La Haute Instance indépendante de surveillance des élections doit faire ses preuves sur le terrain et démontrer aux partis de l’opposition qu’elle a le pouvoir de mettre un terme aux dépassements.
C’est le début d’un casse-tête chinois. Le lancement officiel, aujourd’hui, de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain, est synonyme de corvée pour la Hiise. La Haute Instance indépendante de surveillance des élections est appelée à être sur plusieurs fronts.
Devant le nombre important des candidats en lice et les partis, la tâche est loin d’être un simple exercice pour la commission Derbal. Avec 12.000 candidats et plus de 53 partis qui participent à la bataille électorale, la commission doit avoir les yeux grands ouverts pour veiller réellement à la transparence de la campagne et l’équité entre les partis. Une mission qui relève un peu de l’impossible.
Avec ses 450 membres et quelques structures installées au niveau des quatre régions du pays, la commission devra surveiller tous les mouvements des partis à travers les 48 wilayas du pays pour assurer à ce qu’il n’y ait pas de dépassement au règlement. Son président a déjà clarifié les règles du jeu en invitant les partis et les candidats à faire preuve de respect des lois, mais des dépassements ne sont pas exclus. La commission Derbal doit faire ses preuves sur le terrain et démontrer aux partis de l’opposition qu’elle a sérieusement le pouvoir de mettre un terme aux dépassements commis même par les partis au pouvoir.
Idem pour les ministres candidats. Sachant que les partis de l’opposition n’y croient pas trop en cette commission en lui reprochant d’être sous le cap de l’administration, la Hiise est appelé donc à le démontrer par les preuves. Ainsi, la Hiise est appelée à dénoncer tout dépassement provenant de candidat ou de parti, et ce, peu importe son statut.
Lors d’une conférence de presse qu’il a animée récemment au Conseil de la nation, son président, Abdelwahab Derbal, a mis en garde contre l’utilisation des moyens de l’Etat dans la campagne électorale des législatives de mai prochain. «Je dis aux responsables candidats aux élections qu’il est immoral de solliciter les votes des citoyens pour servir l’intérêt général et utiliser les moyens de l’Etat à des fins personnelles pour promouvoir leurs candidatures. En tout cas, la loi l’interdit et nous n’hésiterons pas à utiliser les moyens juridiques dont nous disposons pour enclencher des poursuites», avait-il déclaré en guise d’assurance.
La commission a-t-elle les moyens de sa politique? Autrement dit, Derbal peut-il être au courant de tout ce qui se déroule sur le terrain durant ces 21 jours de campagne? Ce n’est pas évident. Les partis estiment que le nombre des membres de la commission est insuffisant pour veiller justement à la transparence de ce scrutin. Les irrégularités relevées dans la confection des listes électorales l’ont bien illustré. La commission a, certes, engagé des enquêtes, mais aucune suite n’a été donnée à ce sujet. Le président Derbal tente de faire avec les moyens du bord en assurant qu’il veillera à l’application de la loi.
Certes, cette commission se dit indépendante et dispose d’un fonds qui lui garantit cette indépendance, il n’en demeure pas moins qu’elle reste en quelque sorte dépendante de l’administration. Interpellée sur le vote des corps constitués et l’accès au fichier électoral, le président Derbal a avoué clairement: «Ce sont des questions qui me dépassent». Or, malgré les insuffisances et les critiques avancées par l’opposition, Derbal soutient que son instance «n’est pas une commission provisoire, mais une instance permanente dont le mandat de ses membres est de cinq ans. Elle constitue une pierre dans l’édifice démocratique en construction». En tout cas, pour une commission fraîchement installée, la mission ne sera pas aussi facile.