Depuis quelques jours, le sucre est en train de prendre de l’altitude. A 110 dinars le kilogramme, beaucoup plus dans certains petits commerces, le produit risque de battre des records.
Dans une épicerie d’Es Sénia connue par les ménagères pour pratiquer des prix très modérés, le sucre produit en Algérie est cédé à 100 dinars ce qui a fait dire à une dame: «si les prix continuent à grimper, prendre un café ou un thé deviendra un luxe». Les cafetiers en ont profité pour augmenter les prix des consommations.
Quelques boutiques plus loin, le même produit -dans le même emballage- vaut 5 dinars de plus. Au niveau du marché de la même localité, certains commerçants le proposent à 110 Da. Cette ascension des prix du sucre a des conséquences d’ailleurs sur les prix des gâteaux, pâtisseries et sur les consommations dans les cafés.
Un consommateur a été surpris de payer 30 dinars son petit noir habituel. Interrogé, le cafetier expliquera la hausse subite par le prix du sucre. Dans beaucoup d’établissements, d’ailleurs, le traditionnel sucrier a disparu pour laisser place au sachet ou au berlingot distribué chichement par les serveurs. Brahim, employé dans une épicerie qui pratique des prix imbattables expliquera que sa marge bénéficiaire est très faible.
«Le prix de gros est de 95 Da et nous jouons sur la quantité pour garder notre clientèle», dira-t-il. Mustapha, un ancien directeur d’école à la retraite, qui s’est tourné vers le commerce, nous avouera qu’il a des difficultés à satisfaire sa clientèle de quartier. «A 110 Da, les ménagères tiquent, et je le comprends très bien».
Il y a quelques mois, les prix du sucre avaient connu une forte hausse, atteignant et dépassant légèrement la barre symbolique des 100 Da le kilogramme, avant de retomber sous la barre des 80 Da. Un industriel avait expliqué que la production locale couvre largement les besoins nationaux et qu’un surplus est même dégagé pour l‘exportation. Le constat est aujourd’hui effarant.
Le fait est que les prix des matières premières alimentaires ont fortement progressé, cette semaine, à la faveur d’un accès de faiblesse du dollar et d’un regain d’inquiétudes sur les récoltes, le sucre grimpant même à son niveauy record depuis huit mois.
Dopés par des inquiétudes sur l’offre, les prix du sucre ont accentué leur progression. A Londres, la tonne de sucre blanc a atteint jeudi 711,70 livres (1154 dollars environ), soit son plus haut niveau depuis fin février et à New York, la livre (0,453 kg) valait 28,36 cents), son niveau le plus fort depuis huit mois.
La fédération brésilienne de la canne à sucre (Unica) a estimé cette semaine que la production de canne dans la région Centre-sud durant la deuxième quinzaine de septembre avait été entravée par de forte pluies, ce qu est de nature à soutenir les cours alors que le Brésil est le premier producteur et exportateur de sucre au monde.
Miloud Horr