Le discours officiel “prédit” une nouvelle année universitaire sereine et réussie en raison de la réception de plusieurs infrastructures et la disponibilité de places pédagogiques.
Mais les précédentes expériences ont prouvé qu’entre les déclarations officielles et la réalité du terrain, un fossé de contraintes et autres cafouillages se dévoile au grand jour.
Une nouvelle année universitaire s’ouvre dès ce 4 octobre à travers toutes les facultés et autres instituts d’enseignement supérieur du territoire national.
Ils seront 237 543 à découvrir le revers de la médaille des facultés vers lesquelles ils ont été orientés, alors que 186 000 empocheront leurs diplômes. Ce sont au total un peu plus de 1 200 000 étudiants qui rejoindront les bancs des amphithéâtres. Dans quelles conditions ? Le discours officiel est évidemment des plus optimistes.
Pour les responsables de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, à leur tête Rachid Harraoubia, “la rentrée universitaire 2010-2011 aura lieu dans de bonnes conditions”. Autant d’arguments sont avancés pour appuyer ce traditionnel optimisme.
À commencer, bien sûr, par les fameuses réformes lancées par le département de tutelle depuis quelques années et qui se poursuivront cette nouvelle année encore, notamment par la diversification des offres de formation, le développement de la formation doctorale et l’extension du réseau des écoles préparatoires et des filières nationales à même de relever le niveau des futurs diplômés. Il faut savoir à ce propos que 4 nouvelles écoles préparatoires viennent s’ajouter au 6 déjà opérationnelles.
Ces écoles sont spécialisées dans l’enseignement des sciences techniques, des sciences commerciales et technologies, et des sciences économiques et gestion. À cela s’ajoutent deux classes préparatoires intégrées ouvertes cette rentrée au niveau de l’École nationale supérieure d’informatique de Oued Smar et l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’El-Harrach. Ceci, sans oublier les 17 pôles d’excellence à inscription nationale qui viennent s’ajouter aux 13 ouverts l’année dernière. Bien entendu, ces nouveaux établissements supérieurs ne sont pas ouverts à n’importe quel bachelier.
Décrocher une bonne moyenne au baccalauréat est la condition sine qua non pour postuler à une place pédagogique dans ces écoles. C’est, en quelque sorte, le premier collège qui formera la future élite du pays, comme ce fut le cas pour l’École nationale d’administration.
Il faut dire que la facilité avec laquelle le baccalauréat est décroché, voire offert pour faire croire à la réussite des réformes engagées dans le secteur contraint le département de l’Enseignement supérieur à faire un tri sélectif pour garantir une bonne formation aux meilleurs bacheliers.
Le reste des bacheliers se contentera de la formation imposée et décriée par les étudiants qui n’ont pas d’autre choix : le LMD (licence, master, doctorat) qui verra sa généralisation à toutes les filières cette année. Le discours officiel “prédit” donc une reprise sous de bons auspices.
Mais les précédentes expériences prouvent qu’entre les déclarations officielles et la réalité du terrain, un fossé de contraintes et de cafouillages se dévoile au grand jour dès les premières semaines de la reprise.
Loin de partager l’optimisme des responsables du MESRS, les spécialistes du secteur ont, quant à eux, “prédit” une année universitaire difficile au lendemain de l’annonce des résultats du baccalauréat 2010 avec un taux inattendu de plus de 61%.
Où allons-nous mettre tous ces étudiants ? C’était la grande question à laquelle d’autres ont vite fait de répondre que la surcharge et des amphis et des salles de TD, ainsi que les chambres des cités universitaires sera l’unique alternative.
Une alternative à double tranchant. Car les conditions de vie et d’enseignement ne permettront point une bonne formation.