L’Algérie célébrera demain le 56e anniversaire du déclenchement de la révolution armée de Novembre 1954, qui allait donner sept ans plus tard l’indépendance aux Algériens. Cette date et celle du 5 juillet 1962 restent les actes fondateurs de l’Algérie post-coloniale. Les massacres de Sétif, Kherrata et Guelma en mai 1945 furent le prélude et le détonateur de ce qui allait suivre.
C’est dans la clandestinité la plus totale que 22 Algériens, militants actifs et tous issus du mouvement national, le PPA/MTLD, et l’OS, une structure paramilitaire créée en 1947 au congrès de Zeddine et chargée de préparer la lutte armée, préparaient ce qui allait donner naissance, un 1er novembre 1954, à un soulèvement généralisé, que la presse coloniale considérait, avec mépris, comme étant des actes de banditisme des plus saugrenus. Vingt-deux hommes qui allaient se mesurer, à l’époque, à la troisième puissance militaire mondiale et tenter de mettre fin à 125 années de domination coloniale.
Les «22» passent à l’action et créent, dans la foulée, le FLN qui allait devenir le bras politique de leur mouvement. Ils décident de choisir la date du 1er novembre, correspondant à la fête de la Toussaint (fête des morts, Ndlr), pour ébranler la quiétude des colonisateurs.
Le 1er novembre 1954, à 01h précisément, des attentats sont perpétrés simultanément dans toute l’Algérie. Trente au total, d’Oran jusqu’à la frontière tunisienne. A Alger, des bombes explosent à l’usine de gaz et à la maison de la Radio. Mais elles n’ont fait que peu de dégâts.
A Blida et à Boufarik, on signale des attaques, manquées, contre des casernes. A Boufarik, la coopérative d’agrumes et le stock d’alfa de Baba Ali sont incendiés. Dans l’Oranie, différentes fermes sont attaquées, une voiture 4 CV est brûlée à Cassaigne ; un mort et plusieurs blessés sont déplorés.
En Kabylie, le dépôt de liège de Bordj Menaïel est incendié, et l’on relève un mort et des dégâts importants. Des gendarmes sont également attaqués à Tizi Ouzou, outre des incendies. Dans le Constantinois, des rafales de mitraillettes ciblent des casernes et le poste de police à Condé Smendou, au Khroub.
Dans les Aurès, enfin, outre l’autocar d’Arris, deux casernes sont attaquées à Batna ; deux sentinelles sont tuées. A Khenchela, le commandant d’armes est abattu. Le poste de gendarmerie de Tkout est, quant à lui, totalement isolé. Partout, des poteaux télégraphiques sont sciés, des câbles électriques sectionnés.
La simultanéité des opérations, le choix méticuleux des objectifs et l’étendue du mouvement sur tout le territoire ne laissent planer aucun doute : il s’agit d’une action de rébellion conçue, organisée et exécutée par un groupe coordonné et relativement puissant. Deux ans plus tard, le petit groupe de combattants laisse place à une véritable armée nationale qui combat l’ennemi à travers tout le pays.
En 1962, l’indépendance de l’Algérie est déclarée, après sept années de guerre féroce. Trois ans plus tard, le premier président, Ahmed Ben Bella, est déposé par son chef d’état-major et ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene.
Ce dernier garda la même structure politique du pays, à savoir le parti unique, les orientations socialistes et le non-alignement par rapport aux deux superpuissances, les USA et l’URSS. A la mort de Houari Boumediene, en 1978, un autre colonel de l’ANP, Chadli Bendjedid, est désigné pour succéder au défunt.
Le troisième président de l’Algérie indépendante commence dés l’année 1980 à imprimer une autre politique étrangère au pays et fait un rapprochement stratégique avec la France, à la suite de la visite du chef de l’Etat français François Mitterrand en Algérie, en 1981.
Les Algériens découvrent au tout début du règne de Chadli Bendjedid, une autre politique économique de consommation, à travers le fameux programme anti-pénurie (PAP), en ouvrant les portes du commerce extérieur.
Des produits de consommation prohibés lors du règne de Houari Boumediene font leur apparition.
Chadli Bendjedid décide aussi de supprimer la fameuse autorisation de sortie du territoire national, imposée par le défunt Houari Boumediene. En 1986, la crise mondiale met à genoux l’Algérie et son économie. Le président Chadli met en place une équipe de spécialistes pour préparer les fameuses réformes économiques.
En octobre 1988, une violente émeute populaire fait vaciller son pouvoir. Il reprend les choses en main et décide l’ouverture politique du pays. En 1989, le multipartisme est officiellement consacré en Algérie. Une année plus tard, en 1990, plus de cinquante partis voient le jour.
Les premières élections municipales libres sont organisées à la fin de l’année 1990. L’ex-FIS remporte la quasi-totalité des sièges des APC. Deux autres partis, le FFS de Hocine Aït Ahmed et le FLN raflent le reste. En 1992, le premier tour des élections législatives est encore remporté par l’ex-FIS. Le processus démocratique est alors gelé. Chadli Bendjedid démissionne.
Un Haut Comité d’Etat (HCE), présidé par Mohamed Boudiaf, prend les affaires en main. En juin 1992, le président du HCE est assassiné à Annaba. Il est remplacé par Ali Kafi, également membre du HCE. En 1995, le général Zeroual est élu, face à ses concurrents Saïd Sadi, Louisa Hanoune et Djaballah.
Trois ans plus tard, le président Zeroual, qui a gagné la bataille du terrorisme, décide de partir. Une élection présidentielle anticipée est organisée. Sept candidats, dont Abdelaziz Bouteflika, sont en course. Ce dernier remporte l’élection et celles de 2004 et 2009.
Mahmoud Tadjer – Le Jeune Indépendant