La télévision nationale, « l’Unique », « Litima » ou l’ « EPTV », l’appellation est à la carte.
Contrairement au restant de l’année, elle surprend les téléspectateurs chaque mois de Ramadhan avec des programmes globalement agréables, variés et divertissants. Curieux. Exploit ? Pas vraiment. Les versions explicatives sont innombrables.
On raconte que le précédent Dg a fait de l’excès de zèle en engageant le gouvernement à cautionner un projet prévoyant la création d’une demi-douzaine de chaînes de télévisions publiques. Ce qui dans l’absolu n’est pas faux.
Le zélé personnage peinait déjà à en faire tourner une convenablement, deux autres (Canal Algérie et la 3) à peu près, comment pouvait-il en gérer trois autres sans risquer d’en faire des clones de l’Unique ?
On raconte que l’on se fiche complètement de ce que les téléspectateurs autochtones regardent ou pas l’Unique. Et que, souligne-t-on avec dédain, si cela ne leur plaît pas qu’ils aillent regarder ailleurs, au sens propre du terme. C’est ce que font quelques millions d’Algériens qui remercient le Créateur de l’existence des TV satellitaires et de l’Internet. Ces échappatoires ne règlent pas le problème de la production télévisuelle locale. Potentiellement, il est parfaitement possible de le régler. Piste.
A la base, il faudrait que l’EPTV, « Litima » si vous préférez, se décide à organiser la première TV réalité de sa vie. Titre : « Algerian TV Story ». Elle couvrirait 365 jrs sur 365, avec un minimum quotidien de diffusion « direct-live » de deux heures. Il y aurait 19 participants rassemblés durant un mois, jour et nuit, dans une résidence top, avec toutes les commodités. Leur seul lien avec l’extérieur sera le téléphone, dans des conditions précises. Les 19 : Hadj Rahim (réalisateur), Belkacem Hadjadj (réalisateur), Nacer Djabi (sociologue), Daho Djerbal (historien), Pr Chitour, Zahia Yahi ( Dame de radio), Lyes Salem (comédien), Sonia (comédienne), Slimane Benaïssa (comédien, auteur), Louiza aït Hamou (universitaire), Fatima Belhadj (comédienne et auteur), Cheikh Chemesddine (prédicateur), Wassila Tamzali (auteur, universitaire), Sabrina Draoui (réalisatrice), Louiza Ammi (photographe), Hadda Hazem (éditrice de journal), Hafidha Ameyar (journaliste), Youcef Sayeh (producteur et animateur TV) et Ahmed Bejaoui (homme de cinéma).
Pour tout ce beau monde, il n’y aurait pas d’argent à la clé, encore que l’EPTV puisse parfaitement faire sponsoriser ce qui sera l’évènement culturel de l’année. Objectif de ce super brainstorming télévisé : dire ce qu’il y a lieu de faire pour avoir une production nationale télévisuelle en mesure de répondre à la demande de six chaînes. On leur précisera qu’une TV peut tourner avec 5 à 600 personnes tandis que « Litima » fonctionne avec plus de 3 000 personnes.
Ils disposeront chacun d’une documentation. En tout cas, les axes de leurs débats seront déterminés dans un cahier des charges. On leur demandera de nous dire pourquoi l’Algérie n’a jamais produit de série policière où la loi finit toujours par l’emporter, ou pourquoi n’a-t-on jamais produit une série sur la présence romaine à Timgad, Djemila ou Tébessa.
Nous verrons les 19 d’Algerian TV Story débattre, à table, au salon, en salle de réunion. En aparté ou en groupe. Nous verrons qui mène la danse, et qui tire au flanc.
Et peut-être que refleuriront des idées telles que des ateliers de scénaristes…Pour comprendre que le programme TV du Ramadhan est possible toute l’année, faut juste organiser « Algerian TV story ». Et songer à préparer une deuxième saison avec des représentants patentés de l’Etat. Audience nationale garantie.