«Cessez-le-feu lundi 19 mars, midi »: l’ordre est lancé dès le lendemain de la signature des Accords d’Evian le 18 mars 1962. Après sept années et quatre mois de guerre en Algérie.
Il aura fallu des mois de négociations difficiles pour faire aboutir un processus déclenché par le général de Gaulle qui affirme dès le 16 septembre 1959 le droit des Algériens à l’autodétermination.
Outre le cessez-le-feu immédiat, les accords prévoient un référendum d’autodétermination –99,72% de «oui » le 1er juillet en Algérie, après celui qui approuve les accords d’Evian en métropole le 8 avril.
L’indépendance sera proclamée symboliquement le 5 juillet, 132 ans jour pour jour après la prise d’Alger.
Ahmed Ben Bella, premier chef d’Etat de l’Algérie indépendante, est libéré le jour même de la signature des Accords qui fixent également un cadre de coopération aux deux Etats.
Ce dimanche 18 mars 1962 à Evian, petite ville au bord du lac Léman, les représentants français et ceux du Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), qui sont logés en Suisse, se retrouvent à l’hôtel du Parc.
Louis Joxe (1901-1991), ministre d’Etat chargé des affaires algériennes, mène la délégation française.
Krim Belkacem, ancien caporal-chef de l’armée française et colonel de l’Armée de libération nationale, chef de la délégation algérienne, signe au nom du GPRA.
En exil après l’indépendance, il sera assassiné à 48 ans en 1970. Un mois avant l’ouverture de la conférence d’Evian, le 20 mai 1961, le putsch des généraux a échoué à Alger.
Les ultras de l’ «Algérie française » entrés dans la clandestinité au sein de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), multiplient les attentats en Algérie et en métropole.
Le maire d’Evian lui-même, Camille Blanc, est assassiné le 31 mars 1961.
C’est dans ce climat –«une montagne de méfiance », dira le général de Gaulle- que se déroulent les pourparlers, entamés dans le secret en juin 1960 à Melun, plusieurs fois interrompus jusqu’à la phase finale à Evian, du 7 au 18 mars 1962.
Principaux points de blocage: le sort du Sahara, où les Français exploitent le pétrole depuis 1956 et testent la bombe atomique, et le statut de la minorité européenne (10% de la population de l’Algérie).
Mais avant même leur application, les accords d’Evian sont vidés de la plus grande partie de leur substance par la politique de la terre brûlée dans laquelle se lance l’OAS.
Près d’un million de «pieds-noirs » partent pour la métropole et des milliers d’Algériens fidèles à la France sont massacrés dans leur pays.
Les accords prévoient notamment que la France conserve la base aéronavale de Mers-el-Kebir pendant quinze ans (elle sera récupérée par l’Algérie en 1968), le maintien de l’Algérie en zone franc (le dinar algérien sera créé en 1964) et l’exploitation commune des richesses pétrolières du Sahara (Alger nationalisera son pétrole et son gaz en 1971).