118 députés dénoncent Saadani s’en remettent à Bouteflika, Le FLN sombre dans la crise

118 députés dénoncent Saadani s’en remettent à Bouteflika, Le FLN sombre dans la crise

Le siège du vieux parti

L’annulation de la 2e session de 2014 du CC et le report unilatéral du congrès risquent de coûter cher à Saâdani.

Le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, est de plus en plus contesté au sein du parti. Ses jours sont réellement comptés à la tête du vieux parti. Après le mouvement de redressement, le groupe de Belayat, les membres du comité central, ce sont les députés qui montent au créneau. Dans un communiqué rendu public hier, 118 députés ont demandé au président d’honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, d’intervenir pour mettre fin aux «dérives» et aux «atteintes» aux textes du parti commises par la direction nationale.

«Après une longue réflexion et une large concertation sur la situation qui règne au sein du parti, divisé, déchiré et complètement disloqué et en application de l’article 33 des statuts du parti et en notre qualité de militants élus par le peuple, nous sommes tenus de défendre le parti et nous dresser contre les dérapages de la direction actuelle qui enfreint toutes les règles de gestion et transgresse les statuts et le règlement intérieur», soulignent les rédacteurs du communiqué. Ces derniers sortent ainsi de leur position de spectateurs pour dénoncer les pratiques et surtout la gestion unilatérale des affaires du parti par Amar Saâdani.

Les 118 députés, dont le nombre est contesté par la direction nationale, reprochent au secrétaire général la déstructuration des instances locales (création de nouvelles mouhafadhas jugées illégales), l’atteinte aux assemblées élues dont l’APN et la confiscation de la volonté des militants. Ces députés dénoncent également «l’opacité dans laquelle se prépare le Xe congrès et les pratiques autoritaires, hasardeuses et les décisions irréfléchies que prend la direction nationale en totale contradiction avec les principes de la démocratie et aux traditions du parti». Pour eux, ces pratiques hypothèquent l’avenir du parti et du pays. Ils disent ne pas accepter les «décisions individuelles» prises par M.Saâdani dont la légitimité est également contestée.

Ces députés appellent aussi les membres du comité central à se mobiliser pour sauver le parti.

Avec la sortie de ces parlementaires, le règne de Saâdani est plus que jamais menacé. Sa réaction virulente suite à la réapparition de son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem, prouve qu’il est dans une position peu confortable.

Cela même si la direction nationale ne s’inquiète pas trop des répliques qui secouent le parti. Joint hier au téléphone, Saïd Bouhedja, chargé de communication, a minimisé la portée de la sortie des députés.

D’abord, il conteste le nombre de 118 ensuite, il explique que les parlementaires n’ont pas l’attribution de contester la gestion du parti. «Ces députés ont le droit de s’adresser au président du parti en tant que militants mais ce n’est pas de leurs attributions d’intervenir dans la gestion du parti ni le contester», a-t-il souligné, précisant que «seul le comité central, l’instance souveraine entre deux congrès, a ce droit».

M.Bouhedja souligne que l’essentiel pour la direction nationale est que les députés et les membres du comité central peuvent participer à la préparation du prochain congrès. Notre interlocuteur n’ignore pas que la revendication des contestataires de tenir la deuxième session du comité central censée être organisée le mois de décembre 2014 est rejetée. Amar Saâdani n’a pas jugé utile de la convoquer. Mieux, il a décidé du report de la date du congrès sans consulter aucune instance du parti. Pourtant, les textes du parti sont clairs en la matière.

L’article 32 des statuts édicte que «le congrès se réunit chaque cinq ans en session ordinaire. Il peut se réunir en session extraordinaire sur convocation du président du parti ou sur demande de deux tiers des membres du comité central». L’article 37 stipule que le CC se réunit en session ordinaire deux fois par an. Ce qui n’était pas le cas en 2014. La seule réunion très houleuse s’est déroulée le 24 juin. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, aucun article n’évoque la possibilité de report du congrès, ni la situation du parti et de ses instances si le congrès n’est pas convoqué dans les délais.

M.Saâdani qui a reporté le congrès jusqu’après la révision de la Constitution a finalement annoncé le début de la préparation du rendez-vous à partir de la semaine prochaine.