Si c’était un 1er avril, on aurait pris cela pour une galéjade. Mais nous sommes en fin d’année 2013 et c’est la raison pour laquelle nous n’avons aucune raison de douter du propos du ministre des finances, Karim Djoudi , un homme réputé pour son sérieux et sa rigueur.
Il nous apprend ainsi que dans la Fonction publique il n’existe pas moins de 140.000 postes d’emplois non pourvus alors que les dotations budgétaires sont mobilisées par les lois de finances.
On a du mal à comprendre cette révélation, quand on sait que le chômage endémique frappe de plein fouet, notamment les jeunes détenteurs de diplômes universitaires. Selon le ministre, qui s’exprimait jeudi devant les députés, la fonction publique compte bien “deux millions de postes budgétaires, dont 140.000 postes vacants”.
C’est un rapport de la Cour des comptes qui fait état de ces milliers de postes budgétaires non pourvus, explique le premier argentier du pays. “La manière avec laquelle les secteurs organisent leur recrutement” est à l’origine de ce problème, tente de justifier le ministre cette anomalie. En fait, note t-il encore, ces postes restent non pourvu faute de profil adéquat.
« les entreprises et les organismes publics peinent, parfois, à trouver des candidats avec les profils exigés pour ces postes budgétaires » dit-il en indiquant que ces secteurs ont pourtant la possibilité, en vertu d’une instruction de la fonction publique, de restructurer ces postes budgétaires pour créer des emplois qu’ils jugent utiles pour leur fonctionnement.
Comme il fallait s’y attendre, l’annonce du ministre, n’a pas manqué de faire réagir les députés qui se sont interrogés sur les raisons de la non consommation de ces 140.000 postes budgétaires.
Dans le détail, ces 140.000 postes se décomposent comme suit : 42.500 postes dans le secteur de l’éducation, 10.740 dans la justice, 20.700 dans l’enseignement supérieur, 18.400 dans la santé, 6.300 dans la formation professionnelle, selon le député Lakhdar Khellaf du Front de la justice et du développement (FJD), qui cite un rapport de la cour des comptes.
Le secteur des affaires religieuses cumule 30.000 postes d’emplois, dont les dotations budgétaires ont été mobilisées sans donner lieu à des recrutements, selon le même député qui cite le même rapport de la Cour des comptes.
“En 2011, des jeunes chômeurs du sud et du nord du pays se sont affrontés aux forces de sécurité et incendié des infrastructures sans qu’ils sachent que le gouvernement a créé plus de 60.000 postes budgétaires”, a dénoncé pour sa part un autre député du FJD, Hassan Aaribi.
En faisant un tel « aveu » , le ministre des finances met la pression sur les secteurs concernés qui n’ont plus alors qu’à procéder au pourvoiement de ces postes. Et pourtant, lors d’une récente intervention dans les médias, le premier responsable de la fonction publique mettait justement en garde contre le sur-emploi dans ce secteur avec « la dérive salariale », due aux dernières augmentations de salaires accordées dans la plupart des secteurs relevant de la fonction publique.