La Haute Cour pénale d’Irak a condamné hier à quinze ans de prison l’ancien vice-Premier ministre de Saddam Hussein, Tarek Aziz, ainsi que Ali Hassan al-Majid coupables selon la justice de «crimes contre l’humanité» pour l’exécution de 42 commerçants irakiens en 1992. Les deux ex-responsables étaient jugés avec six autres accusés par un tribunal se trouvant dans la zone verte, le secteur ultrasécurisé du centre de Baghdad, où sont concentrées les administrations irakiennes et les ambassades occidentales.
L’affaire remonte à 1992 lorsque 42 commerçants de Baghdad avaient été exécutés après avoir été reconnus coupables de spéculation sur les prix de produits alimentaires alors que l’Irak croulait sous le coup d’un embargo inhumain initié par les Etats-Unis sous le couvert de l’ONU.
Tarek Aziz personnalité politique proche de Saddam Hussein, a eu à assumer de hautes fonctions durant une période charnière de l’Irak. Il a été ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Information et vice-Premier ministre. Il clame son innocence depuis son arrestation par les Américains après la chute du pouvoir en place en 2003. Il avait écrit au président du tribunal pour demander un verdict équitable. Dans sa lettre, il avait indiqué avoir «assisté à toutes les audiences et entendu tous les témoignages, mais n’avait noté aucune récrimination ou témoignage le chargeant directement». Apparaissant dans quatre instructions, Tarek Aziz a déjà été blanchi le 2 mars dans un premier procès. Le jugement d’hier est sa première condamnation depuis son arrestation. Tarek Aziz, qui s’était rendu aux troupes américaines fin avril 2003, se trouve incarcéré depuis dans une prison militaire proche de Baghdad, en dépit des appels de sa famille à sa libération pour raisons de santé. L’ancien dirigeant irakien sera encore jugé dans deux autres affaires.
D’un autre côté, Ali Hassan al-Majid, surnommé «Ali le Chimique» par la presse occidentale et qui accompagnait Aziz dans le box des accusés, a été déjà condamné trois fois à la peine de mort. Sa dernière condamnation date du 2 mars. Il avait été reconnu coupable d’implication dans la mort de dizaines de chiites en 1999, tués dans le quartier de Sadr City à Baghdad et dans la ville sainte de Nadjaf. Cousin de Saddam Hussein, Ali Hassan al-Majid était ministre de l’Intérieur et gouverneur militaire du Koweït envahi par l’Irak en août 1990. Il a déjà été condamné deux fois à la peine capitale par la justice du nouvel Irak. «Pour le massacre de 182 000 Kurdes d’Irak dans les années 1980», où il aurait utilisé des armes chimiques contre la population, puis pour «la répression de l’insurrection chiite en 1991». Cette répression aurait fait jusqu’à 100 000 victimes dans les provinces chiites du Sud.