Ayant survécu à un attentat contre le ministre André Malraux, le 7 février 1962 et à la suite duquel, grièvement blessée, j’ai perdu la vue, je serais non pas une victime mais une “bavure”, selon une confidence récente d’un vieil activiste -pas du tout repentant- à un journaliste. Delphine Renard. (Tiré du texte publié par Le monde sur internet).
Il y a un demi-siècle, à Paris, une manifestation pour la paix en Algérie et contre les attentats de l’OAS se terminait dans le sang. Aujourd’hui encore, la police ne reconnaît pas ses responsabilités.
Le 8 février 1962 à Paris, une manifestation à l’appel des partis de gauche contre la guerre d’Algérie et les attentats de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) se termine par la charge de la police et la mort de neuf manifestants à la station de métro Charonne, dans l’Est parisien.
Ces événements interviennent six mois après ceux du 17 octobre 1961, où la répression d’une autre manifestation d’Algériens avait fait plus de 200 morts, selon les sources officielles rendues publiques en 1997.
Rappel historique sur une période de troubles qui suscite toujours aujourd’hui des débats houleux.
La guerre d’Algérie touche à sa fin
Depuis l’automne 1954, la France est en guerre en Algérie, ce morceau d’Afrique du Nord colonisé depuis 1830 et divisé en trois départements. Devant l’ampleur de la crise, le général de Gaulle a été rappelé au pouvoir en juin 1958. D’abord favorable à la guerre, l’opinion publique française a progressivement changé d’avis, après l’envoi de soldats du contingent en Algérie.
En janvier 1961, un référendum sur l’autodétermination révèle que la population française est favorable à l’indépendance et à la fin de la guerre, il recueille 75 % de “oui”.
L’indépendance de l’Algérie ne fait plus de doute, mais ses modalités et son échéance ne sont pas encore très claires.
Au cours de l’année 1961, les tensions restent très vives
L’OAS, un mouvement de farouches partisans de l’Algérie française, multiplie les attentats, tant en Algérie qu’en métropole. Le FLN, Front de libération nationale, intensifie aussi les attentats, notamment contre les policiers français.
L’Algérie obtiendra l’indépendance quelques mois plus tard, le 18 mars 1962. Mais la guerre au lieu de s’arrêter fut reprise par l’Organisation de l’armée secrète, appliquant la politique de la terre brûlée.
L’OAS voulant se faire croire omniprésente, le 7 février 1962, à Paris et dans la banlieue, elle opère dix fois, par des charges de plastique qu’elle fait exploser aux portes des domiciles d’hommes politiques, d’intellectuels, de journalistes, tuant jeunes et vieux et même des enfants.
Technique courante : l’homme monte un escalier, dépose son paquet d’explosif plastique devant une porte ou tout simplement sur le palier de l’étage, et se sauve.
Objectif de ce jour-là : 2 professeurs de droit, Roger Pinto et Georges Vedel, un écrivain, Vladimir Pozner, un membre du bureau politique du PCF, Raymond Guyot, un journaliste, Serge Bromberger, un colonel d’infanterie, un général d’aviation en retraite, la prison de la petite-Roquette et un ministre, André Malraux.
Vladimir Pozner est sérieusement blessé à la tête ; Fernande Guyot est également atteinte ainsi que 3 ouvriers du bâtiment. Une dame de 81 ans est commotionnée et la petite Delphine Renard grièvement touchée à la face et aux yeux.
Sept blessés et parmi eux, cette enfant Delphine Renard âgée de quatre ans et demi. En attendant de retourner à l’école maternelle, elle jouait dans sa chambre, après le déjeuner, quand une charge de plastic destinée à André Malraux, qui habite le même immeuble, explose devant ses fenêtres. Delphine ne saura naturellement pas ce qui lui est arrivé. Quand son père la ramasse et la prend dans ses bras, le visage en sang, les yeux criblés d’éclats elle lui dit :
– Papa, j’ai des grains de sable dans les yeux.
Le visage de la petit Delphine Renard est labouré d’éclats de verre et de pierres ; l’œil droit arraché, le gauche atteint. Elle restera sur la table d’opération durant trois heures.
Ces grains de sable-là vont bouleverser la France. En plastiquant Delphine Renard par erreur, l’OAS a commis plus qu’un crime.
L’émotion est énorme et l’indignation à son paroxysme. À cause de cette petite fille, Paris se soulève contre l’OAS et le vent va tourner.
“Tous en masse à la Bastille,
à 18 h 30 !”
L’appel est lancé pour le lendemain jeudi 8 février 1962 par les unions des syndicats CGT de la Seine et Seine-et-Oise, l’Union régionale parisienne CFTC, l’UNEF et la Fédération de l’éducation nationale, de la FEN, et du SNI, les fédérations du PCF, du PSU, les Jeunesses communistes, le MRP, et le Mouvement de la paix :
“Il faut en finir avec les agissements des tueurs fascistes. Il faut imposer leur mise hors d’état de nuire. Les complicités et l’impunité dont ils bénéficient de la part du pouvoir, malgré les discours et déclarations officiels, encouragent les actes criminels de l’OAS”, dit le communiqué commun adopté par ces organisations.
Pour toute réponse, le ministre de l’Intérieur, Roger Frey rappelle en cours de journée, que les manifestations de rues “sont et demeurent interdites”. Le pouvoir tente encore de s’en tenir “à la doctrine de la nécessaire lutte sur les deux fronts” -contre les “fanatiques de l’Algérie française et contre les partisans de la négociation et de la paix.”
Les Parisiens ne l’entendant pas comme cela et sortent dans la rue pour manifester contre l’OAS. Manifestants et forces de l’ordre s’affrontent. Ce n’est pas la première fois ni la dernière. Pourtant le souvenir de cette journée va rester dans les mémoires comme celui de la tragédie de la petite Delphine puisque à cause de cette petite fille, Paris s’est soulevée contre l’OAS et va faire tourner le vent.
Le lendemain à 18 heures, dix mille manifestants convergent vers la Bastille. C’est sur le boulevard Beaumarchais que les choses commencent à se gâter.
Il est 18h 20 et les manifestants précédés des porteurs de banderoles et criant “OAS assassins” et “Paix en Algérie” apparaissent. Il fait un froid humide qui graisse le pavé et épaissit l’air à tel point que ni les enseignes des cafés, ni les devantures des magasins, ni les phares des voitures ne réussissent à dissiper l’obscurité.
La foule des manifestants s’avance. Des deux côtés du boulevard, les policiers s’immobilisent laissant traîner le bout de leurs bâtons blancs sur les trottoirs. Et tout à coup, les chefs qui mènent le cortège d’en face lèvent les bras. C’est un signal. Aussitôt les projectiles volent. Touché à la jambe, un gardien de la paix s’écroule tandis que ses collègues chargent.
Un reporter raconte : alors que je suis sous une averse de fonte, je vois un autre agent porter la main à son casque, la retirer et la regarder d’un air étonné : elle est pleine de sang. Il se retourne alors vers l’un de ses camarades qui le soutient et l’espace d’un instant j’aperçois son visage : il n’a plus de nez.
Alors emporté par la vague, je m’engage dans la rue du Chemin-Vert. Là, je vois un étudiant en scooter essayer de traverser la bagarre, recevoir à la volée un coup de matraque sur le crâne et tomber dans le ruisseau en criant : je n’ai rien fait.
En fait, en un instant la bataille est devenue si confuse, succession de heurts sporadiques entre petits groupes, qu’il devient impossible de la décrire.
Rue Saint-Gilles, le même reporter voit des jeunes manifestants assommer un agent de l’ordre avec son propre casque et un autre agent se faire lyncher sous la porte cochère d’un immeuble où il tentait de se refugier.
Mais, à quelques pas de là, ce sont les agents de l’ordre qui s’acharnent sur une sorte de monceau humain formé par une vingtaine de personnes qui, en fuyant, se sont heurtés à un cycliste qu’elles ont renversé et sur lequel elles se sont agglutinés…
L’un des points les plus chauds a été la place Voltaire.
Là, un instant, l’affrontement a failli tourner à la tuerie pure et simple. Comme sur le boulevard Beaumarchais, se déroulaient des bagarres confuses.
Coiffés de cageots à légumes, les manifestants s’exposaient un instant aux matraques, puis se dérobaient. Or, alors qu’ils avaient déjà tenté d’arrêter un car de police, voici qu’un second véhicule tente, en zigzaguant, de s’ouvrir un passage à travers leurs rangs.
Une voiture qui essayait de se garer lui bouche malencontreusement la voie. Aussitôt les manifestants l’assaillent et essaient d’extirper le chauffeur de sa cabine. Celui-ci craignant d’être lynché, sort son révolver et tire à plusieurs reprises. Plusieurs manifestants s’écroulent.
Ce qui se passe alors est plus que confus. Les agents, semble-t-il, se sont rués au secours de leur collègue en danger d’être lynché et sont restés maîtres de la chaussée maculée de sang. Une chose est certaine : malgré leur fureur, ils n’ont pas perdu le contrôle au point de faire usage de leurs armes. En revanche, ils ne se sont pas fait faute de poursuivre et de traquer les fuyards jusque dans les couloirs du métro et sans trop prendre la peine de discerner entre les émeutiers et les voyageurs innocents.
Mais c’est à la station Charonne, celle qui va laisser son nom à cette journée, que se produisent les scènes les plus effrayantes. Par prudence, afin que les manifestants ne puissent déboucher par là, elle avait été fermée, et là aussi, d’abord, tout semblait devoir se terminer dans le calme. Peu après 19 h 30, les organisateurs venaient en effet, de donner le signal de la dispersion.
Que s’est-il passé au juste ?
Il semble que, voyant surgir à cet instant des fuyards de la place Voltaire, les deux camps, qui ne s’affrontaient jusque-là que verbalement, sont pris de panique. Tandis que la police charge, la foule reflue dans le boulevard Voltaire. Et là, un certain nombre de personnes, apercevant la bouche de métro et ignorant qu’elle est fermée, s’y engouffrent avec une telle précipitation que sur la première vague arrêtée par les grilles vient s’écraser une seconde vague, puis une troisième et ainsi de suite. Or, tandis que le gros de la charge de police passe son chemin, un groupe de policiers se détache et se lance contre les malheureux pris au piège des grilles fermées. Tant et si bien que le rideau de fer contre lequel s’était brisée la première vague de fuyards cède.
Alors, c’est la ruée dans les couloirs et sur les quais. On voit la police s’engouffrer dans la station en enjambant les corps jonchant l’escalier. Parmi lesquels trois corps de femmes. Des femmes d’abord étouffées, puis piétinées. En tout cas mortes…
L’OAS (Organisation de l’armée secrète) est née au début du mois de mars 1961, à Madrid, d’un accord entre les activistes exilés ou clandestins de divers groupes ultras civils et militaires, au moment même où s’achevait “le procès des barricades”. La coïncidence n’est pas fortuite puisque, avant même la clôture du procès, les principaux accusés, Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde -qui se disputeront tous deux l’honneur d’avoir inventé le sigle OAS-, avaient pu tranquillement passer la frontière espagnole pour reprendre du service aux côtés du général Salan et des colonels. Ainsi, l’organisation d’une tentative nouvelle de subversion se trouve-t-elle être, pour une grande part, le produit de la mansuétude du pouvoir à l’égard de comploteurs civils et militaires qui avaient déjà fait parler d’eux en diverses occasions.
Dans l’une de ses instructions datée du 2 septembre 1961, Salan précise que l’OAS ne comporte que deux “branches” : l’OAS Algérie-Sahara (OAS-AS) et l’OAS-Métropole (OAS-Métro). Il enjoint aux responsables de l’OAS-Métropole de rassembler les divers groupuscules qui opèrent en Frances isolément, afin de former un “bloc sans fissures”. Preuve nouvelle, s’il en était besoin que l’unanimité ne règne pas dans les rangs. Lui-même qui, en toute modestie, se fait appeler alors “Soleil”, désigne un certain “Verdun”, un général dont l’identité n’a pas été établie judiciairement et un certain “Raphaël” pour prendre, en son nom le commandement des opérations métropolitaines.
Le capitaine Pierre Sergent – déserteur du premier REP élément actif du putsch manqué qui a été envoyé à Paris dès août 1961, en tant que “chef d’état-major” pour préparer le terrain, demeure, avec son adjoint le lieutenant Daniel Godot, le véritable patron.
Plus tard, courant décembre 1961, “Soleil” enverra en France un deuxième chef d’état-major, André Canal, chargé de doubler Sergent.
Ami du colonel Yves Godard, André Canal, dit le Monocle –il a perdu un œil- est un industriel algérois (directeur d’une société métallurgique) dont la fortune et les réseaux commerciaux sont d’une grande utilité à l’OAS. Son adjoint en France sera Jean-Marie Vincent, étudiant en droit d’Alger qui s’occupe de recruter un “réseau” à Paris parmi les étudiants. Ce sont ces jeunes dévoyés par l’OAS, qui exécuteront l’attentat dont va être victime la petit Delphine Renard.
7 février 1962 : plusieurs attentats à la bombe sont menés en région parisienne Celui visant l’appartement d’André Malraux à Boulogne-sur-Seine blesse grièvement une fillette de quatre ans, ce qui choque profondément l’opinion publique. Le lendemain, une manifestation visant à dénoncer les actions de l’OAS débouche sur le drame de la station de métro Charonne.
7 février 1962 : le capitaine déserteur de son poste en Allemagne (pour rejoindre le général retraité Salan) Philippe Le Pivain, fils du contre-amiral Le Pivain et chef de l’OAS du secteur de Maison-Carrée, banlieue d’Alger, repéré, est abattu sans sommation à un barrage par les gendarmes mobiles. À la suite de sa mort, le général Salan autorise le 23 février l’ouverture automatique du feu contre les gendarmes mobiles et les CRS.
12 et 18 février 1962 : Attaque de l’hôtel Radjah où se sont réfugiés environ 25 barbouzes par les commandos Delta. Les barbouzes sont décimés. 4 deltas tués.
16 février 1962 : 4 barbouzes tués dans leur voiture.
18 février 1962 : mitraillage d’un camp du FLN au Maroc par 2 chasseurs T6 “empruntés” à l’armée de l’air.
24 février 1962 : 20 morts dans une ratonnade à Alger, suite à l’assassinat par le FLN d’un chauffeur de taxi très populaire de Bab El-Oued, Angélo Victori.
25 février 1962 : attaque au bazooka d’une caserne de gendarmes mobiles de Maison- Carrée, les stocks d’essence et de munitions explosent. Création par le capitaine Gaston du maquis Lyautey dans la région de Bouira. Ils seront capturés par l’armée française le 10 mai 1962.
26 février 1962 : vague d’attentats contre les musulmans algérois. L’affrontement des communautés est engagé. Les attentats OAS ne sont plus seulement sélectifs.
27 février 1962 : enlèvement de l’ingénieur Petit-Jean par les barbouzes, soupçonnés d’appartenir à l’OAS.
5 mars 1962 : attaque de la prison d’Oran ; l’OAS y exécute 2 tueurs du FLN qui avaient été graciés.
Nuit bleue à Alger: 130 explosions de plastic.
8 mars 1962 : Roger Frey, ministre de l’Intérieur, donne l’ordre de mettre fin aux opérations des barbouzes et de rapatrier les survivants. Le bilan est d’environ 100 barbouzes tués, soit la moitié des effectifs envoyés.
9 mars 1962 : fusillade à Oran provoquant neuf morts. L’hôtel Radjah des barbouzes est rasé par 50 kg de plastic.
15 mars 1962 : assassinat de six membres des centres sociaux d’Algérie, dont l’écrivain Mouloud Feraoun, accusés par l’OAS de soutien actif aux réseaux FLN, suivi par le mitraillage de musulmans pris au hasard dans une file d’attente.
18 mars 1962 : signature des Accords d’Évian. Les forces de l’ordre françaises et une partie de l’armée collaborent avec l’ALN pour lutter contre l’OAS, chose que les barbouzes avaient déjà faite dès leur arrivée en Algérie en 1961.
l 20 mars 1962 et jours suivants : ultimatum lancé par l’OAS aux unités françaises pour qu’elles quittent Bab El-Oued, fief de l’OAS. Les actions menées conduisent à la mort de plusieurs gendarmes et appelés du contingent. L’armée réplique en envoyant des blindés.
De Gaulle obtient les pleins pouvoirs pour lutter contre l’OAS.
21 mars 1962 : Attaque de l’émetteur pirate de l’OAS à Oran par les forces de l’ordre.
22 mars 1962 : Attaque d’une patrouille de half-track des gendarmes mobiles par 20 hommes des commandos Z de l’OAS à la sortie du tunnel des facultés. Tous les prisonniers FLN sont amnistiés.
23 mars 1962 : Bab El Oued est soumis au couvre feu permanent, avec une heure par jour de sortie autorisée. Des barrages sont édifiés à l’entrée du quartier par l’OAS. Un camion d’appelés du contingent est intercepté. Ils ne veulent pas donner leurs armes, 7 morts. La répression fait 20 morts et 80 blessés, selon le bilan officiel.
25 mars 1962 : bombardement au mortier d’un quartier musulman à Oran, provoquant une quarantaine de morts.
25 mars 1962 : arrestation du général Jouhaud, du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume (le Crabe-tambour), et du commandant Gamelin.
26 mars 1962 : une manifestation pacifique de Français d’Algérie, visant à forcer le blocus de Bab El-Oued par l’armée est réprimée dans le sang rue d’Isly. Au moins 62 morts. Attaque du quartier par les blindés et mitraillage par l’aviation. Les commandos OAS, soutenus par la population et par une partie de l’armée qui tarde volontairement à boucler l’encerclement, s’enfuient par les égouts.
fin mars 1962 : après l’échec du soulèvement de Bab El-Oued, 15 000 civils arrêtés et 7 000 appartements saccagés lors de fouilles, création du maquis OAS de l’Ouarsenis par le colonel Jean Gardes, fief du bachaga Boualam et de ses mille harkis soutenant l’Algérie française depuis le début de la guerre. Environ 105 hommes y participent, dont le commando Albert.
29 mars 1962 : le bachaga Boualam proclame lors d’une émission pirate de radio que l’Ouarsenis est terre française. Ce maquis sera mitraillé et bombardé au napalm par l’aviation française.
3 avril 1962 : attaque par l’OAS d’une clinique servant de PC au FLN.
6 avril 1962 : arrestation de Roger Degueldre.
8 avril 1962 : approbation des Accords d’Evian par référendum.
9 avril 1962 : un dernier groupe du maquis de l’Ouarsenis, intégrant le commando Albert, affrontera des membres de l’ALN, qui y ont été convoyés, ravitaillés par l’armée française. Les membres du maquis sont finalement arrêtés les uns après les autres ou finissent par se rendre (colonne du capitaine Pierre Montagnon), certains s’échappent mais sont repris.
Le bachaga Boualem négocie l’envoi en métropole par avion militaire de 200 personnes de ses proches à Mas Tibert en Camargue, contre l’abandon du maquis.
12 avril 1962 : début de la vengeance et d’enlèvements d’Européens, il y aura des milliers de disparus.
13 avril 1962 : le général Jouhaud est condamné à mort.
19 avril 1962 : le général Katz, à Oran, interdit à toute personne de se trouver sur les balcons et les terrasses sous peine d’ouverture du feu sans sommation.
À Paris, le Conseil des ministres refuse la proposition de rapatriement des harkis.
l 20 avril 1962 : arrestation du général Salan et du capitaine Ferrandi.
22 avril 1962 : libération à Fresnes de 200 prisonniers FLN, dont Yacef Saâdi, qui retournent en Algérie.
2 mai 1962 : attentat OAS à la voiture piégée sur le port d’Alger occasionnant une soixantaine de morts. : vengeance des Algériens qui se livrent à des enlèvements de pieds-noirs dont beaucoup ne reparaîtront pas. Ce double terrorisme crée une séparation complète entre quartiers européens et musulmans à Alger et Oran.
5 mai 1962 : arrestation de “Canal”, responsable OAS métropole.
6 mai 1962 : la politique de la terre brûlée est instituée par l’OAS.
8 mai 1962 : les quelques barbouzes survivants sont ramenés en France.
9 mai 1962 : 41 corps égorgés sont trouvés à Oran.
11 mai 1962 : incorporation forcée de 6 000 jeunes pieds-noirs dans l’armée avec mutation immédiate en métropole.
12 mai 1962 : Pierre Messmer et Louis Joxe précisent dans une note ministérielle que les militaires français organisant personnellement le rapatriement de leurs harkis pour les sauver sont en infraction caractérisée ; ces harkis doivent immédiatement être renvoyés en Algérie.
18 mai 1962 : Le bachaga Boualem quitte l’Algérie avec ses harkis.
Première entrevue Farès-Susini pour un projet d’accord FLN-OAS.
20 mai 1962 : création à Rome par Georges Bidault, Jacques Soustelle, Antoine Argoud et Pierre Sergent d’un Conseil national de la Résistance, nommé ainsi par référence au CNR de 1943. Le FLN remet aux autorités une liste nominative de 112 policiers et militaires dont la mutation en métropole est demandée et sera immédiatement obtenue.
26 mai 1962 : le haut tribunal militaire est dissous par de Gaulle car il ne condamne pas à mort le général Salan. Une nouvelle Cour de justice est créée par ordonnance.
27 mai 1962 : le gouvernement annonce que 14 000 prisonniers FLN ont été libérés depuis les accords d’Évian.
29 mai 1962 : découverte d’un nouveau charnier de 35 cadavres d’Européens à Bouzaréah,
7 juin 1962 : Albert Dovecar et Claude Piegts, membres de l’OAS, sont fusillés.
12 juin 1962 : démantèlement du réseau Est de l’OAS-métropole, qui préparait l’assassinat de de Gaulle à Vesoul.
14 juin 1962 : tentative d’assassinat du général Katz à Oran. Son aide de camp est tué par erreur.
15 juin 1962 : discussions entre une partie de l’OAS menée par Susini et le FLN (Mostefaï) pour un cessez-le-feu.
25 juin 1962 : l’OAS fait sauter les citernes d’essence du port d’Oran. L’incendie durera 3 jours.
27 juin 1962 : la direction de l’OAS appelle à déposer les armes. Les commandos Delta quittent Oran pour l’Espagne.
28 juin 1962 : le lieutenant Degueldre est condamné à mort.
Fin juin 1962 : 328 000 personnes ont quitté l’Algérie en juin, ce qui porte à 690 000 le nombre total de départs.
2 juillet 1962 : suicide du général de Larminat qui devait présider la nouvelle Cour de justice. Les derniers commandos OAS quittent Alger.
3 juillet 1962 : L’Algérie accède à l’indépendance, après le référendum du 1er juillet approuvé par 99,72 % des votants.
C. N.
(*) Auteur, écrivain, ancien moudjahed, membre de l’ ALN