Attendu sur le terrain économique et social, le secrétaire général de l’UGTA prend une tout autre tangente et déclare la réunion tripartite, dont les travaux s’ouvrent aujourd’hui à Biskra, «rendez-vous éminemment politique».
Au-delà donc de toutes les contingences nationales et internationales qui acculent le pays et pressent le gouvernement à trouver les mesures les plus appropriées pour lui permettre de pallier les difficultés financières conséquentes de la baisse drastique du prix du baril de pétrole, l’UGTA saisit l’opportunité de la célébration, durant ce mois d’octobre, du 10ème anniversaire de l’adoption par référendum de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale pour décréter la réunion qu’elle partage aujourd’hui à Biskra avec le gouvernement et le patronat public et privé, comme «attestation du retour de l’Algérie à la paix et à la sécurité».
Abdelmadjid Sidi Saïd n’hésite pas alors à la qualifier de «rendez-vous éminemment politique de consécration du dialogue social». Il nous avoue sans complexe que «j’ai travaillé pendant deux longues années pour pouvoir avoir l’aval de Guy Ryder, le directeur général du BIT (Bureau International du Travail) pour qu’il assiste à cette tripartite». C’est avec une grande fierté qu’il nous affirme que «j’ai une amitié très poussée avec Guy Ryder, je voulais absolument qu’il assiste à cette réunion pour consacrer le dialogue social algérien comme modèle international pour gérer et résoudre les problèmes économiques et sociaux du monde du travail, c’est donc la concertation qui est consacrée, loin de la confrontation». Sidi Saïd affirme bien connaître l’importance de la «griffe» du BIT sur «la consécration des instruments que l’Algérie a choisis pour préserver la paix sociale».
Le SG de l’UGTA a été membre du Conseil d’administration du BIT à Genève de 2002 à 2011. «J’ai été élu en tant que représentant de l’Algérie pour trois mandats consécutifs, j’étais titulaire, l’Algérie est représentée aujourd’hui par le gouvernement et le patronat privé», nous explique-t-il. Il note ainsi que «depuis la création en 1919 de l’OIT (Organisation internationale du travail), c’est la première fois qu’un directeur général du BIT marque de sa présence une réunion tripartite». Guy Ryder est DG du BIT depuis 2012. Son mandat expire dans peu de temps. Le SG de l’UGTA lui fait un clin d’œil en déclarant qu’«il pourra compter sur moi pour lui assurer la voix de l’Algérie et celle de l’OUSA (Organisation de l’Unité Syndicale Africaine) dont je suis le vice-président,» Sidi Saïd rappelle que «le modèle du dialogue social national a été présenté sous sa forme Pacte National Economique et Social, en exclusivité en 2005 à Genève, à la 83ème session du BIT par le président de la République, c’était une première au niveau de cette institution internationale».
2005 est pour lui «cette année où le dialogue social a été présenté au monde international du travail et où l’Algérie a voté en faveur de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, je voulais que ce sentiment profond de la paix soit consacré dans cette tripartite». Le SG de l’UGTA déclare avec enthousiasme que «je suis un fan du président Bouteflika parce qu’il a réussi là où nombreux à travers le monde ont échoué, il a réussi à mettre fin au sang et aux larmes d’un peuple qui a été meurtri pendant de longues années». Sidi Saïd affirme que «j’ai des raisons valables pour porter l’homme qui a su remettre l’Algérie sur pied».
Il reprend «les événements les plus marquants qui me donnent cette conviction profonde» pour les aligner tout en soulignant que «le dialogue social, la réconciliation nationale et l’effacement de la dette par anticipation sont aujourd’hui considérés comme des impératifs pour juguler toute crise en premier, celle de pouvoir faire face aux conséquences de la lourde baisse du prix du baril du pétrole. Sans l’effacement de la dette, on se demande comment on aurait pu agir, on aura eu les pires difficultés et on aura été étranglé par le FMI». Ce sont ces derniers propos qui permettent au SG de l’UGTA de rappeler que «toutes les questions économiques et sociales sont contenues dans le pacte économique et social de croissance dont le 2ème rapport d’étape sera présenté à Biskra».
Sidi Saïd tiendra pour la circonstance à rappeler qu’ «en décidant de supprimer l’article 87 bis, le président de la République a effacé la dernière conditionnalité du FMI». Il estime que «ce n’est pas un marchandage, loin de là». Il me suffit, nous dit-il, «de savoir que parmi les 2 millions de travailleurs qui ont bénéficié des conséquences financières de cette suppression, on compte près de 13.000 travailleurs du secteur des textiles, qui est considéré comme le parent pauvre de tous les segments économiques, qui ont reçu en moyenne entre 3000 et 7000 dinars d’augmentation».