La Tunisie célèbre aujourd’hui l’an I de la révolution du Jasmin qui a vu, par le sacrifice de Mohamed Bouazizi, le pays prendre, résolument, une orientation démocratique.
La portée de l’événement, qui a transfiguré, complètement, le paysage politique, peut se mesurer à l’aune du nombre et de la qualité des chefs d’Etats étrangers invités aux festivités officielles, parmi elles le Président Abdelaziz Bouteflika, dont la présence, ce matin, à Tunis, atteste, à l’évidence, de l’indéfectibilité des liens qui unissent nos deux pays frères partageant un destin maghrébin arabe et musulman commun.
C’est, également, l’opportunité de rappeler que la diplomatie algérienne et fondée d’abord sur le respect de la souveraineté de chacun, loin de toute ingérence et que l’Algérie n’a pas vocation, contrairement à ce que d’aucun attendaient, de voler à la rescousse des révolutionnaires de printemps, qui ont embrasé plusieurs pays arabes.
L’Algérie traite avec des Etats, dès lors qu’ils se sont donné les conditions reconnues comme telles et non avec des régimes, comme l’a réaffirmé récemment le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. Cela a été le cas avec la Tunisie, aussitôt que le système politique issu de la Révolution du 14 janvier 2011 s’est érigé en Etat avec des institutions démocratiquement élues, quand bien même la mouvance islamique y est représentée, dès lors qu’elle est issue du suffrage populaire. L’Algérie, avec un sens de la mesure d’ailleurs, reconnu et respecté dans les arènes internationales, a préféré attendre, à juste titre, une décantation politique et la mise en place d’institutions librement élues, en suivant les évènements depuis le début avant d’affirmer sa volonté d’accompagner la transition démocratique qui se poursuit par la mission de la constituante chargée d’élaborer une nouvelle constitution plus en adéquation avec le nouveau schéma politique en vue de préparer l’alternance au pouvoir.
La constituante dominée par Ennahda (89 élus sur 217), le Congrès pour la République (CPR, 29 sièges) et Ettakatol (20 sièges) a pour mandat de rédiger une nouvelle constitution, la deuxième depuis l’indépendance.
Cette journée historique, qui inaugure une nouvelle page pour la Tunisie, s’annonce chargée puisqu’elle prévoit outre les interventions de Chefs d’Etat lors d’une rencontre plénière de nombreuses activités, dont l’inauguration d’un musée dédié à la révolution du Jasmin.
Un entretien en tête-à-tête est, également, prévu entre les Présidents Abdelaziz Bouteflika et Moncef Marzouki suivi d’un déjeuner officiel en présence, notamment du Président Sarkozy et de l’Emir du Qatar.
K. Oulmane