la région pour faire face au terrorisme, considérant que ces capacités demeurent insuffisantes par rapport à la dimension de la menace elle-même.

« L’objectif est donc d’augmenter les capacités de ces pays à traiter cette menace, sur la base de leurs propres besoins, et ce, dans le respect des principes de l’Etat de droit, de la justice et des droits de l’homme », a-t-il précisé. « Il s’agit, en outre, d’échanger les informations et les renseignements de façon à identifier les voies et moyens à mettre en œuvre pour agir de façon collective contre cette menace », a-t-il ajouté au sujet de la réunion du groupe de travail sur le Sahel, soulignant que des aspects « très importants » liés à la sécurité et à l’efficacité de la lutte antiterroriste dans la bande sahélo-saharienne, seront également à l’ordre du jour de cette réunion. Affirmant que lutte antiterroriste « doit d’abord être menée par les pays du Champ concernés », M. Blanco a fait remarquer que « l’appropriation » sera le mot-clé des travaux de la rencontre d’Alger.

« C’est ce principe plus précisément qui est retenu par l’UE », a-t-il expliqué. Concernant le lien établi entre le groupe « Boko Haram » activant au Nigeria et Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), le responsable européen n’a pas écarté l’hypothèse d’une connexion entre ces deux organisations terroristes qui appliqueraient un « même agenda » et auraient une « coopération probable en matière d’entraînement, de facilitation de refuge et de déplacement de leurs éléments respectifs ».