Les humains ont la mémoire courte, pourrait-on dire. On pourrait ajouter qu’un drame en chasse un autre. Mais voilà, le drame palestinien est constant. Il dure depuis des décennies.
La guerre absolument asymétrique engagéesous l’appellation de «Plomb durci» par la machine à tuer israélienne, le 27 décembre 2008, contre le territoire palestinien de Ghaza, n’a pas fini de faire des victimes, malgré la cessation des hostilités, il y a 16 mois maintenant.
L’ONG Human Rights Watch, qui a maintes fois dénoncé les transgressions israéliennes «aux lois de la guerre», s’est penchée sur «la destruction illégale de biens civils» pendant la guerre de Ghaza.
Ses investigations ont débouché sur un rapport de 116 pages, avec la recommandation principale selon laquelle «le gouvernement israélien devrait diligenter une enquête sur la destruction illégale de biens civils pendant la guerre de Ghaza».
Les observateurs ne se font aucune illusion sur la volonté de Tel Aviv de faire la lumière sur les abus commis, dans la mesure où les bombardements intensifs des zones civiles ont été vus par des centaines de millions de personnes à travers les télévisions satellitaires, souvent en temps réel. D’ailleurs, on imagine mal un gouvernement, israélien en l’occurrence, renier son commandement militaire après lui avoir donné carte blanche.
Même Human Rights Watch ne se fait pas d’illusion, mais son rapport demeure un important témoignage sur les violations israéliennes des droits humains. Ce rapport expose «12 cas distincts qui se sont produits pendant l’opération «Plomb durci», au cours de laquelle les forces israéliennes ont détruit massivement des structures civiles (maisons, usines, fermes, serres, etc.) dans des zones sous son contrôle sans qu’aucune finalité militaire légale ne le justifie», note le rapport.
Ce document souligne que «d’après les enquêtes de Human Rights Watch qui se sont fondées sur les preuves matérielles, les images satellites et les récits de nombreux témoins sur chaque site, rien n’indiquait qu’un combat se déroulait à proximité au moment où les destructions ont eu lieu».
En dehors de cette ONG, les observateurs, fin décembre 2008 et les semaines qui suivirent, avaient bien relevé à travers l’intensité soutenue des bombardements divers et très sophistiqués une volonté israélienne d’extermination. Même si le bilan des victimes palestiniennes ne recoupe pas cette volonté, on note que le régime israélien ne renonce pas à réduire les conditions de vie des Ghazaouis à leur plus simple expression.
«Près de 16 mois après la guerre, le blocus décrété par Israël continue d’empêcher les habitants de Gaza de reconstruire leurs maisons, ce qui équivaut à punir la population civile de Gaza longtemps après la fin des hostilités », souligne le rapport d’Human Rights Watch.
Ce document a examiné, par ailleurs, «divers cas de destruction qui pourraient constituer des violations des lois de la guerre interdisant toute destruction délibérée, définie comme la destruction massive de biens civils non justifiée légalement par des exigences militaires. De telles destructions constitueraient notamment une violation grave de la quatrième Convention de Genève de 1949 qui s’applique à Ghaza.
Les individus ayant commis ou ordonné ces destructions devront être poursuivis pour crime de guerre». Human Rights Watch «a recensé la destruction totale de 189 bâtiments, dont 11 usines, 8 entrepôts et 170 bâtiments d’habitation, soit environ 5% du nombre total de biens détruits à Ghaza».
Dans les cas examinés dans les quartiers d’Izbt Abd Rabbo, de Zeitoun et de Khoza’a, les forces israéliennes avaient détruit la presque totalité des maisons, usines et vergers dans certaines régions, ce qui montre une volonté apparente de destruction systématique dans ces sites, note Human Rights Watch, qui ajoute que des usines de jus de fruit et de fabrication de biscuits, une minoterie et sept cimenteries comptent parmi les établissements industriels détruits. Par un souci d’équilibre, l’ONG Human Rights Watch s’est enquise du point de vue israélien.
«Les responsables israéliens insistent sur le fait que le blocus – qui avait déjà dégradé les conditions humanitaires à Ghaza avant l’opération «Plomb durci» – restera en place tant que le Hamas ne libèrera pas le sergent-chef Gilad Shalit, le soldat israélien capturé en 2006, ne cessera pas les violences et ne remplira pas d’autres conditions politiques». L’ONG estime que «la détention à l’isolement prolongée de Shalit par le Hamas viole l’interdiction de traitement cruel et inhumain et pourrait s’apparenter à de la torture».
Cette appréciation légère ne fait pas cas de quelque 1 200 Palestiniens, dont des mineurs, détenus sans jugement depuis plus de deux ans dans les geôles sionistes. Il faut rappeler qu’à ce jour, Israël contrôle l’accès par la terre, par les airs et par la mer à la bande de Ghaza, à l’exception d’une frontière de 15 km avec l’Egypte.
Depuis la fin du conflit, Israël a approuvé un nombre insignifiant d’envois de nourriture, de carburant et de matériels vers Ghaza.
En décidant de fermer la frontière sud de Gaza, souligne Human Rights Watch, «l’Egypte a une part de responsabilité dans la punition collective imposée aux populations civiles de Ghaza». Seize mois après «la guerre de Ghaza», les Ghazaouis, oubliés des grands de ce monde (Etats-Unis, Chine, Europe…) souffrent encore. Ils se meurent à petit feu.
Oualid Ammar