Le marché de l’automobile en Algérie, le second en Afrique, a bien résisté à la suppression du crédit automobile. Les ventes sont en progression, dopées sans doute par la demande des entreprises et des administrations
Un effet des successifs plans de relance. Mais à la faveur des taxes introduites pour freiner l’expansion du marché, les véhicules sont devenus plus chers et hors de portée d’une grande masse d’Algériens. La mesure a, donc, eu pour conséquence d’entretenir les frustrations d’une grande partie de la population qui ne croit plus aux discours sur l’émergence d’une industrie d’assemblage de véhicules en Algérie. En effet, aucun projet de montage de véhicules n’a été lancé depuis l’extinction du crédit à la consommation. Si cette situation perdure, l’accès au véhicule risque de constituer un nouveau motif de grogne de la population.
Autre phénomène : la concurrence déloyale de certains modèles de véhicule non conformes aux normes techniques internationales. En effet, des centaines de milliers de véhicules sont introduits chaque année en Algérie sans que l’État s’assure s’ils répondent aux critères de qualité et de sécurité, faute de laboratoires d’essais. L’absence de volonté de l’État se manifeste sur ce point dans les lenteurs à mettre en place des instruments de contrôle de la qualité des véhicules et autres produits industriels.
La qualité de service reste également problématique. Beaucoup de clients se plaignent des longs délais de livraison des nouveaux véhicules. Les concessionnaires, eux, imputent ces retards à la chaîne logistique : ports saturés, difficultés lors des opérations de dédouanement et d’enlèvement des véhicules.
Au-delà de ces contraintes, se pose également la question de la mobilité urbaine. L’absence de fluidité de la circulation dans les grandes villes semble justifier la position de l’État. Cette attitude ne résiste pourtant pas à l’analyse. Car le développement des infrastructures devrait accompagner l’expansion du marché du véhicule en Algérie. Or, les retards dans les projets, la panne d’idées et des impératifs sécuritaires, parfois guère convaincants, sont à l’origine des monstrueux encombrements, en particulier dans la capitale.
Tout cela invite à une nouvelle approche en matière de développement de l’industrie automobile en Algérie en concertation avec les opérateurs, d’accès du citoyen au véhicule et de gestion de la mobilité urbaine qui soit moins archaïque et beaucoup plus efficace.