La Chaîne 3 de la Radio nationale consacre depuis 00h ce matin une émission non stop entièrement faite par les femmes et pour les femmes.
L’émission, qui durera 24 heures, est animée par le personnel féminin de la Chaîne 3, oust !les hommes et place à une prise de pouvoir symbolique.
Qui de la direction ou des femmes ont décidé de faire ce coup d’Etat médiatique ? Jointe hier par téléphone madame Bahidja, sous-directrice de la programmation à la Chaîne 3 répond «puisque je suis une femme et en même temps membre de la direction de la radio, ce sont les femmes et la direction qui ont décidé ensemble de faire le coup».
«Il n’y a que les femmes assène-t-elle qui peuvent changer l’image qu’on se fait d’elles, nous voulons montrer par cette opération qu’on peut mobiliser et qu’il y a des potentialités féminines». Et d’ajouter «dans son discours l’année passée, le secrétaire général des Nations Unis, Ban Ki-moon a lancé un appel en faveur de la promotion des femmes dans les médias, ça nous a donné à réfléchir».
Les thèmes qui sont abordés dans ce spécial 8 Mars touchent à la société, les jeux, le divertissement et à la politique. Des petites filles, a-t-elle indiqué, seront sollicitées pour donner leur point de vue ainsi que leur analyse sur la situation de la femme, le micro leur sera tendu ajoute-t-elle pour recueillir leurs projections sur l’avenir.
Ce sont les thèmes de société qui se taillent la part du lion (50%). Cela démontre déjà des préoccupations des femmes. C’est que la société pèse encore sur leurs épaules. «Chez nous on doit plutôt plancher sur les violences conjugales, le travail doit cibler les mentalités pour les faire évoluer» soutient Bahidja. «Les appels que nous recevons de la part de nos auditeurs et les reportages que nous faisons se font l’écho de ces pesanteurs sociales» ajoute-t-elle.
Et de déplorer «on dit “aïd al mar‘a”, jamais Journée internationale de la femme, c’est plus proche de la tradition». Le monde artistique la déçoit car, selon elle, les femmes artistes qui y évoluent ne sont pas aussi libres qu’il n’y parait, il va falloir soutient-elle que «nous prenions des bastions».
Si le personnel à l’antenne de cette radio est à 40 % composé de l’élément féminin, notre interlocutrice reconnaît que le degré de féminisation du personnel de la Chaîne 3 est le plus important jamais enregistré au niveau des médias algériens. Elle ne pense pas que cela ait un rapport avec la langue utilisée, en rappelant au passage que la Chaîne 1 qui émet en arabe emploie un personnel féminin presque de même ordre que celui de la Chaîne 3.
Bahidja ne veut pas être alarmiste, elle juge que le mouvement féministe en Algérie a remporté des acquis fabuleux ces dernières années.
Selon elle «on n’a pas de leçon à recevoir des autres nations, comparativement aux pays développés nous sommes mieux lotis qu’eux dans le domaine de l’emploi» et d’ajouter «en Algérie, à travail égal vous avez un salaire égal, ce n’est pas le cas en Europe».
Si Olympe de Gouges a revendiqué, pour les femmes, le droit de monter à la tribune du moment qu’elle a le droit de monter sur l’échafaud, Bahidja revendique pour les femmes algériennes le droit d’aller dans les stades puisqu’elles «sont sorties dans la rue pour fêter la victoire de l’équipe nationale de football. Ce sont là nos futures batailles», a-t-elle affirmé. Larbi Graïne