16e salon international du livre d’Alger, Le livre spécialisé, parent pauvre de l’édition dans le monde arabe

16e salon international du livre d’Alger, Le livre spécialisé, parent pauvre de l’édition dans le monde arabe

A la veille de la clôture du Salon international du livre d’Alger (Sila), les chapiteaux qui l’abritent sur le parking du complexe olympique Mohamed Boudiaf ont enregistré un grand taux d’affluence.

Entre jeunes étudiants et familles profitant du week-end ensoleillé confrontés, le salon s’est vu carrément submergé par un flot de visiteurs. Dans ses couloirs, on a même rencontré de petits écoliers en compagnie de leurs enseignants. Regroupés en petits groupes, les potaches ont pris d’assaut la plupart des stands d’éditeurs spécialisés dans les livres pour enfants. Eclats de rire, crises de larmes et caprices ponctuent le passage de ces diablotins. Mais, la plupart sont repartis les bras chargés de livres, cahiers de coloriage et jouets. Du coté des «grands» on constatera le grand intérêt que portaient les jeunes pour les ouvrages spécialisés. Marketing, informatique, apprentissage des langues étrangères, dictionnaires ou encore ouvrages consacrés à la médecine et autres sciences exactes sont ceux qui ont enregistré une forte demande. Rarement disponibles dans les rayonnages de nos librairies – et quand ils le sont, c’est à des prix exorbitants qu’ils sont proposés- ces livres sont la perle rare que tous les étudiants cherchent. Et le Sila est l’occasion pour se procurer ces rares ouvrages ô combien nécessaires ! Au stand des éditions Oxford, des dictionnaires de toutes formes sont proposés.

Mais, le prix reste peu abordable pour les bourses moyennes. Il en est de même chez les éditions Hachette, qui proposent des livres techniques assez récents. Du côté des éditeurs algériens, on a remarqué un intérêt croissant pour les ouvrages spécialisés, vu leur forte demande sur le marché. Seul bémol, la majorité de ces livres sont importés des pays arabes voisins, car la qualité de ceux faits en Algérie laisse à désirer. Les éditions El Ikhtilaf, elles, ont bien cerné le marché du livre et axé leurs efforts sur les livres de philosophie et des essais littéraires, comblant ainsi le vide dans les bibliothèques universitaires. «Pour cette année, nous avons choisi de présenter une large collection de livres de philosophie, car il est très rare d’en trouver sur le marché national. Cette collection est aussi offerte à des prix réduits pour satisfaire les petites bourses», affirme Bachir Mefti, responsable des éditions El Ikhtilef. Quant aux éditeurs libanais, invités d’honneur de ce 16e Sila, ils ont eu un grand succès auprès des visiteurs, grâce à la fois à la qualité et à la diversité des ouvrages présentés. Mais, encore une fois, les prix élevés font effet de repoussoir. Ils sont rares les visiteurs qui ne sont pas découragés par ces prix. «Cette encyclopédie est vraiment intéressante ; quand un ouvrage est ainsi bien fait et bien présenté, son prix ne compte plus», nous a déclaré une maman sur le point d’offrir à son enfant une encyclopédie consacrée aux animaux.

Pas forcément mis à jour par rapport à l’avancée des sciences et de la technologie, vendus à des prix peu abordables, de qualité variable d’un stand à l’autre, les ouvrages spécialisés demeurent le maillon faible de la chaîne de la production livresque dans le monde arabe, exception faite pour quelques pays. Ce constat ne laisse nul indifférent, mais rien n’est encore fait pour que ça change. Et si le commissaire du Sila avait, avant l’ouverture, affirmé avoir consacré une grande place pour les ouvrages spécialisés, ce ne sont pas les éditeurs arabes qui l’ont occupée.

W. S