1000 passages cloutés pour trois millions de piétons, Quelle parade pour éviter les 2000 DA d’amende ?

1000 passages cloutés pour trois millions de piétons, Quelle parade pour éviter les 2000 DA d’amende ?

A Alger, il y a près de 1000 passages cloutés pour une capitale qui abrite, selon le dernier bilan fait par l’ONS, plus de trois millions d’habitants. Face à ces données, le gouvernement algérien a pris la décision, dans le cadre de la nouvelle loi du code de la route, d’augmenter sévèrement l’amende contre les piétons en infraction, passant ainsi de 200 à 2 000 DA aujourd’hui, soit une hausse de 1000%.

Certes, le but est noble, à savoir encourager les piétons à ne plus commettre d’infractions pour protéger leur vie avant tout et celle d’autres.

Mais, le problème est tellement sérieux et compliqué à la fois qu’il est préférable, aujourd’hui, pour que les initiateurs de cette nouvelle loi corrigent, ne serait-ce que le montant de cette nouvelle amende, afin d’éviter des répercussions qui seront sans aucun doute un véritable casse-tête pour les policiers et les gendarmes et même pour les citoyens.

Si on fait un petit calcul mathématique, voire une sorte de moyenne, Alger compte donc mille passages cloutés pour trois millions d’habitants.

Cela dit, chaque passage clouté est emprunté par trois mille piétons par jour. Face à ce nombre hallucinant des marcheurs à chaque passage clouté, beaucoup n’hésitent pas une seconde à traverser ce passage, bien que le feu soit au rouge, afin d’éviter d’attendre ou encore tenter d’esquiver la foule en face.

L’affluence est énorme et la pression est aussi terrible sur ces lieux de passage. En plus de cela, les Algérois sont devenus trop nerveux en circulant en ville, notamment, la grande foule des artères de la capitale.

Devant ces conditions tout à fait normales pour une grande ville comme Alger, les piétons risquent fort de commettre une infraction en ne se conformant pas au nouveau code, et surtout payer les 2 000 DA.

Alors, comment peut-on ignorer tout cela et promulguer une nouvelle loi qui, apparemment, a été faite sans aucune étude solide, voire sans tenir compte des spécificités de la société algérienne. D’autre part, le Journal officiel dans son ordonnance 09-03 du 22 juillet 2009 avait prévu plus de sécurité routière une fois le nouveau code de la route entré en application. L’objectif était de baisser le nombre de décès sur les routes.

Toutefois, l’amende est trop chère pour un simple citoyen qui touche un salaire de 12 000 DA/mois. Si vraiment cette nouvelle loi est applicable à la lettre, personne n’a les moyens de régler cette somme. En plus de cela, les causes qui sont derrières les accidents de la route sont généralement le fait des automobilistes et non des piétons.

Les statistiques prouvent cette réalité, avec plus de 70% des fautes causées par des conducteurs en excès de vitesse ; là on peut juger avec réalisme que les piétons ne sont en aucun cas responsables de ces accidents. Il faut rappeler que cette loi existe depuis des années ; le citoyen en infraction par rapport au feu piétons devait payer la somme de 200 DA à l’époque.

Rarement sont ceux qui sont interpellés par les policiers mobilisés sur le terrain pour payer cette somme en cas de dépassement. Il était quasi impossible pour la police d’appliquer cette loi, car avec la cherté et autres peines de la vie, les choses n’ont pas permis de faire respecter cette loi.

Aujourd’hui, avec la cadence terrible des accidents de la route, les pouvoirs publics ont pris la décision de durcir les lois en augmentant les amendes et en recourant aux retraits de permis et à la mise à la fourrière des véhicules.

Toujours est-il, l’application de cette récente loi du code de la route est la bienvenue surtout qu’elle concerne les chauffeurs poids lourds et conducteurs de bus de passagers, mais encore une fois, augmenter l’amende contre les piétons en infraction est une décision à revoir, car avec 2 000 DA par violation, cela est trop sévère.

Le simple citoyen qui fait face à beaucoup de problèmes quotidiennement, notamment avec la montée spectaculaire des prix des produits de première nécessité, puis la cherté des appartements à louer, est la cible d’une autre charge plus astreignante encore.

Sofiane Abi