Les avis sont mitigés sur la stratégie d’approvisionnement en céréales entreprise par le gouvernement et qui a fini par doubler les importations du blé notamment.
Pour les économistes, il s’agit d’un mal nécessaire, mais le patronat affiche un scepticisme alors que le gouvernement assure que ce n’est pas une baisse de la production qui a motivé les actions mais d’autres facteurs dont la contrebande. Selon les statistiques officielles, l’Algérie enregistre une hausse de 59% de la facture alimentaire au premier semestre 2011, soit 4,83 milliards de dollars contre 3,02 pour la même période de 2010.
Les importations «massives » de céréales, semoules et farines sont passées de 1,02 milliard de dollars au 1er semestre 2010 à 2,04 milliards durant la même période en 2011, soit une progression de prés de 100%. L’Etat a recouru à l’augmentation de ses importations céréalières pour compenser les quantités transférées frauduleusement dans des pays voisins.
Ceci explique, un tant soit peu, l’importation et ce, pour éviter la pénurie de ces produits stratégiques comme le blé. Cette stratégie d’importation a placé notre pays à la tête des meilleurs clients de la France qui est le plus grand pays pourvoyeur de céréales. En effet, les chargements de céréales pour l’exportation à partir du port français de Rouen ont littéralement doublé au cours des sept derniers jours, soit du 22 au 28 septembre.
De ce statut du plus gros acheteur de céréales françaises, l’Algérie a été la destination principale des exportations à partir du port de Rouen, avec 148.888 tonnes de blé, contre 82.470 tonnes par semaine durant le mois précédent et par rapport notamment de la période l’année d’avant (2010). Le premier ministre avait déclaré à ce propos : «je tiens à corriger une donnée selon laquelle la faible production est à l’origine de la hausse des importations.
Le gouvernement nourrit actuellement trois peuples, le peuple algérien, et en partie les peuples tunisien et libyen frères», a-t-il souligné, à l’issue d’une conférence de presse donné en marge des travaux de la tripartite.
Il a ajouté que cela reste «évidemment une obligation pour peu que la chose se fasse dans un esprit noble ». Pour revenir à la contrebande, M. Ouyahia déplore le faite que certains algériens sont allés jusqu’à priver leur concitoyens de certains de ces produits en les transférant frauduleusement à travers les frontières», rappelle-t-on.
La subvention des produits de base étant maintenue, à commencer par les céréales, le nombre de contrebandiers en profitent pour exporter ces produits vers les pays voisins.
Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Réda Hamiani, déplore pour sa part le fait que, par cette politique, «l’Algérie casse les prix internationaux» et que «des pays comme le Mali, le Niger, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie profitent aussi de ces subventions grâce à certains réseaux». Il ajoute : «C’est un non-sens de subventionner les produits au stade final ». Selon lui, le faire à la source encouragerait les producteurs locaux à accroître leur production.
Cependant, l’expert Abderrahmane Metboul rappelle que «l’Algérie est un pays semiaride » avec une productivité agricole «relativement faible». Aussi, les agriculteurs vont-ils «surtout vers les cultures spéculatives se détournant des céréales». Pour l’expert, «l’Algérie a une économie rentière» dans laquelle «on importe 64% des besoins des entreprises et des ménages. C’est cela la dure réalité», a-t-il amèrement déclaré.
Hadj H.