«Des décisions seront prises à même de consacrer aux moudjahidate un nombre acceptable de sièges au sein des structures de notre organisation». C’est ce qu’a déclaré, hier, Saïd Abadou, secrétaire général des moudjahidine en marge de la reprise des travaux du 11e congrès de l’Organisation nationale des moudjahidine, tenu au palais des Nations. La représentativité de la femme au sein de l’ONM sera diverse.
“L’attribution aux mou-djahidate de sièges au sein de l’Organisation se fera à partir des kasmas jusqu’au secrétariat national», a indiqué M. Abadou. Par cette décision, l’ONM répond favorablement aux doléances des moudjahidate qui ont revendiqué, haut et fort, une représentation féminine massive. A propos de la loi criminalisant le colonialisme français, notre interlocuteur attend «de voir le prochain parlement accorder un grand intérêt à ce projet de loi et même l’adopter».
Plus explicite, M. Abadou affirme que les futurs députés «seront d’autant plus élus dans le cadre de la transparence et la régularité». Se voulant plus précis, il dira que cette loi «ne constitue pas une atteinte à l’Etat français mais une réaction à la loi glorifiant le colonialisme français, adoptée par le Parlement français en 2005.» Aussi, soutient M. Abadou, «ce qui est en train de se tramer dans les laboratoires français va dans le sens d’une fuite en avant de la France qui ne veut toujours pas assumer ses responsabilités historiques vis-à-vis des crimes commis contre le peuple algérien». Enchaînant, le SG de l’ONM rappelle à Nicolas Sarkozy, auteur de graves déclarations mettant sur un pied d’égalité le bourreau et la victime, que «l’Algérie n’a fait que combattre le colonialisme». D’autre part, M. Abadou a indiqué que le congrès «accorde un grand intérêt à l’écriture de l’histoire de la guerre de libération nationale et du mouvement national» à travers les témoignages des moudjahidine, et à la réécriture des livres scolaires d’histoire. En guise d’arguments, il affirme que cet intérêt croissant «nous pousse à allouer un budget spécial aux instituts algériens d’histoire afin de les encourager à effectuer davantage de recherches sur l’histoire de l’Algérie». Dans ce contexte, il relève la détermination des moudjahidine à témoigner pour aider les spécialistes de l’Histoire d’Algérie. Cependant, le SG de l’ONM affirme s’opposer à l’écriture «individuelle» des biographies. «La Révo- lution est collective par définition, elle n’a jamais été individuelle», clame-t-il. Preuve en est, «malgré la mort de ses artisans, la Révolution a poursuivi son chemin. Elle n’était pas l’œuvre d’une personne.» Et de rebondir sur la question des «faux moudjahidine». «Je défie quiconque qui en détient les preuves». En réponse à une question sur «les responsables binationaux», M. Abadou a exprimé son refus catégorique de l’idée qu’ «un responsable algérien puisse avoir une double nationalité». Intervenant à tour de rôle, les moudjahidine et moudjahidate ont souligné «l’importance de l’écriture de l’histoire de la guerre de libération et du mouvement national au profit des générations montantes». A l’unisson, ils préconisent d’«accorder un intérêt particulier à la famille révolutionnaire à travers une relecture objective commune des faits devant permettre de dégager une meilleure vision pour l’avenir».
Rappelant que cinq commissions de politique générale, de loi organique, de culture, histoire et communication, des affaires socio-économiques et celle portant statut des moudjahidine ont été installées hier. Dans deux semaines, le conseil national élira le secrétariat national dont le nombre des membres sera revu à la hausse.
Fouad IRNATENE
“Aucun harki n’a été exécuté au lendemain de l’indépendance”
Aucun des harkis n’a été exécuté au lendemain de l’indépendance, a assuré hier à Alger le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), M. Saïd Abadou. « Les prétentions des autorités françaises selon lesquelles il y aurait eu en Algérie l’exécution de harkis au lendemain de l’indépendance n’ont aucun fondement », a déclaré M. Abadou à la presse en marge des travaux du 11e congrès de l’ONM. M. Abadou a ajouté que c’était plutôt la France qui s’était donnée à cette pratique à travers « l’exécution de tous les français qui avaient collaboré avec l’Allemagne nazie » durant la deuxième guerre mondiale (1939-1945). Le secrétaire général de l’ONM s’est également exprimé sur les responsables français qui avaient soutenu que, durant la période de colonisation française en Algérie, il y avait eu de « la violence de part et d’autre ». « Un esprit sain ne peut pas mettre sur le même pied d’égalité celui qui défend sa terre, sa dignité et sa valeur et celui qui était venu de loin à des fins de colonisation, de massacre des populations et de la spoliation des richesses du pays », a-t-il soutenu. Par ailleurs, M. Abadou a refusé de dire s’il serait ou non candidat à sa propre succession à la tête de l’ONM pour un nouveau mandat de cinq ans, mais il a tenu à signaler que son état de santé se « détériorait » et l’exercice de la responsabilité était devenu « difficile » et les difficultés quotidiennes de la « famille révolutionnaire » allaient en grossissant. Sur le plan organique, M. Abadou a indiqué que le conseil national de l’ONM serait élargi à de nouveaux sièges, dont le nombre serait déterminé par le congrès, du fait de « la hausse » du nombre d’adhérents estimés, selon lui, à plus de 130.000 moudjahid. Ce chiffre ne représente pas le nombre total des moudjahidine encore en vie sur tout le territoire national parce qu’ »il y a des moudjahidine qui ne sont pas adhérents à l’ONM », a-t-il précisé. S’agissant des élections législatives du 10 mai prochain, M. Abadou a appelé les Algériens à une « participation massive » au vote pour la « réussite » de ce scrutin, assurant que l’ONM prône la « neutralité » à l’égard de ces élections, ne privilégiant aucun parti politique en compétition ni aucune liste de candidatures. Toutefois, il a fait part de son « refus » de voir sur les listes de candidatures des personnes ne remplissant pas les conditions requises d’intégrité et de probité, invitant les gens « instruits » à se porter candidats aux législatives pour pouvoir, une fois élus, légiférer dans tous les domaines d’activité.