Les jeunes Algériens continuent d’être fascinés par l’Occident
Les candidats à l’exil, à l’émigration légale ou à la harga demeurent, en effet, toujours aussi nombreux.
Le ministre des Finances qui a mis en exergue la stabilité des grands équilibres macro-économiques du pays dans un entretien publié par la revue La lettre d’Al Djazaïr éditée par le bureau de la Banque mondiale à Alger n’a pas fait de commentaires, en ce qui concerne ce phénomène. Un aveu d’échec? Sûrement pas. Les déclarations du grand argentier du pays indiquent pourtant que quelque chose ne tourne pourtant pas rond. L’enveloppe destinée pour lutter contre le chômage qui touche les catégories les moins âgées de la population est astronomique: 13 milliards de dollars environ. Les candidats à l’exil, à l’émigration légale ou à la harga demeurent pourtant toujours aussi nombreux. Le grand argentier du pays qui n’a pas abordé le problème sous cet angle a fait observer que «les pouvoirs publics consacrent un intérêt particulier à la promotion de l’emploi, à travers la mise en place de dispositifs et de mécanismes d’aide à l’emploi des jeunes et à leur réinsertion professionnelle». Quel bilan en tire-t-il? «Le taux de chômage de cette frange de la population active a enregistré un net recul puisqu’il est passé de 47,8% en 2001 à 22,4% en 2011, soit un repli du taux de chômage de 25,4 points de pourcentage en dix ans» signale Karim Djoudi qui note que «le taux de chômage des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur a baissé significativement en passant de 21,4% en 2010 à 16,1% en 2011». Des chiffres révélés par une enquête de l’ONS (l’Office national des statistiques) qui date de 2011. Le FMI nous livre des statistiques plus affinées. «Le taux de chômage des jeunes de la tranche d’âge (16-24 ans) a chuté de 54,07% en 2000 à 22,4% en 2011, une réduction de plus de la moitié en l’espace de 11 ans» a constaté de son côté une délégation d’experts du Fonds monétaire international qui a séjourné en Algérie entre le 25 avril au 2 mai 2013. Cette amélioration notoire, selon les chiffres officiels, ne dissuade pas malgré tout les jeunes Algériens, particulièrement les diplômés, à quitter leur pays. L´Algérie a-t-elle échoué dans le projet qu´elle s´est fixée pour retenir ses compétences? Le sujet serait-il à ce point tabou pour qu’il n’ait pas fait partie des points abordés par le ministre des Finances? La jeunesse a toujours été au centre des préoccupations du chef de l’Etat.
«Le plus grand défi que nous devons relever aujourd´hui est la bonne gestion des ressources humaines, qui reste un acquis stratégique, à travers l´orientation et la formation du capital humain», avait déclaré Abdelaziz Bouteflika, le 19 mai 2008, à l´occasion de l´ouverture des Assises nationales sur l´enseignement supérieur et la recherche scientifique. Les jeunes Algériens continuent d’être fascinés par l’Occident. 100.000 diplômés ont quitté l’Algérie en moins de 30 ans et font actuellement le bonheur de leur pays d’accueil, tandis que certaines statistiques font mention de quelque 5000 Algériens qui, tous les ans, partent s’installer au Canada.
4000 médecins se sont installés en France rapporte L’Expression dans son édition du 3 octobre 2012. Rien ne semble vouloir enrayer la saignée. «D´ici à 25 ans, l´Algérie aura perdu toutes ses compétences», avait asséné sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, le président de l´Agence algérienne des ressources humaines, M. Ahmed Mena au début du mois d’août 2008.Un paradoxe si l’on se fie au bilan restitué par le grand argentier du pays. La plupart des clignotants sont au vert. la dette extérieure ne représente plus que 1,8% du PIB et la dette intérieure publique se situe à 8,3% du PIB à 2012, alors que les prévisions situent le taux d’inflation à hauteur de 3,5% pour 2013. «En 2012, le profil de la balance des paiements s’est notablement amélioré situant le compte courant par rapport au PIB à 6% et les réserves de change se sont renforcées pour couvrir 36,5 mois d’importation de biens et services» a indiqué Karim Djoudi.
Une conjoncture économique que nous envient ces pays vers lesquels migrent ou souhaitent définitivement s’installer les jeunes Algériens. 7280 ont opté pour la nationalité française depuis que François Hollande a été élu à la tête de l’Etat. Ils ont entre 30 et 40 ans.
Les gouvernements successifs ont-ils échoué dans leur mission de les retenir ou de les faire revenir? Le débat mérite largement d’être ouvert.