15.000 Da pour faire face aux dépenses de l’aid et de la rentrée :La douleur du smicard

15.000 Da pour faire face aux dépenses de l’aid et de la rentrée :La douleur du smicard
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Lessivés par les dépenses du Ramadhan, les ménages seront «achevés» et redoutent ce qui les attend encore.

Paradoxale est la ruée que subissent les magasins d’habillement, marchés et étals de chaussures…Malgré un mois de Ramadhan qui n’a épargné aucune bourse, les gens affluent tels des essaims d’abeilles sur les différents marchés et magasins où sont proposés des vêtements pour enfants, des chaussures, voire des jouets pour les plus jeunes.

Comment donc un pauvre chef de famille «smigard» de son état, qui ne touche que 15.000 DA, peut-il s’en sortir? La question est d’autant plus cruciale si celui-ci a deux ou trois enfants, voire plus, à habiller pour l’Aïd ou leur assurer une rentrée scolaire digne.

Lorsqu’on sait que pour vêtir à peine correctement un seul enfant, il faut débourser au minimum 5000 DA. Un récente enquête menée par nos soins dans les quartiers populeux d’Alger, nous renseigne sur les prix affichés pour certains habits. Un pantalon pour un bambin de 2 ans coûte à partir de 950 DA.

Pour les grands enfants, un panta-court est proposé à 1300 DA, un jean à 1400 DA. Les chaussures affichent des prix en dents de scie entre 600 DA, 1 200, 1600, voire 1800 DA pour un article français!…pour ne citer que ces quelques exemples.

Pourtant, toutes ces familles qui se pressent vers ces magasins, viennent de traverser une période éprouvante sur tous les plans. Elles ont vu surtout leur budget grevé par des dépenses culinaires qui dépassent tout entendement.

De la viande tous les jours pour parfaire la sacro-sainte chorba, des plats laborieux et copieux, arrosés de moult boissons gazeuses ou jus, des fruits à gogo en cette période où ils sont en abondance, des gâteaux et desserts de toutes sortes pour finalement ne grignoter que quelques bribes ou morceaux à l’heure de la rupture du jeûne. Toutes ces envies ne pardonnent pas aux bourses tant moyennes que petites. Elles lacèrent jusqu’au sang les poches de tout un chacun qui ne veut pas se priver de petites gâteries pour meubler les interminables soirées familiales. Tout cela coûte de l’argent, beaucoup d’argent même. Mais la sagesse populaire ne dit-elle pas si pertinemment «après la fête, on se gratte la tête»?

Oui! justement cette «fête» à peine terminée, voilà qu’une autre commence. Ce sont plutôt deux qui l’accompagnent. Celle des achats de vêtements neufs pour l’Aïd qui précède de près la douloureuse rentrée scolaire qui, elle, ne pardonne pas.

La facture risque en effet d’être salée avec une liste d’achats solaires toujours plus longue chaque année, des tabliers obligatoires… Ces rendez-vous, sont tous deux «commandités» par ces chers chérubins qui exigent, ou que l’on veut pour eux, parfois par orgueil, un habit neuf pour la fête et chaque année un nouveau cartable pour la rentrée scolaire. Sans parler de la traditionnelle coupe de cheveux dont le prix, bien que menu, grignotera encore un peu les petites bourses.

Une rentrée scolaire qui ne tardera pas à être talonnée par l’achat d’habits pour l’automne et l’hiver. En perspective, l’achat d’imperméables, de pantalons chauds, de chandails et pulls, de casquettes ou de petits parapluies «mignons»…et que sais-je encore? Ces vêtements étant plus onéreux évidemment que les habits d’été.

A cette conjonction de rendez-vous multiples, il faut ajouter les fêtes familiales durant tout l’été, escortées de cadeaux onéreux quel que soit celui choisi. Pour certaines familles hôtes, c’était les fiançailles ou le mariage de leurs enfants.

Tout un chacun sait combien coûte de nos jours une cérémonie de ce genre. Location de la salle des fêtes, d’orchestres féminins surtout, ou «disc-jokey»…Et bien sûr tous les ingrédients «tape-à-l’oeil» pour faire mieux que l’autre…

Mais la «baraka» est là! Les uns n’hésitent pas à mettre en gage leurs bijoux avec un pincement au coeur, d’autres à emprunter des sommes même modestes auprès d’amis, voisins ou membres de la famille ou même auprès de l’employeur. Certains se font violence en puisant dans leurs économies, durement épargnées pour les «coups durs»…

Pourvu que sa «petite smala» passe un Aïd heureux et une rentrée scolaire digne qui ne doit pas faire jaser les voisins auxquels rien ne saurait échapper, bien que toutes ces modestes familles soient logées à la même enseigne.

Abdelkrim AMARNI