1er Mai et conditions socioprofessionnelles,Un employé sur deux travaille au noir

1er Mai et conditions socioprofessionnelles,Un employé sur deux travaille au noir
1er-mai-et-conditions-socioprofessionnellesun-employe-sur-deux-travaille-au-noir.jpg

La journée du 1er Mai, date symbolique de la haute lutte des travailleurs à travers le monde, semble se résumer en Algérie, du moins pour les plus «chanceux», à une journée de repos chômée et payée.

En effet, malgré les quelques progrès qu’on annonce ici et là, la réalité est plutôt sans appel au sujet de la protection des droits des travailleurs et beaucoup de chemin reste encore à faire. Car des chiffres émanant de l’Office national des statistiques (ONS) font ressortir que plus de la moitié de la population en activité n’a pas accès à la couverture sociale. Soit un taux de 50,4 % de l’ensemble des travailleurs ne sont pas déclarés à la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas). Même si les chiffres de l’ONS ne sont pas régulièrement actualisés, à fin 2009, «sur les 9 472 000 occupés, 4 778 000 personnes ne sont pas affiliées au régime de la sécurité sociale, soit un occupé sur deux», révèlent les enquêteurs de l’ONS qui ont travaillé sur un échantillon de 15 104 ménages pour parvenir à ce constat. L’enquête montre que le phénomène de la non-affiliation à la Cnas concerne en premier lieu le monde rural.

Chez cette catégorie de la population, le taux a atteint les 60% tandis qu’en zones urbaines, les travailleurs non affiliés à la caisse de sécurité sociale représentent 46,% de la population activant au noir. Par secteurs d’activité, l’agriculture est en pôle position. 89% des travailleurs agricoles ne sont pas déclarés à la Sécu. Après l’agriculture vient le secteur du bâtiment et des travaux publics qui enregistre 79,8% des non déclarés. Outre le fait que les travailleurs subissent de plein fouet les conséquences de cette situation qui se répercute sur leur carrière et leur vie sociale, c’est la Caisse d’assurance qui en pâtit également. Car le manque à gagner de la Cnas ne fait que fragiliser la caisse, puisque cette dernière n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme. En plus de la non-affiliation à la sécurité sociale, les travailleurs activent souvent dans des conditions de travail difficiles et parfois au risque de leur vie. Dans cet ordre d’idées, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a indiqué jeudi passé, en marge d’une rencontre organisée au siège du ministère à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, que l’Inspection du travail a dressé en 2010, plus de 56 000 procès-verbaux d’infractions liées au non- respect des règles de prévention des risques professionnels au sein des entreprises. Selon des responsables même de l’Inspection du travail, les infractions dont on parle officiellement ne sont que la partie visible de l’iceberg. En outre, même si des PV sont dressés, les services de l’inspection n’ont pas les prérogatives pour agir en faveur des travailleurs lésés ; mais souvent des cas relevés de non- respect du code du travail par l’employeur atterrissent aux tribunaux. Face à de tels cas, les travailleurs cèdent sous le poids de l’intimidation de leurs employeurs ou baissent les bras face à la bureaucratie et à la lenteur judiciaire, pénalisant ipso facto le travailleur.

Hafid Mesbah