«Le sida est une maladie chronique qui n’arrive pas qu’aux autres»
Les laboratoires omettent de transmettre les résultats de leurs analyses à l’Institut Pasteur.
Le VIH est une maladie sournoise, qui se propage lentement, n’épargnant ni les personnes adultes, ni les nouveau-nés. Selon le Dr Salima Bouzghoub, biologiste à l’Institut Pasteur, 1866 Algériens ont été déclarés séropositifs et 266 sont sidéens depuis 2005, parmi lesquels 16 bébés contaminés par leurs mères porteuses du virus.
La transmission de la maladie s’effectue, dans les deux tiers des cas, lors des accouchements, contre 33% durant les trois premiers mois de grossesse. Les rapports sexuels sans utilisation de moyens de protection sont les principales causes de la maladie.
L’invitée du forum d’El Moudjahid, qui s’exprimait à la veille de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida, a beaucoup insisté sur les moyens de prévention, qui, dit-elle constituent l’unique rempart pour lutter efficacement contre la propagation du virus qui menace la santé publique. «Le sida est une maladie chronique qui n’arrive pas qu’aux autres. On doit faire très attention pour l’éviter en multipliant les campagnes de prévention et en renforçant les moyens de dépistage au niveau des structures sanitaires notamment.»
Même si elle est évaluée qu’à 0,3% seulement, la transmission du sida par injection comporte aussi des risques. Tout comme certaines maladies telles que l’hépatite B ou la syphilis qui peuvent véhiculer la maladie.
Les routiers et le flux migratoire sont pour beaucoup dans la propagation du sida. C’est en tout cas la conclusion à laquelle est parvenue Salima Bouzghoub qui cible les populations du sud du pays en indiquant qu’elles sont les plus exposées. Qui dit sida, dit rapports sexuels sans moyens de protection. La prostitution est un vecteur. Préférant le vocable «travailleuses du sexe», le Dr Bouzghoub tout en précisant que la contamination se féminise, avertit: «Si celles-ci ne sont pas suivies biologiquement, elles vont mourir.» A une question relative aux génériques, l’oratrice s’est voulue rassurante. Peu importe pour elle si les médicaments sont importés ou produits localement, l’essentiel est qu’ils soient disponibles sur le marché.
134 nouveaux cas de personnes séropositives ont été recensés au cours de l’année 2010 dans la région Centre. Appréhendant les résultats, la plupart des gens refusent de se soumettre aux tests d’usage. «En l’absence de textes de loi, on ne peut obliger personne à les faire», explique-t-elle. Et d’ajouter: «Même les prostituées n’y sont pas contraintes.»
Beaucoup de ceux qui ont accepté de subir des examens d’analyse et qui ont été déclarés séropositifs, disent ignorer comment ils ont contracté la maladie. Que dire alors des laboratoire dont certains ne jouent pas le jeu omettant de transmettre les résultats de leurs analyses à l’Agence nationale du sang ou au Laboratoire national de référence du VIH de l’Institut Pasteur?
Pour M. Larbès, membre de l’Association des personnes atteintes du sida, «le VIH est une maladie comme toutes les autres.
Les malades qu’ils soient séropositifs ou sidéens, ont besoin de notre aide. On ne doit pas les marginaliser ou les considérer comme des parias. Ce sont des Algériens comme nous et ils ont droit à certains égards. Ce n’est pas trop demander.»