11e édition du FIOFA: Bataille des docs sur le film « La bataille d’Alger »à Oran

11e édition du FIOFA: Bataille des docs sur le film « La bataille d’Alger »à Oran

Par Oran Salim Bey

Plus de cinquante ans après la sortie du film «La bataille d’Alger», le réalisateur Salim Aggar a retrouvé les comédiens, figurants et techniciens qui ont travaillé sur le film.

Le Festival du film arabe d’Oran est le théâtre d’une bataille cinématographique féroce entre une production algérienne et une production française. En effet, la compétition documentaire abritera deux productions sur le thème du film «La bataille d’Alger» réalisé par Gillo Pentecorvo. L’une est algériene l’autre est française. «La bataille d’Alger, un film dans l’histoire» de Malek Bensmaïl qui est produit par la France et «L’histoire du film la bataille d’Alger» de Salim Aggar, qui est produit par l’Algérie.

L’un est financé par l’INA (Institut français des archives) avec le soutien de plusieurs télévisions étrangères: Canal +, télévision suisse, télévision canadienne et la chaîne El Jazeera. Et l’autre est financé uniquement par la télévision algérienne (eptv).

L’un traite des dessous politiques et historiques du film «La bataille d’Alger» et l’autre traite du tournage du film exclusivement sur le plan cinématographique, en donnant notamment la parole à plusieurs comédiens et figurants qui ont travaillé dans le film.

Plus de 50 ans après la sortie du film «La bataille d’Alger» dans les salles en juin 1966, le réalisateur Salim Aggar a retrouvé au bout d’une recherche qui a duré plus d’une année et demie, les comédiens, figurants et techniciens qui ont travaillé sur le film réalisé par Gillo Pentecorvo et produit par Yacef Saâdi.

Dans ce documentaire, truffé d’anecdotes et d’histoires sur le tournage du film, le réalisateur algérien a retrouvé la comédienne qui a joué le rôle de Hassiba Ben Bouali, la jeune comédienne de 17 ans qui a joué la femme du martyr Bouhamidi mais surtout certains figurants importants du film qui avaient parfois à peine 10 ans à l’époque du tournage et que personne ne reconnaîtra aujourd’hui. Au-delà du volet historique important du film, le documentaire s’est intéressé surtout sur l’aspect social, cinématographique et culturel du film et son impact sur une génération qui venait juste de recouvrir l’indépendance. L’auteur de «L’histoire du film La bataille d’Alger», a misé sur le directeur de production Nouredine Brahimi, qui a suivi le tournage du film de la préparation au festival de Venise.

L’autre documentaire «La bataille d’Alger, un film dans l’histoire» de Malek Bensmaïl a inséré une trentaine d’interviews sans utiliser une seule image du film de Pentecorvo, et s’est perdu dans un doc plus long que le film et qui passe des coulisses du tournage vers l’impact du film sur certaines organisations de résistance comme les Blacks Panter et le mouvement palestinien Fath. De plus, le réalisateur Malek Bensmaïl a préféré donner la parole à des analystes anti-Palestiniens et contre-révolutionnaires comme Elie Tenenbaum, un expert anti-bataille d’Alger qui avait rédigé une thèse sur l’influence française sur la doctrine et les pratiques américaines de guerre irrégulière, de 1945 à nos jours, ou encore John Nagl lieutenant-colonel de l’armée américaine expert en contre-insurrection.

Le réalisateur algérien installé en France, Bensmaïl a notamment voulu offrir la vision française du film de Yacef Saâdi allant même jusqu’à diffuser les messages des partisans de l’Algérie française qui s’opposaient à la projection du film de Gillo Pentecorvo en France. En revanche, le réalisateur algérien Salim Aggar a choisi de donner une vision algérienne, plus nationaliste en insérant une dizaine d’interviews, exclusivement algériens avec quelques images du film et qui seront d’un apport important dans la trame de l’histoire surtout pour la qualité artistique du doc. Le film nous plonge avec émotion dans le coeur de l’action avec les comédiens de l’époque. Il s’ouvre et se ferme avec un message pour l’avenir du producteur du film Yacef Saâdi. Mais les coulisses du tournage sont soigneusement racontées par Nouredine Brahimi, le directeur de production du film à l’époque.

Une nouvelle bataille d’Alger s’est installée à Oran entre une production française et une production algérienne. Les deux docs sont en compétition pour le Prix du meilleur documentaire au Festival du film arabe d’Oran.