Emmanuel Macron et Angela Merkel ont dévoilé hier une plaque pour commémorer l’armistice de 1918, lors d’une cérémonie hautement symbolique dans la clairière de Rethondes (nord) où fut scellée la fin de la Première Guerre mondiale. C’est la première fois depuis 1945 que le président français et le chef du gouvernement allemand se rencontrent dans ce mémorial, situé dans une clairière de la forêt de Compiègne. L’armistice y fut signé le 11 novembre 1918, dans un wagon restaurant, mettant un terme à un conflit qui fit 18 millions de morts. Dans la matinée, le président français a accueilli Donald Trump.
Visiblement soucieux de désamorcer la polémique, les deux hommes ont insisté sur leurs liens étroits: «Nous sommes devenus très bons amis au fil des ans», a assuré M.Trump. Mais son visage était fermé et l’atmosphère loin des démonstrations passées de complicité. «Nous devons mieux partager le fardeau au sein de l’Otan», a lancé M. Macron dès les début de l’entretien à l’Elysée, une musique douce aux oreilles du locataire de la Maison-Blanche qui ne cesse de réclamer une hausse des dépenses militaires des pays européens jugeant la situation actuelle injuste pour le contribuable américain. Depuis Lodz en Pologne, le président du Conseil européen Donald Tusk a soutenu exactement le contraire, reprochant à M. Trump d’être contre «une Europe unie et forte». Vendredi soir, Donald Trump avait opté pour un ton nettement moins consensuel.
«Le président Macron vient de suggérer que l’Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie», avait-il écrit au moment même où Air Force One atterrissait près de Paris. «Très insultant mais peut-être que l’Europe devrait d’abord payer sa part à l’Otan que les Etats-Unis subventionnent largement!», avait-il ajouté. Hier matin, l’Elysée a assuré que l’armée européenne prônée par le président français en début de semaine ne visait en aucun cas les Etats-Unis, évoquant une «confusion» dans l’interprétation de ses propos. Plus largement, cette saillie illustre les désaccords politiques profonds qui opposent les deux hommes, sur l’environnement, le nucléaire iranien, les relations commerciales, et d’une manière générale, sur la gouvernance des affaires du monde, pour laquelle M. Macron défend le multilatéralisme, honni par M.Trump.Macron et Merkel ont donné le ton à cette première journée de célébration du centenaire de l’armistice mettant fin à la Première guerre mondiale. Ils ont déposé une gerbe et dévoilé une nouvelle plaque au pied du monument la Dalle sacrée », au milieu de la clairière, sur laquelle on peut lire Ici le 11 novembre 1918 succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir »». La nouvelle inscription est beaucoup moins martiale, et réaffirme «la valeur de la réconciliation franco-allemande au service de l’Europe et de la paix».
Dans la soirée, les 61 dirigeants et plusieurs autres dignitaires conviés à cette célébration se retrouveront au Musée d’Orsay à Paris, pour une visite de l’exposition consacrée à Picasso et un dîner protocolaire sur place, avant la grande cérémonie d’aujourd’hui sous l’Arc de Triomphe, point d’orgue des commémorations.