Le 10e Festival national de la musique andalouse Sanâa s’est ouvert jeudi soir à Alger avec trois prestations animées par l’association « Les Beaux-Arts d’Alger », Manal Gherbi et Fayçal Benkrizi, devant un public nombreux.
Accueilli à l’Auditorium du Palais de la culture Moufdi-Zakaria, le festival a d’abord programmé pour sa soirée inaugurale, l’association, « Les Beaux-Arts d’Alger » (lauréate de la 9e édition), représentée par 21 instrumentistes dont neuf musiciennes, sous la direction d’El-Hadi Boukoura.
L’association algéroise a choisi de présenter « Noubet H’çin », déclinée en six mouvements, conduits par les voix étoffées de Yasmine Safsaf, Noura Damache, Nassima Haffaf, Houssam Zitouni et Omar Boudelal.
Les solistes ont notamment entonné les pièces, « Ya mouqabil kif el âamel »(m’seddar), « Ma saba âakli » (b’taïhi), « Darabatni bi khindjari moqlateyha »(derdj), « Zada el hobbo wajdi »(n’çraf), « Aqbalet dawlatou errida » et « Had el gharam elladi katamtou » (kh’lass).
Yasmine Sefsaf à l’oud, soliste non-voyante, dotée d’une voix suave à la tessiture large, a réussi sa prestation, conciliant entre son amour de la musique andalouse et son statut de diplômée de hautes études en littérature.
Très applaudie par le public, Manal Gherbi, est ensuite intervenue pour interpréter avec une voix cristalline, « Noubet Dil », dans ses déclinaisons rythmiques et mélodiques, enchaînant entre autres pièces, « Kad kountou khater », « Bi ayyi sabab nahdjar », « Lakitouha fi tawafi tesâa », « Amchi ya rassoul » et « Atani zamani ».
Au tour de Fayçal Benkrizi de rejoindre la scène et clore la soirée avec un retour à « Noubet H’çin », rendue en sept mouvements dans un autre répertoire, avec une voix singulière au timbre velouté qui a dessiné les traits d’une prestation apaisante hautement appréciée par l’assistance.
L’artiste, qui compte à son actif trois albums, a notamment rendu les pièces, « Kom nadir el mad’habiya » (inqilab), « Wa khabbaratni el homiya » (istikhbar), « Ya âachiqin baâd el habib »(b’taïhi), « Min nadmihi el mordjane » et « Ya loun el âassal » (n’çraf), et de finir son tour de chant avec « Charibna wa taba chorbona » et « Wi âachiya »(kh’lass).
Manal Gherbi et Fayçal Benkrizi ont été accompagnés par un orchestre de douze musiciens, dont la brillante Saliha Ould Moussa à l’oud, dirigé par Mansour Brahimi qui est intervenu auparavant en solo, étalant à la mandoline, une suite en mode « Sika », lors d’un court entracte, à l’issue de la prestation de l’association des Beaux-Arts d’Alger.
Le public, appréciant la richesse musicale de l’Ecole Sanâa d’Alger -une des trois composantes du patrimoine andalou qui renferme également le Gharnati de Tlemcen et le Malouf de Constantine- a savouré tous les moments de la soirée dans la délectation.
Premier des quatre maîtres de la musique andalouse que le festival a prévu d’honorer, Mohamed Benteffahi (1870-1944), dont le parcours a été évoqué en début de soirée, à travers la projection d’un documentaire d’une dizaine de minutes, écrit et réalisé par le musicien-chercheur, président du Conseil national des Arts et des Lettres (Cnal), Abdelkader Bendamache.
Lors de ce festival, empreint d’une organisation pointue, marquée par une scénographie à l’éclairage sobre et au décor qui a restitué les atmosphères traditionnelles des « qaâdet andalouses », le déroulé des textes des pièces entonnées a été projeté sur un écran au fond de la scène, permettant au public une meilleure appréciation des poésies.
Auparavant, la commissaire du festival, Karima Bouchtout, mettant l’accent sur la nécessité de veiller à la « préservation et la transmission » du patrimoine andalou, a souligné l’importance d’entretenir « un travail de mémoire », à l’égard des maîtres qui ont nourri durant leurs brillantes carrières, l’élan de cette musique savante à travers les siècles.
Valorisant les dix années d’existence du festival, la commissaire a invité le chef de Cabinet du ministère de la Culture, Ali Redjal à prononcer officiellement, au nom du ministre de la Culture, l’ouverture du 10e Festival national de la musique andalouse Sanaa.
Prévu jusqu’au 6 mai, le 10e Festival national de la musique andalouse Sanâa accueille six associations d’Alger, Bejaïa, Mostaganem, Borj Bou Arreridj et Boufarik, avec, en marge des prestations, d’autres hommages à l’endroit des maîtres, Farid Oujdi, Mustapha Bahar et Mustapha Benguergoura et une conférence sur le système modal de la musique Sanâa.