10e session du conseil d’association Algérie-Europe: L’Accord d’association: un marché de dupes?

10e session du conseil d’association Algérie-Europe: L’Accord d’association: un marché de dupes?

Ratifié en 2002, l’Accord d’association n’a, en fait, servi que de «caution» européenne pour la fréquentabilité du pays.

L’Algérie et l’Union européenne ont accompli hier un nouveau pas dans un partenariat qui date de 17 ans déjà. Fait de hauts et de bas, plus de bas que de hauts, vu de ce côté-ci de la Méditerranée, l’Accord d’association Algérie-UE n’a pas permis à l’économie nationale de trouver sa voie, ni dans la diversification ni dans la débureaucratisation et encore moins dans l’assainissement du commerce extérieur. Engagée dans une «folle» aventure de démantèlement des tarifs douaniers, fort d’une promesse européenne d’investissements directs dans le pays, l’Algérie s’est retrouvée, une dizaine d’années plus tard, dans le piège d’un système économique totalement tourné vers l’import, une croissance exclusivement tirée par les investissements publics et un tissu industriel obsolète entièrement dépendant de l’importation d’intrants pour vivre.

En un mot comme en mille, si l’Accord d’association avec l’UE n’avait pas été signé, on en serait au même point. Aucune valeur ajoutée quantifiable n’a été enregistrée par les opérateurs économiques nationaux, comme par les différents gouvernements, bernés par des promesses de mise à niveau des entreprises, des fameux projets Meda 1, 2 et 3 ou encore d’autres études «pointues» sur divers domaines qui dorment dans les tiroirs des ministères.

Ratifiés en 2002, au moment où l’Algérie était en besoin de visibilité à l’international, au sortir des années du terrorisme, l’Accord d’association n’a, en fait, servi que de «caution» européenne pour la fréquentabilité du pays. Les pays de l’UE se sont ensuite bien rattrapés en s’imposant comme les principaux fournisseurs, profitant, dans la foulée, de l’embellie des prix du pétrole. Ils ont accentué la dépendance de l’Algérie à cette ressource énergétique et construit autour de son économie un mur «de protection», rendant toute tentative d’émancipation objectivement impossible. Il faut dire que sur la quinzaine d’années, les IDE européens étaient chétifs, en comparaison avec les largesses qui faisaient le bonheur de pays voisins.

Cette situation a duré, il faut dire assez longtemps, jusqu’au jour où l’Algérie s’est rendu compte que le démantèlement tarifaire était un appel d’air pour l’importation de produits européens et un véritable frein à l’investissement attendu. Suspendue quelque temps, histoire de renégocier les Accords, ce démantèlement reprendra certainement, puisque l’Union européenne ne veut pas discuter du fond.

Mais cela n’empêche pas les deux parties de poursuivre les discussions et la 10e session du Conseil d’association Algérie-UE reflète une volonté de trouver un terrain d’entente. Les deux délégations ont «bien travaillé», hier, à Bruxelles, si l’on tient compte du document final qui évoque un soutien de l’UE pour la modernisation des finances publiques, financé à hauteur de 10 millions d’euros et un autre du même montant, orienté vers les énergies renouvelables. Il va sans dire que ces deux programmes ressemblent aux autres déjà mis en oeuvre sans résultats probants. Sinon, l’on n’a pas sérieusement parlé d’investissements européens en Algérie, ce qui revient à dire que la question n’est toujours pas prioritaire pour l’UE.

S’il est vrai que l’acte d’investir revient aux opérateurs économiques, il n’en demeure pas moins que la caution du premier ensemble économique de la planète peut constituer un levier important. Or, dans les propos de Mogherini, l’on n’a pas véritablement senti cela comme une priorité.

Il reste que quoi qu’en pensent les politiques de l’UE, la balle est véritablement dans le camp algérien. Les quelques investissements de champions européens confortent l’idée selon laquelle, il est possible à l’Algérie d’attirer des fonds et du savoir-faire, il reste que l’essentiel pour finir par convaincre une dame comme Mogherini réside dans la place et le poids du plus grand territoire d’Afrique, de l’Etat le plus stable et du rôle prépondérant qu’il joue dans la région du Maghreb et du Sahel. Les questions politiques ont fait l’objet de discussions entre Ramtane Lamamra et Federica Mogherini.

L’UE accorde, affirme la diplomate européenne, une importance capitale à la stabilité de l’Afrique du Nord, sa profondeur sécuritaire. La question de l’intégration maghrébine qui a été abordée par les deux responsables, suppose l’incontournable question du Sahara occidental. Sur la question, les organes judiciaires et législatifs de l’UE ont tranché sur l’irrégularité des transactions commerciales entre le Maroc et l’UE, de toute production en terre sahraouie. Le Conseil de l’Europe pratique la politique de l’autruche sur le sujet. Lamamra l’a certainement dit à Mogherini, même si cela n’apparaît pas dans le document final.