À l’occasion du 17e salon international du livre d’Alger (Sila), qui a ouvert ses portes jeudi au public et jusqu’au 29 septembre (voir notre actualitté), 300 ouvrages ont été interdits à l’exposition. Le motif invoqué par la ministre de la culture algérienne : ces livres font l’apologie du terrorisme, du racisme ou du colonialisme. Sous le slogan « mon livre, ma liberté », le Sila rassemble plus de 600 maisons d’éditions de 41 pays au Palais des expositions d’Alger.
C’est un peu le serpent de mer, que la censure au Salon du livre, puisque chaque année, on découvre la liste des oeuvres qui n’auront pas obtenu droit de cité. Cependant, il faut remarquer que durant l’édition 2011, 400 titres s’étaient fait épingler, contre 1000 en 2010.Pour le commissaire du Salon, Smaïn Amziane, il était d’ailleurs impératif de résoudre un problème de responsabilité : « Le salon n’est pas habilité à interdire des livres. Le salon n’a, d’ailleurs, ni les moyens ni le pouvoir de censurer », expliquait-il pour la 16e édition.
Donc, pas de censure par le Salon lui-même, qui n’a pas l’autorité nécessaire pour ce faire, mais directement par le ministère de la Culture, comme le confirme la ministre Khalida Toumi. Il rappelait, l’an passé, qu’on reprochait aux ouvrages condamnés, dans leur ensemble, de faire « l’apologie du colonialisme, du racisme, du terrorisme, de la pédophilie et portant atteinte aux religions et aux prophètes », souligne le ministère.
Selon l’AFP, la ministre algérienne de la culture Khalida Toumi s’est exprimée sur le sujet à la radio publique Chaîne 3. Elle a réfuté le terme d’interdiction, invoquant une réglementation intérieure et un décret sur l’importation des livres. Tout ouvrage jugé comme faisant l’apologie du terrorisme, du racisme ou du colonialisme sont systématiquement rejetés par le gouvernement.
Elle a affirmé : « 300 livres ont été empêchés [d’être exposés] pour avoir une base idéologique politique du terrorisme. […] Lors de l’édition 2011, 400 ouvrages avaient été bannis. […] Le terrorisme, les Algériens savent ce que c’est. »
Par ailleurs, la ministre a également promu l’idée d’un réel échange de droits entre éditeurs algériens et européens, mentionnant notamment les Français. Elle a souligné le caractère onéreux de l’import de livres dans le pays. Celui-ci est attribué par Khalida Toumi : au taux de change entre l’euro et le dinar (1 euro pour 100 dinars algériens environ), ainsi qu’au faible salaire mensuel moyen qui s’élève à 300 euros en Algérie.
Évoquant la coédition et pointé plus particulièrement les livres scientifiques et techniques, elle a confié : « Notre objectif, c’est que les éditeurs français acceptent de faire de la coédition et de la cession de droits, ce qui coûtera énormément moins cher pour les Algériens. […] Imaginez un livre universitaire… c’est de la folie et nous avons un marché, une demande colossale. »