Le 19 mars 1962, date de la victoire pour la Révolution de Novembre et pour le peuple algérien, met fin à plus d’un siècle d’une terrible répression et plus de huit années d’une guerre atroce.
Après une vingtaine de rounds de dures négociations entre la délégation algérienne du FLN et le gouvernement français, émaillés de volte-face et de tergiversations, la France finit par céder sur la question de l’indépendance, de la reconnaissance de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Algérie, y compris sur le Sahara, après 132 ans d’une colonisation impitoyable. L’Algérie et la France signent, la veille, le 18 mars, après des mois d’observations et d’ultimes pourparlers qui se sont déroulés du 7 au 17 mars, dans la ville d’Evian, des accords qui vont sceller cette reconnaissance.
Ils décident l’arrêt des combats sur tout le territoire national et instaurent un cessez-le-feu qui devait mettre fin à un drame qui a fait un million et demi de martyrs, sans compter les sans-abri. La France reconnaît plus de 8.000 villages incendiés et 2,1 millions de déportés dans des camps de regroupement. Les accords d’Evian signés par Krim Belkacem, pour le FLN, et Louis Joxe, pour le gouvernement français, décident d’une période de transition et l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination. Des clauses accordent des facilités aux troupes françaises dans certaines bases, notamment à la base navale de Mers El Kebir. Elles permettaient à la France d’achever son programme d’essais nucléaires et d’armes chimiques et bactériologiques, ainsi que le lancement de fusées à partir de la base de Hammaguir (Bechar).
Entre cette date et le jour de l’indépendance, l’Algérie vivra cependant des drames, des milliers de morts et d’actes de destruction de ceux qui n’accepteront pas facilement – des pieds-noirs ou certains Français d’Algérie – le verdict de l’Histoire. Assassinat de simples citoyens ou d’intellectuels, et destructions se succèdent avec le grand massacre du port d’Alger, le 2 mai 1962, l’incendie de la Bibliothèque d’Alger, etc.
De Gaulle avait déployé d’énormes moyens de propagande pour affaiblir la Révolution
Selon Belaïd Abdesselam, ancien chef de gouvernement, le général de Gaulle avait une hantise que l’Afrique du Nord et l’Algérie ne lui « glissent entre les doigts ». Le général « avait mis en œuvre contre le peuple algérien un plan d’action multiforme, visant à annihiler sa marche vers l’indépendance, ou à défaut, briser le cours et le souffle de notre Révolution ». Pour Belaïd Abdesselam, le général n’était pas un partisan de l’indépendance de l’Algérie, comme le laissent croire ses déclarations sur l’autodétermination.
Au contraire, dès les premières années de son retour au pouvoir en 1958, les mesures de répression de celui qui appelait à « la paix des braves » sont renforcées, avec le vote des pouvoirs spéciaux et les exécutions. C’est donc plus la pression des événements et le refus de solution autre que l’indépendance par les Algériens qui l’a fait plier. Il était « trop avisé des grands courants qui déterminent le cours de l’Histoire, il avait compris que les évènements qui se déroulaient en Algérie depuis le 1er novembre 1954 allaient conduire inexorablement l’Algérie vers son indépendance », poursuit Belaïd Abdesselam. De Gaulle avait déployé « d’énormes moyens de propagande, de séduction et de corruption pour affaiblir la lutte des masses populaires et les détourner du FLN ». Il avait tenté de créer une sorte de « Targuistan » dans le Sud (ce que nous avait rappelé récemment l’historien Lacène Zeghidi) et de faire éclater la nation algérienne par des « entités régionales sur des bases ethniques ». Belaïd Abdesselam ajoute que le président français a été jusqu’à proposer à des notables du Sud, « le partage à 50/50 avec la France, des richesses en hydrocarbures du sous-sol saharien, leur disant qu’étant donné leur nombre réduit, ils deviendraient aussi riches que le Koweït ».
K. Daghefli