Un attentat sans précédent depuis quarante ans au cœur de la capitale française a coûté la vie à douze personnes, dont deux policiers, au siège du journal Charlie Hebdo.
La France entière était sous le choc de l’attaque terroriste ayant pris pour cible hier le siège du journal satirique Charlie Hebdo à Paris, au cours de laquelle deux hommes armés ont tué 12 personnes et blessé 4 autres. Il s’agit d’un attentat sans précédent et le plus meurtrier commis en France depuis au moins 40 ans. Vers 11h30, deux hommes encagoulés et armés d’une kalachnikov et d’un lance-roquettes ont pénétré dans les locaux de Charlie Hebdo, qu’il occupe avec d’autres sociétés dans un immeuble de la rue Nicolas-Appert, une petite rue du XIe arrondissement. S’ensuivit une fusillade nourrie qui a fait 12 victimes parmi le personnel du journal, dont les 4 caricaturistes vedettes de l’hebdomadaire, à savoir Charb, Cabu, Wolinski et Tignous. “J’ai entendu des coups de feu, j’ai vu des gars cagoulés qui sont partis en voiture”, a déclaré à l’AFP Michel Goldenberg, un voisin qui a son bureau dans la même rue que Charlie Hebdo.
Un autre voisin, Bruno Leveillé, a raconté avoir entendu “une trentaine de coups de feu pendant une dizaine de minutes”. Selon d’autres témoins cités de source policière, les auteurs de l’attaque ont crié “Nous avons vengé le Prophète !” avant de réussir à prendre la fuite dans Paris. Sur une vidéo de l’attaque, filmée par un homme réfugié sur un toit et mise en ligne sur le site de la télévision publique France Télévisions, on entend, par ailleurs, un homme crier “Allah Akbar” entre plusieurs coups de feu. Les auteurs de l’attaque ont pu prendre la fuite à travers Paris. Leur identité n’est pas connue. Ils sont activement recherchés. Un appel à témoins a été lancé par les enquêteurs.
L’attentat a été dénoncé comme “un attentat terroriste” par le président François Hollande, qui s’est rapidement rendu sur les lieux, où il s’est ému de l’“exceptionnelle barbarie” de l’attaque. “Les auteurs de ces actes seront pourchassés aussi longtemps que nécessaire pour qu’ils puissent être arrêtés, traduits devant les juges et condamnés”, a martelé le président Hollande, soulignant le “choc” représenté par cette attaque pour la France. “Dans ces moments-là, il faut faire également bloc, montrer que nous sommes un pays uni”, a insisté le chef de l’État français.
Alors que François Hollande a convoqué une réunion ministérielle de crise en début d’après-midi à l’Élysée avant de s’adresser à la nation à 20h, son Premier ministre, Manuel Valls, a immédiatement décidé de relever le plan antiterroriste Vigipirate au niveau “alerte attentats”, le plus élevé possible, pour l’ensemble de la région parisienne. Ainsi, 500 CRS et gendarmes ont été déployés hier à Paris. À l’issue de la réunion de crise à l’Élysée, le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a affirmé qu’“il y a trois criminels à l’origine” de l’attaque sanglante contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo.
Tout est mis en œuvre “pour neutraliser le plus rapidement possible les trois criminels qui ont été à l’origine de cet acte barbare”, a-t-il ajouté, sans apporter de précisions sur le rôle des différentes personnes impliquées. Dans une conférence de presse, le procureur de Paris a refusé de révéler les premiers résultats des premières investigations afin de ne pas compromettre la confidentialité de l’enquête. Des rassemblements de soutien ont eu lieu hier soir à Paris et partout en France, à l’appel de plusieurs syndicats, associations, médias et partis politiques. Le chef du gouvernement français “a activé la cellule interministérielle de crise et a confié la conduite opérationnelle au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve”, a indiqué une source gouvernementale à l’AFP.
La cellule de crise “assure le pilotage stratégique des crises en liaison permanente avec le ministre chargé de la conduite opérationnelle de l’action gouvernementale” et “veille à la cohérence de l’action gouvernementale dans la gestion de la crise”. L’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo est menacé depuis près de neuf ans, date de la reproduction des caricatures danoises, par la mouvance islamiste radicale, et ses locaux ont été incendiés en 2011. A-t-on mis à exécution ces menaces ? Il faut attendre les éventuelles revendications pour être bien fixé.
M. T.