Le 16ème Salon international de l’automobile d’Alger connait depuis son ouverture le 19 mars une affluence record. Les visiteurs sont attirés par des offres « alléchantes » et des nouveautés apportées par les différentes marques. Cependant, certains ne cachent pas leur scepticisme et méfiance vis-à-vis de pratiques commerciales peu scrupuleuses des concessionnaires automobiles.
Les personnes rencontrées durant les premiers jours du Salon évoquent particulièrement les prix des véhicules qui ont connu, selon eux, une hausse importante. Le « bas de gamme » est devenu désormais inaccessible pour beaucoup d’entre eux. « Pour une petite voiture comme celle de Chevrolet Spark LS, je dois débourser 890 000 dinars. Elle est vraiment chère et en plus elle n’est pas disponible dans l’immédiat », affirme Mohamed, enseignant dans un collège à Alger.
En effet, les prix des voitures de la catégorie dite low-cost, fabriquées dans des pays asiatiques, comme l’Inde, la Thaïlande et la Corée du Sud, ainsi que dans des pays de l’Europe de l’Est dépassent le million de dinars. Pour celles provenant des pays développés, dont le Japon, l’Allemagne, la France et l’Espagne, les prix se déclinent à partir de 1,4 million DA pour les petites cylindrées. Les seuls constructeurs à pouvoir « casser » les prix demeurent les chinois.
Seulement, les clients savent bien qu’ils achètent leurs produits à leurs risques et périls. Pour attirer le regard des passants, certains concessionnaires n’hésitent pas d’ailleurs à recourir aux publicités « mensongères », en annonçant des prix qu’ils ne pratiquent pas.
C’est le cas de Citroën qui présente la nouvelle Elysée C au prix de 998000 DA. Mais, en s’approchant des commerciaux de la marque, on s’aperçoit que le prix est en hors taxe et que le coût de la couleur n’est pas comptabilisée, ainsi que de certaines options. Idem pour Nissan Algérie qui a affiché une réduction sur la citadine Micra en la concédant à l’occasion du Salon à 960 000 DA, alors que son prix réel est de 1 040 000 DA.
Selon un cadre commercial de la marque nippone, le prix proposé est celui de la Micra d’entrée de gamme et qui, pour le moment, n’est toujours pas disponible. Les distributeurs usant de cette pratique veulent surtout capter l’attention des visiteurs, dont les potentiels acheteurs commencent à manquer en cette année 2013.
Le service après vente réduit
L’autre anomalie du marché automobile algérien est le délai de livraison, devenu un véritable casse tête. A l’exception de quelques marques qui garantissent une livraison immédiate (de 48 heures à trois semaines), on apprend que chez d’autres distributeurs les délais peuvent aller jusqu’à une année, notamment pour les véhicules très prisés par les consommateurs algériens. L’exemple le plus édifiant est celui de la Picanto de KIA qui n’est disponible que dans un délai de 13 mois !
« On m’a assuré que mon véhicule sera livré dans un délai maximum de 45 jours. Cet engagement ne me rassure pas. Je pense que je vais annuler ma commande, car je ne leur faits pas confiance. Ils peuvent mefaire traîner des mois », confie un client désabusé et déplorant au passage l’absence de l’Etat dans la régulation de ce secteur.
Le service après vente est cité aussi comme une autre carence du marché automobile algérien. Beaucoup de clients rencontrés soulèvent cette question d’autant plus que certains concessionnaires ne disposent pas suffisamment d’ateliers de maintenance et d’agents agréés. Il existe des marques qui n’assurent le service après vente qu’au niveau de la capitale avec des capacités très limitées. C’est le cas, à titre d’illustration, des enseignes chinoises Lifan et Geely.
Le phénomène concerne également i les plus anciens, tel que Diamal (représentant de Chevrolet et Opel), Elescom Motors (Ford et Suzuki) qui avouent leurs « incapacités » à couvrir les besoins du territoire national. Selon les responsables de ces marques, le problème réside dans le manque de main-d’œuvre qualifiée et d’infrastructures.
La cherté des terrains n’est pas en reste, relève-t-on. Sur ce plan, le rôle de l’Etat est aussi décrié en ce sens que l’agrément pour l’exercice de cette activité doit être assorti, affirme-t-on, d’obligations minimales à respecter. Une politique qui, malheureusement, tarde à se concrétiser malgré les appels incessants des associations de consommateurs.
Fayçal Abdelaziz