15 000 Algériens meurent chaque année à cause du tabac

15 000 Algériens meurent chaque année à cause du tabac

L’Etat doit imposer une amende aux fumeurs

L’Algérie a ratifié la convention de l’OMS pour la lutte antitabac mais concrètement il n’y a pas eu d’efforts d’application dans ce domaine. Les fumeurs continuent de faire fi de toutes les lois. Faut-il revoir la législation ? Faut-il appliquer des mesures sévères envers les fumeurs ?

En effet, les campagnes de sensibilisation menées jusqu’ici dans notre pays n’ont rien donné. Il faut passer, aujourd’hui, à des mesures plus sévères et plus répressives.

C’est la question qui a été débattue, hier, par le Pr Salim Nafti, spécialiste des maladies respiratoires au CHU Mustapha, lors d’une conférence de presse au centre de presse d’El-Moudjahid, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac qui coïncide avec le 31 mai de chaque année.

LG Algérie

«La lutte contre le tabagisme pourrait se renforcer s’il y a une application rigoureuse des lois fixant l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Il existe, certes, une réglementation antitabac mais elle n’est malheureusement pas respectée», a déclaré le Pr Nafti. Selon lui, la stratégie la plus efficace est de verbaliser les récalcitrants.

«C’est une mesure instaurée dans de nombreux pays et qui a porté ses fruits. S’agissant de la Journée mondiale sans tabac, je crois que c’est là l’occasion idéale de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers du tabagisme», a-t-il estimé. «Les gens fument aussi bien dans les hôpitaux que dans les aérogares. Ce qui est scandaleux. L’expérience dans d’autres pays révèle qu’il y a de nombreuses mesures efficaces de lutte antitabac qu’on peut appliquer dans diverses situations et qui ont un effet significatif sur la consommation de tabac», a-t-il souligné.

M. Nafti a fait état de 15 000 Algériens qui décèdent chaque année à cause du tabac, soit une moyenne de 45 par jour. Le tabac représente, en effet, un véritable danger pour la santé. Ses effets néfastes constituent un fait scientifique indiscutable. A l’instar de la cocaïne ou de l’héroïne, le tabac est une drogue. C’est un cocktail de produits toxiques responsables de quelque 25 maladies. «Les cancers sont les principales maladies liées au tabac. Le cancer du poumon est le plus fréquent. Mais d’autres types de cancer sont associés au tabagisme comme ceux du larynx, du pharynx, de la bouche, de l’œsophage ou encore de la vessie. Le tabac augmente aussi le risque de développer des maladies cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, AVC…) et autres pathologies diverses. C’est aussi l’ennemi de la bouche, des gencives et des dents.

Par ailleurs, le tabac représente un danger majeur pour le fœtus au cours de la grossesse», a indiqué le Pr Nafti. Pour lui, l’augmentation du prix du tabac pour le rendre inaccessible peut être, également, une solution de lutte contre fléau.

Côté juridique, Houhou Yamina, juriste et professeur à la faculté de droit à Ben Aknoun, a indiqué que «tout dépend de la volonté de l’Etat d’appliquer les lois interdisant le tabagisme et de sévir contre ce phénomène qui fait un ravage dans notre pays». Selon la juriste, les lois antitabac existent, à l’instar de la loi 85-05 relative à la protection et la promotion de la santé et la loi 10-396 portant réglementation de l’importation et de la commercialisation du tabac, mais, malheureusement, elles ne sont pas appliquées. Notre interlocutrice plaide pour une loi protégeant les non-fumeurs.

Lynda Louifi