L’incapacité du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, qui a concentré entre ses mains le principal de la décision politique à assurer une présidence normale, a grandement affecté la vie institutionnelle.
Le 17 avril, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, aura consommé la première année de son quatrième mandat d’affilée à la tête de la magistrature suprême. Une année d’un mandat que d’aucuns qualifient de mandat de trop. À raison, étant donné sa santé franchement déclinante, suite à un AVC en avril 2013, et qui l’a maintenu convalescent depuis. Sa réélection, en dépit d’un état d’impotence avérée, a impacté très négativement sur la vie institutionnelle. Ses activités, durant ces douze mois, ont été réduites au strict minimum… à celles qui ne nécessitent pas un gros effort physique.
Au lendemain de sa reconduction, dans les circonstances qu’on connaît, il a remanié le gouvernement, puis s’est résigné à des apparitions télévisuelles sporadiques, à l’occasion des Conseils des ministres ou recevant des convives nationaux ou étrangers lui rendant visite dans sa résidence à l’ouest de la capitale.
À son bureau à la présidence de la République, il ne s’y est rendu qu’en de rares occasions, uniquement pour y tenir des Conseils des ministres. Très peu, en somme. Dans l’intervalle, il n’a convoqué et n’a présidé, en effet, que quatre Conseils des ministres et deux Conseils interministériels restreints. Très en deçà du rythme que cette institution devait avoir, notamment au vu de la prépondérance, dans le régime politique algérien, de l’exécutif sur le législatif. La réduction drastique des Conseils des ministres a eu, pour entre autres conséquences, un ralentissement remarquable du rendement parlementaire. Faute de projets de loi en nombre conséquent, dont le gouvernement reste le principal, sinon l’unique pourvoyeur, les sessions du Parlement étaient quasiment des sessions à blanc. Cette situation d’atonie parlementaire s’est accompagnée de dysfonctionnements dans plusieurs secteurs et à tous les niveaux. Mais la plus dramatique des conséquences de l’incapacité de Bouteflika à assurer une présidence normale, reste incontestablement l’état de somnolence profonde qui a atteint toutes les institutions.

À tel point d’ailleurs que la question de qui gouverne réellement est soulevée publiquement, notamment suite au message lu en son nom à Ghardaïa à l’occasion du 19 Mars dans lequel une phrase intercalée a semé le doute sur l’auteur véritable du texte. Le doute était permis dès lors que l’opinion ne sait plus si le président jouit de toute la lucidité qui lui permettrait de réfléchir, de se rendre à des actes politiques et d’accomplir des missions. Son absence des forums internationaux ne peut qu’avoir affecté l’effort diplomatique consenti par Lamamra et réduit de l’influence à laquelle le pays pouvait aspirer dans le concert des nationaux.
Jauger, par ailleurs, à l’aune de ses promesses électorales, celles faites en son nom par son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, le bilan politique de Bouteflika est maigre, sinon négatif. À tout le moins, il a manqué, durant cette première année du quatrième mandat, de mettre en forme son projet phare relatif à la révision de la Constitution. Il boucle l’année sur un épais cafouillage autour de ladite révision.
S. A. I