Le Bureau politique du Front de libération nationale (FLN) a décidé de se réunir aujourd’hui samedi en présence des 220 députés du FLN siégeant à l’Assemblée populaire nationale (APN).
Cette réunion avec les députés intervient après la tentative avortée de Abderahmane Belayat, coordinateur provisoire du BP, de procéder au renouvellement des structures du parti au sein de l’APN en optant pour la désignation au lieu des élections, ce qui a provoqué une crise entre lui et les députés de son parti.
Mais le hic c’est que la majorité des députés, le chiffre de 189 est avancé, n’assistera pas à cette réunion selon le président du groupe parlementaire du FLN, Tahar Khaoua (photo), entouré de quelques députés de la même formation politique, que notre journal a rencontré. Ces derniers ont mis en avant plusieurs raisons pour justifier ce boycott.
La première raison, selon nos interlocuteurs, est que Belayat s’est auto-proclamé coordinateur du parti alors que cette qualification n’existe pas dans les textes, rappelant que l’article 9 du règlement du Comité central (CC) indique que seule la réunion du CC, chargée d’élire le secrétaire général du parti, verra ses travaux présidés par le plus âgé et le benjamin. Or il se trouve que la plus âgée est la sénatrice Kheira Leila Tayeb. Belayat a donc usurpé, selon eux, cette place qui revenait de droit à Leila Tayeb.
Les mêmes sources indiquent, comme seconde raison, que “Belayat, au lieu de créer un climat serein et apaisé, a, en fait, prolongé la crise au sein du parti pour des buts inavoués” en énumérant les points suivants:
1- “Instrumentaliser le parti dans le cadre des prochaines échéances électorales d’avril 2014, pour preuve, Abdelhamid Si Affif, membre du BP, qui, dans une déclaration à Annahar TV dénie au président Bouteflika toute ingérence au sein du parti, au motif qu’il n’est qu’un président d’honneur. Or, l’article 34 des statuts du parti énonce que le président Bouteflika est le Président du parti”.
2- “Déstabiliser les institutions de l’État et en premier lieu l’APN en provoquant une grave crise au sein du groupe parlementaire majoritaire, celui du FLN, en suscitant la division et les controverses parmi les 220 députés”.
3- “Éviter à tout prix les élections, en privilégiant la désignation, pour le renouvellement des structures du parti au sein de l’APN, en arguant comme l’a fait Si Affif, dans une déclaration à Echourouk, que Belayat est soutenu par de hauts responsables de l’État, alors que le président de l’APN a indiqué que des élections auront bien lieu à la rentrée parlementaire conformément à l’article 13 du règlement intérieur de l’Assemblée”.
4- “Les déclarations de Si Affif qui s’est auto-proclamé de facto secrétaire général du parti en affirmant que le parti a un candidat pour les prochaines élections présidentielles, précisant même que ce dernier est un proche du parti”.
Pour “toutes ces raisons et pour bien d’autres”, les 189 députés du FLN ont décidé de boycotter la réunion de ce samedi du Bureau politique “afin de ne donner aucune légalité à Belayat qui se conduit comme le patron du parti en prenant des décisions intempestives, anti démocratiques, provocant crises, divisions et dissensions” précisent nos interlocuteurs.
Ces derniers “mettent en garde contre les agissements du binome Belayat-Si Affif, qui a déjà prouvé par le passé avoir eu recours à différents subterfuges, le plus usité étant l’utilisation frauduleuse de fausses procurations, rédigées à la main et portant de fausses signatures”.
Pour appuyer leurs dires, nos interlocuteurs ont exhibé un démenti par écrit de la députée de Sétif, Narrimane Ikhlef, réfutant avoir donné procuration au couple Belayat-Si Affif et met en garde contre toute utilisation de son nom qui entrainerait, selon elle, des poursuites judiciaires.
Enfin, nos interlocuteurs ont indiqué que 189 députés ont soutenu leur démarche en nous présentant leurs déclarations sur l’honneur, confirmant leur non présence à cette réunion, qualifiée de mascarade. Parmi les non présents, une absence de taille, celle de Habiba Bahloul, députée de Constantine mais surtout membre du Bureau politique qui a indiqué par écrit ne pas vouloir donner sa caution à cette réunion en s’abstenant d’y assister protestant ainsi, selon elle, contre les décisions unilatérales.