Il y a 48 ans, le colonel Houari Boumediène prenait le pouvoir par la force. Le coup d’État du 19 juin 1965 en Algérie est un putsch militaire animé par le colonel Houari Boumédiène ministre de la Défense, à l’issue duquel le président de la République Ahmed Ben Bella est renversé et Boumédiène devient le nouveau président de l’Algérie de 1965 à 1978.
L’Algérie devenue un État indépendant à l’issue du référendum populaire du 1er juillet 1962, le pays connaît immédiatement un conflit durant la crise de l’été 1962, qui oppose le GPRA, signataire des accords d’Évian et le « Bureau politique » formé par Ahmed Ben Bella qui a scellé un pacte avec le « clan d’Oujda » – à sa tête le colonel Houari Boumédiène, chef d’État-major général de la fameuse « armée des frontières » forte de 35 000 hommes, bien équipée et disciplinée. Ben Bella impose peu a peu son autorité. Avec l’appui militaire du colonel Boumédiène, il organise les élections à une Assemblée nationale constituante, le 20 septembre 1962, qui le désigne comme chef du premier gouvernement algérien. L’année suivante il devient le premier président de la République de l’Algérie indépendante, par le référendum du 15 septembre 1963 avec 5 085 103 voix.
Deux années plus tard, Ben Bella ne voit pas monter le danger. Le colonel Boumédiène est vice-président du gouvernement depuis 1963 et ministre de la Défense et donc chef de l’ANP, l’héritière de l’« armée des frontières » qu’il ne cesse de la renforcer et de l’équiper en faisant appel aux Soviétiques. À ce poste il dirige aussi la toute puissante Sécurité militaire, véritable police secrète à la disposition du chef des armées. « Nous soutiendrons Ben Bella tant qu’il sera utile à l’Algérie. Le jour où il cessera de rendre service, il ne nous faudra pas plus de deux heures pour le renverser », aurait déclaré Boumédiène à son clan.
N’osant pas s’attaquer directement au colonel Boumédiène, Ben Bella cherche à réduire l’influence du « clan d’Oujda » au sein de son gouvernement. Il provoque la démission d’Ahmed Medeghri, ministre de l’Intérieur, puis pousse Kaïd Ahmed à renoncer au ministère du Tourisme. Et lors d’un remaniement ministériel en décembre 1964, il réduit considérablement les attributions de Chérif Belkacem un des membres du « clan d’Oujda », ministre de l’Orientation, qui a sous son autorité l’Information, l’Éducation nationale et la Jeunesse. Le président de la République, déjà chef du gouvernement et secrétaire général du FLN, s’attribue les portefeuilles de l’Intérieur, des Finances et de l’Information. Ben Bella rassemble sur son nom toutes les oppositions. Son ministre de la Santé, le docteur Mohmaed-Seghir Nekkache, le met en garde, sentant l’imminence du danger.
Le 28 mai 1965, alors que le colonel Boumediene représente l’Algérie à la conférence des chefs de gouvernement arabes au Caire, Ben Bella annonce qu’il retire à Abdelaziz Bouteflika, autre membre du « clan d’Oujda », son portefeuille de ministre des Affaires étrangères. Bouteflika alerte aussitôt son « patron », le colonel Boumédiène. Ce dernier rentre aussitôt à Alger et il réunit ses compagnons du « clan d’Oujda » que viennent rejoindre les officiers chaouis du « groupe de l’Est » dont (Tahar Zbiri, Saïd Abid, Ahmed Draia, Salah Soufi, Abdelaziz Zerdani). Tous sont pour le renversement de Ben Bella. L’opération est minutieusement préparée.
La villa Joly, où réside le chef de l’État est située dans le même quartier où se trouve l’appartement du colonel Boumédiène, à proximité de la Villa Arthur, où habite Bouteflika et non loin de l’état major de ANP où ont été mis au point les détails du complot3. C’est au chef d’état-major de l’armée, le colonel Tahar Zbiri et la Sécurité militaire que le colonel Boumédiène leur confie la tâche de mettre aux arrêts le président de la République.
Ben Bella est pris au saut du lit chez lui, le 19 juin 1965 à 2 h 30 du matin. Le premier président de la République algérienne restera enfermé pendant quinze ans et ne sera libéré que le 30 octobre 1980 sous la présidence de Chadli Bendjedid.