18e Rencontre de Pédiatrie Pratique : L’introduction du vaccin anti-pneumococcique dans le calendrier vaccinal de l’enfant, un impératif

18e Rencontre de Pédiatrie Pratique : L’introduction du vaccin anti-pneumococcique dans le calendrier vaccinal de l’enfant, un impératif

En Algérie, en 2010, ce ne sont pas moins de 3.100 enfants de moins de 5 ans qui sont décédés à la suite d’une pneumonie.

En Algérie, en 2010, ce ne sont pas moins de 3.100 enfants de moins de 5 ans qui sont décédés à la suite d’une pneumonie. Le pneumocoque est un agent microbien redoutable, il est entouré d’une capsule qui le rend très virulent. L’OMS l’a dénommé le tueur silencieux.

Les infections au pneumocoque représentent une partie très importante de la pathologie de l’enfant et sont considérées comme la première cause de mortalité et de morbidité chez l’enfant de moins de cinq ans.

De ce fait, d’éminents médecins et professeurs ont déclaré que «l’introduction du vaccin anti-pneumococcique dans le calendrier vaccinal de l’enfant est indispensable et primordiale». Lors de la tenue de la 18e Rencontre de pédiatrie pratique, organisée vendredi et samedi derniers au palais des Congrès de Paris, le professeur en pédiatrie, Mme Benhalla, a déclaré qu’elle espère «voir la vaccination anti-pneumococcique, devenir une obligation en Algérie afin de protéger les enfants».

Et d’ajouter : «C’est une protection supplémentaire pour nos enfants afin de prévenir ces infections.» Cela dit, le Pr Benhalla a expliqué que «la vaccination seule n’est pas suffisante afin de réduire les infections au pneumocoque, mais il faut aussi réduire l’utilisation des antibiotiques.» Selon elle, le médecin a une responsabilité qui est celle de réduire la préinscription intempestive des antibiotiques. «Ce sont les deux volets qu’il faut respecter afin d’éviter ces infections, l’un ne va pas sans l’autre», a-t-elle indiqué.

Dans le même sens, la spécialiste a mis en garde contre la vente des antibiotiques sans ordonnance par les pharmaciens. À cet effet, elle a estimé que «le médecin doit réfléchir à deux fois, et réexaminer l’enfant avant de lui prescrire des antibiotiques. Espérons l’élaboration d’une loi qui interdira la ventes de ce genre de médicament».

En effet, la consommation d’antibiotiques croissante a induit, dans le monde et en Algérie, le développement de résistances des bactéries à ces médicaments, rendant difficile le traitement de ces patients. «Afin de mieux contrôler ce phénomène croissant, il est nécessaire de faire une évaluation régulière de la résistance, d’étudier la consommation des antibiotiques, de développer les activités d’hygiène hospitalière et d’informer le grand public sur le danger de l’utilisation inappropriée des antibiotiques», préconisent les experts.

De son côté, le praticien hospitalier pédiatre, François Angoulvant, a indiqué que «le vaccin pneumococcique protégera l’enfant contre les infections au pneumocoque, et son efficacité a été prouvée dans une étude en France. Aussi, il y a des données dans d’autres pays, comme en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle Zélande, qui démontrent l’intérêt du vaccin afin de diminuer les pathologies pneumococciques».

Le spécialiste a déclaré que «les recommandations nord-américaines et françaises vont dans le sens de vacciner les enfants très jeunes, à partir de trois à quatre mois. La vaccination est un moyen efficace de prévention qui démunit les affections à pneumocoque, et si l’Algérie ajoutait le vaccin anti-pneumococcique, cela constituerait un plus pour ses enfants».

Pour sa part, Mme Jenhani Svitlana, docteur pédiatre à Tunis, a estimé que «la vaccination des enfants est une décision politique, et c’est important d’assurer une vaccination gratuite à ces enfants». Une vision partagée par le docteur François Vie Le Sage, qui a mis en exergue l’importance et l’obligation d’introduire le vaccin anti-pneumococcique dans le calendrier vaccinal de l’enfant.

Il faut dire que pour ce qui est de l’Algérie, en 2010, plus de 3.100 enfants de moins de 5 ans sont décédés à la suite d’une pneumonie. Aussi, les spécialistes ont mis en exergue le fait que les infections invasives à pneumocoque «s’observent avec une plus grande fréquence avant l’âge de 6 mois.

Avant l’âge de 2 ans, le pneumocoque est la principale cause de méningite bactérienne. La méningite à pneumocoque est la plus redoutable des infections, elle peut entraîner le décès, et lorsque l’enfant survit, elle est responsable de séquelles. Selon les régions, les méningites à pneumocoque de l’enfant sont une cause majeure de morbidité à 24,7%, et de mortalité à 28%.

Un enfant sur trois présentera des séquelles qui vont se manifester par des convulsions, une épilepsie, une paralysie, un retard psychomoteur ou une surdité. Ces séquelles sont lourdes, elles vont entraver le développement normal de l’enfant et vont nécessiter des soins continus et coûteux».

Un programme mondial de lutte

Ce programme, initié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comporte plusieurs actions pour réduire la morbidité et la mortalité par les infections à pneumocoque : la protection des jeunes nourrissons par l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, la lutte contre la malnutrition, la prévention du petit poids de naissance. La prévention des maladies infectieuses évitables par la vaccination : tous les vaccins inclus dans le programme élargie de vaccination.

L’OMS recommande l’introduction du vaccin anti-pneumococcique dans le PEV. Le troisième axe d’action contre le pneumocoque est le traitement précoce des infections à pneumocoque par une antibiothérapie adaptée. Plusieurs pays dans le monde ont intégré le vaccin anti- pneumococcique dans leur programme élargi de vaccination.

W. B.

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Qu’est-ce que le pneumocoque ?

Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) est une bactérie d’une très grande diversité. Il possède en effet une capsule, structure composée de sucres complexes (appelés polyosides ou polysaccharides) enveloppant la bactérie et expliquant pour partie sa virulence.

Selon la nature de ces polyosides, plusieurs sortes de pneumcoques sont définies, appelées sérotypes. Il existe environ une centaine de sérotypes du pneumocoque, dont l’importance est variable en médecine humaine. Ces sérotypes sont désignés par des chiffres parfois suivis d’une lettre (exemple : pneumocoque de sérotype 1 ou de sérotype 19F).

W. B.