132 ans de violations des droits humains, La France pourra-t-elle se pardonner ?

132 ans de violations des droits humains, La France pourra-t-elle se pardonner ?
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La torture pendant la Guerre d’Algérie, a été pratiquée dans des proportions qui, selon des historiens comme Pierre Vidal-Naquet, concerneraient des centaines de milliers d’Algériens.

Il a fallu près de cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie pour que ce débat soit relancé. Deux ex-hauts responsables militaires français à la retraite ont révélé au quotidien Le Monde en 2000, qu’ils avaient «torturé, maltraité et assassiné des membres du FLN» entre 1954 et 1962 lors de la Guerre d’Algérie. Le général Jacques Massu, qui était en 1957 le chef des tristement célèbres paras (10e division de parachutistes) et son bras droit le général Paul Aussaresses, chargé des services de renseignement à Alger, ont confirmé que «plus de 3 000 prisonniers, qui, à l’époque, avaient été portés disparus, avaient en réalité été exécutés».Aussaresses a reconnu la réalité, en 1957, de la torture et des exécutions sommaires dans les pratiques de la politique de guerre française. Il s’est même vanté d’avoir employé des moyens qui sortaient des normes établies par les lois de la guerre ainsi que d’avoir ordonné à ses subordonnés de tuer.

Il reconnaît avoir lui-même procédé à 24 exécutions sommaires de membres du FLN. Et il ajoute même «ne pas avoir à se repentir».Les tortionnaires français ont ensuite été dénudés devant l’histoire par une femme, qui, à l’âge de 20 ans, sut donner à des généraux des leçons de bravoure. Louisette Ighil Ahriz, tombée en septembre 1957 entre les mains des tortionnaires, souffre, aujourd’hui encore, des séquelles de la torture. Dans une publication parue dans le journal Le Monde, elle assure avoir été capturée après être tombée avec son commando FLN dans une embuscade du général Massu.Elle a ensuite été emmenée, grièvement blessée, à son quartier général. Là, elle fut sévèrement torturée, sans relâche, trois mois durant. Louisette précise comment Massu ou le général Bigeard, quand ils venaient la voir, l’insultaient et l’humiliaient avant de donner l’ordre par gestes de la torturer. «C’est comme s’il existait un code muet établi», ajoute-t-elle.Elle ne doit sa survie qu’à un médecin militaire qui la découvrit fin décembre 1957. Il la fit transporter dans un hôpital où elle échappa à ses tortionnaires. C’est cet homme qu’elle voulait retrouver au moyen de son récit dans Le Monde pour pouvoir lui dire merci.Le récit de Louisette Ighil Ahriz a été à l’origine d’un flot de courriers de lecteurs et d’articles dans de nombreux médias français. Un autre ancien combattant du FLN, Noui M’hidi Abdelkader, qui avait été lui-même arrêté à Paris en 1958 et incarcéré et torturé à Versailles, confirme que la torture avait également été pratiquée dans la capitale. Il est convaincu que les archives, qui n’ont toujours pas été ouvertes, recèlent les déclarations de milliers de victimes de la torture.

F. H.